Un calme précaire règne dans la capitale du M'zab A moins que cela ne soit planifié, il est difficile de trouver une autre explication à l'échec de l'Etat à ramener le calme dans le M'zab. Rien ne va plus dans la vallée du M'zab. De nouveaux affrontements ont éclaté, avant-hier jeudi à Ghardaïa, dont la communauté mozabite s'est réveillée sur le drame d'un nouveau meurtre d'un des siens. La nouvelle de la mort d'un jeune de 42 ans, victime de jets de pierre selon des sources locales, a vite fait le tour de la ville, provoquant une colère noire auprès des Mozabites, qui se disent objet d'un plan génocidaire. Selon des sources locales, cette nouvelle a été suivie de scènes d'affrontements violents à Souk Lahteb. Un membre de la Cellule de coordination et de suivi des événements dans cette wilaya, a indiqué que la victime était morte exactement de la même manière que le jeune Palestinien Aouf Yassa, décédé au premier jour de Ramadhan. La situation s'est calmée un peu avant de dégénérer une nouvelle fois durant la soirée de jeudi dernier, après la rupture du jeûne. De violents affrontements ont opposé les jeunes Mozabites, toujours en colère, aux éléments de la Gendarmerie nationale au centre-ville de Ghardaïa. «Les Mozabites sont mécontents après les déclarations du wali lors d'une conférence de presse qui, au lieu d'ouvrir une enquête (sur la mort d'un Mozabite), parle d'un accident de la route», a déclaré Khodir Babaz, membre de la cellule de coordination et de suivi des événements dans cette wilaya, à TSA. Bilan de ces violences: des dizaines de maisons incendiées, le cimetière mozabite de Baba Saâd profané. Une grève générale des commerçants est observée hier. La tournure prise par les événements à Ghardaïa confirment les craintes exprimées, il y a trois jours, par la société civile des Mozabites dans une lettre au peuple d'Algérie intitulée «Peuple algérien: où va le M'zab?». «Depuis novembre 2013 à ce jour, le M'zab a vécu et vit dans l'horreur et la terreur, le sang et la mort, la désolation et la furie meurtrière», déplorent les signataires de la lettre, évoquant un «terrorisme communautaire». Ils ont fait remarquer que la violence à leur égard s'est intensifiée depuis le début du mois de Ramadhan. Des organisations de la société civile ont envoyé une autre lettre au chef de l'Etat, «sur la situation sécuritaire qui se dégrade de manière alarmante dans la wilaya de Ghardaïa et particulièrement dans les communes de Ghardaïa, Bounoura, Berriane et Guerrara». Ils demandent d'honorer la promesse des autorité de rétablir la paix dans la vallée désormais meurtrie. Paradoxalement, à la veille de la reprise des affrontements, soit mercredi 9 juillet, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz, rassurait que le gouvernement a mis en place un plan «bien ficelé» portant sur des mesures sécuritaires et autres dispositions pour Ghradaïa. «Le gouvernement a mis en place un plan judicieusement ficelé visant la restauration de la sécurité et de l'ordre public dans cette wilaya», a-t-il assuré en margé d'une séance plénière à l'APN. Mais 24h plus tard, il s'est avéré que les déclarations du ministre ne sont que du vent. L'Etat, qui a jusque-là multiplié les échecs dans sa mission, doit intervenir et faire preuve de beaucoup d'imagination pour éviter la catastrophe à cette minorité connue pour ses traditions et sa solidarité légendaire qui ont traversé les siècles. La question devient même persistante: comment l'Etat algérien, avec la force dont il se targue, n'arrive pas à protéger la minorité mozabite contre les violences qu'elle subit depuis plusieurs mois? A moins que cela ne soit planifié, il est difficile de trouver une autre explication à ce qui se passe dans le M'zab. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, peut témoigner que lors de sa visite à Ghardaïa, le 9 avril 2014, dans le cadre de la campagne électorale, il n'a vu de violence que chez les Chaâmba qui ont même tenté d'empêcher son meeting. Chez les Mozabites, convaincus que s'il y a lieu de choisir, «la sagesse populaire nous indique de choisir la misère et non la fitna», M.Sellal a été accueilli avec l'hospitalité connue de cette communauté bérbère.