Dans un entretien à bâtons rompus, Mustapha se livre à cœur ouvert et sans détour sur ce qu'il a retenu du passage de Vahid, de la prestation de l'équipe nationale au Brésil, de l'avenir des Verts et du championnat national. «Le bosniaque, dira-t-il, n'a jamais été transparent avec nous, et lorsque je dis avec nous, il faut comprendre par là avec l'Algérie. Je retiens de ses déclarations quelque chose qui n'est pas du tout facile à effacer. Souvenez-vous, lorsqu'il semait un peu partout cette graine pour faire croire que l'Algérie n'a jamais eu d'équipe nationale de qualité, et qu'il s'est même permis de se positionner comme le sauveur de ce sport. J'ai eu l'occasion de le dire et de dénoncer ce genre de comportements parce qu'ils portent atteinte à notre professionnalisme, à nos compétences et à notre image. Notre équipe nationale algérienne est une marque à ne pas négliger, elle a fait ses preuves à l'échelle internationale. Il est vrai, nous avons connu des hauts et des bas, ce qui est tout à fait naturel. L'Algérie a une grande histoire footballistique, ses références existent, et ce n'est certainement pas lui qui a sauvé notre football. Tout le monde sait que ce Monsieur s'est baladé comme il le voulait, qu'il regardait de haut les joueurs et dirigeants». Plus loin dans la discussion, Kouici a ajouté sur un ton sec : «Ce sélectionneur a voulu être ce sabot, ce gros sabot venu d'une autre planète pour sauver et nous apprendre à jouer au foot. Notre faiblesse est de l'avoir respecté». Mustapha n'a pas mâché pas ses mots en soutenant : «Oui, il est vrai qu'il a fait un bon travail mais avec le staff et la FAF qui ont tout mis à sa disposition pour que sa mission puisse se dérouler dans les meilleures conditions... C'est vrai que le Brésil fut une référence pour lui, mais il ne faut pas oublier aussi que lors de la dernière CAN, il était nul, pas une seule victoire, et c'était à ce moment-là qu'il aurait fallu le libérer. De mon point de vue, nous dira-t-il, c'est la FAF qui a sauvé notre football, c'est la FAF qui est allée convaincre les jeunes joueurs algériens évoluant dans des clubs étrangers, c'est la FAF qui a relancé cette mécanique qui a failli être écrasée à maintes reprises lors des compétitions internationales. A la lecture de cet entretien, nombreux seront, peut-être, ceux qui ne partageront pas mon avis, mais chacun est libre de livrer son analyse». Marquant un temps d'arrêt, il finira par dire, «l'ex-sélectionneur a évincé des joueurs pour des raisons souvent inexpliquées... Aujourd'hui, il est porté comme un héros ? Oui, il est un héros, mais grâce à l'Algérie, c'est l'Algérie qui a fait de lui, un sélectionneur. Je laisse le temps au temps pour que chacun puisse comprendre qui est Vahid ?» S'agissant de la Coupe du monde, Kouici estime que «notre échec face à la Belgique, a été de sa faute. Il a voulu piéger cette dernière avec une stratégie médiocre... Fort heureusement que nous avons crié et dénoncé ce plan d'attaque mis en place pour dribbler les Belges, c'est grâce aux médias et aux supporters, c'est grâce à ce tapage médiatique qu'il a corrigé sa stratégie, si ce n'était pas nous tous, on aurait été éliminés au second match... Vous savez, lors de ce mondial, nos jeunes fennecs avaient fait une excellente prestation reconnue à juste titre par les grandes équipes européennes et les médias internationaux. Cette qualité vient du fait que les jeunes avaient porté le maillot non pas pour ces fameuses primes mais pour les couleurs algériennes, ils avaient dans le cœur ce pays». Alors Mustapha, le changement est-il justifié ? «Oui, Raouraoua n'est pas naïf et il est loin de l'être. Vahid a voulu se moquer de nous en faisant traîner les choses... Partira, ne partira pas... Il avait ce malin plaisir à nous faire chanter comme des gamins, malheureusement pour lui, il avait en face de lui, un homme très averti en l'occurrence, Raouraoua, en plus tout le monde se rappelle de l'audience accordée par notre président de la République qui lui avait demandé de poursuivre sa mission au sein du groupe. Mais celui-ci n'a manifesté aucun respect à cette sollicitation venant du premier magistrat du pays. Pour moi, devait-il poursuivre, il n'a fait que montrer son vrai visage». Kouici enchaînera avec l'arrivée du technicien français Christian Gourcuff, «vous savez comme dans toutes les équipes du monde, lorsqu'une équipe gagne les sommets, il faut s'attendre à ce qu'elle glisse pour des raisons souvent objectives. Notre équipe nationale est aujourd'hui une équipe qui est dans le collimateur des poursuivants, je dis tout simplement que nous ne devons pas être exigeants. Nous sommes à un mois des premiers débats de la CAN-2015. Je me pose la même question que tout le monde se pose, le technicien français aura-t-il le temps nécessaire pour préparer les Fennecs ? Aura-t-il le temps de mettre en place sa propre stratégie ? Sélectionner les meilleurs, sachez que chaque entraîneur a son plan, sa stratégie qui n'est souvent pas la même que celle de son prédécesseur, il doit prouver qu'il est meilleur. Gourcuff a l'avantage d'avoir un groupe rodé et prêt à affronter les éliminatoires». Après un long silence, il évoquera avec regret, le choix de ces joueurs qui quittent les grandes équipes pour aller se jeter dans les bras des clubs qataris. «Ce n'est pas le meilleur choix, il faut savoir ce que l'on veut, améliorer ses performances ou son compte bancaire ? C'est mauvais pour leur formation. C'est dommage, leur niveau va chuter, même aux Etats-Unis, quand bien même le niveau est certes meilleur, ce n'est pas là qu'il faudrait aller chercher la performance». Mustapha évoque une fois de plus la CAN-2015 : «Pour moi, je reste optimisme. Je suis certain que nous arriverons à l'avant-dernière porte de la finale. Nous avons des jeunes capables de réaliser d'excellents résultats. Je dis qu'il ne faudrait pas trop s'exciter, il faut laisser travailler ce nouveau sectionneur, ne pas le bousculer, il sait ce qu'il doit faire, il tentera de réaliser les meilleurs scores, c'est son premier test. Mais en un si peu de temps, nous devrions comprendre dans le cas où la FAF s'est engagée à mettre à sa disposition les moyens qu'il faut, qu'il fera la différence. En conclusion, Kouici ajoutera : «Nous avons des supporters qui ont une fois de plus séduit au Mondial. C'est mêmes supporters savent déjà que dans cette CAN, les Verts traverseront des zones de turbulences et que ce ne sera pas facile pour eux pour des raisons objectives (fatigue, environnement, changement de stratégie, stress). Je reste optimisme». Nous avons sollicité Kouici pour nous livrer ses impressions concernant le championnat national qui va démarrer prochainement : «Je dirai tout simplement que les performances de l'équipe nationale réalisées à RIO ne signifient pas que notre championnat est fort. Je dirai même que c'est l'arbre qui cache la forêt et tout le monde le sait. Alors, j'espère que l'environnement des clubs sera meilleur, il reste beaucoup à faire pour atteindre le niveau que nous souhaitons afin de concrétiser les espoirs du foot algérien».