La chute d'un hélicoptère de l'ONU, abattu mardi 26 août au Soudan du Sud, affecte les opérations d'aide dans le pays, ravagé depuis la mi-décembre par une guerre civile et où le risque de famine croît, ont prévenu jeudi des responsables humanitaires. «Nous avons cloué au sol tous nos vols vers Bentiu», capitale de l'Etat pétrolier d'Unité (Nord), près de laquelle l'hélicoptère a été abattu, l'une des zones les plus touchées par les combats, a déclaré le responsable des opérations humanitaires de l'Organisation des Nations unies au Soudan du Sud, Toby Lanzer. «Nous espérons les reprendre dès que possible», a-t-il ajouté. Le Conseil de sécurité de l'ONU a révélé mercredi soir que l'hélicoptère, un Mi-8 transportant du fret à destination de Bentiu, avait été abattu, sans préciser qui de l'armée gouvermentale loyale au président Salva Kiir ou des forces rebelles fidèles à son ancien vice-président Riek Machar, était à l'origine des tirs. «Nous sommes en possession de la boîte noire (...) l'enquête a commencé, a poursuivi Toby Lanzer. Dans le cadre de l'enquête, nous traitons cela comme un acte hostile contre les Nations unies.» Il s'est refusé à donner d'autres détails sur l'accident en raison de l'enquête. Armée et rebelles se sont mutuellement accusés d'avoir abattu l'appareil, avant même que les causes de sa chute ne soient connues. Près de 100 000 réfugiés dans les bras de l'ONU Les quelques routes étant rendues impraticables par les pluies saisonnières, les hélicoptères sont indispensables au ravitaillement des bases de l'ONU, dans lesquelles près de cent mille personnes ont trouvé refuge à travers le pays. Bentiu, qui a changé plusieurs fois de mains depuis décembre, a été le théâtre de terribles massacres ethniques et est largement détruite. Plus de quarante-cinq mille personnes fuyant les violences, mais aussi de plus en plus poussées par la faim, s'y entassent dans une base de l'ONU, inondée par les pluies, avec de l'eau au-dessus des genoux. Risque de famine dès la fin de l'année M. Lanzer a par ailleurs averti que la famine pourrait être déclarée au Soudan du Sud à la fin de 2014 ou «plus vraisemblablement» au début de 2015. Selon la définition de l'ONU, la famine est déclarée quand au moins 20% des foyers subissent une pénurie extrême de nourriture, que 30% des gens souffrent de sévère malnutrition et que deux morts pour dix mille habitants sont enregistrés quotidiennement. «La principale cause d'une éventuelle famine est l'échec des dirigeants politiques à résoudre la crise», a souligné M. Lanzer. L'hélicoptère de l'ONU a été abattu moins de vingt-quatre heures après la signature lundi par MM. Kiir et Machar d'un énième engagement à cesser les hostilités, les précédents accords de cessez-le-feu étant tous restés lettre morte. Des milliers, voire des dizaines de milliers de personnes, ont été tuées depuis la mi-décembre dans des combats et des massacres sur des bases ethniques. Plus de 1,8 million de personnes ont été chassées de chez elles depuis le début du conflit actuel. Plus jeune Etat du monde, le Soudan du Sud a proclamé son indépendance en juillet 2011 sur les ruines de décennies de guerre contre Khartoum.