Le deuxième cycle de pourparlers de paix entre les belligérants du conflit au Soudan du Sud a repris, lundi à Addis Abeba, pour tenter de trouver une issue politique à la crise qui secoue ce pays moins de trois ans après son indépendance. Ouverte sous l'égide de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), organisation sous-régionale est-africaine qui assure la médiation, la deuxième phase des pourparlers de paix sud-soudanais, est centrée sur le "dialogue politique pour la réconciliation nationale", selon l'Igad. D'après un porte-parole de l'Igad à Nairobi, Brazille Musumba, la délégation du gouvernement sud-soudanais du président Salva Kiir et celle de la rébellion menée par son ancien vice-président Riek Machar se sont rencontrées lundi dans la capitale éthiopienne, en présence des médiateurs. "Les pourparlers ont repris aujourd'hui entre les deux délégations", a-t-il confirmé. Entamé mi-février, ce second round des discussions avait été suspendu une première fois début mars. Rouvert fin mars, il avait à nouveau été suspendu une dizaine de jours plus tard, en raison de désaccords entre les délégations, sur les modalités des discussions. Indépendant depuis le 9 juillet 2011 seulement, le Soudan du Sud est depuis mi-décembre le théâtre de violents combats entre troupes fidèles au président Kiir et celles loyales à Riek Machar, sur fond de rivalités au sein du pouvoir, s'accompagnent de massacres entre Dinka et Nuer, les deux principales communautés du pays, dont sont issus respectivement les deux hommes. Navi Pillay doit rencontrer Kiir à Juba Au moment où les protagonistes de la crise sud-soudanaise discutaient à Addis Abeba des moyens de mettre un terme au conflit, la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay, chargée d'enquêter sur les "massacres" accompagnant le conflit effectuait un visite à Juba. Mme Pillay, accompagnée d'Adama Dieng, conseiller spécial sur la prévention du génocide auprès du secrétaire général de l'ONU, doit rester deux jours au Soudan du Sud et rencontrer le président Kiir et de hauts responsables gouvernementaux. Un déplacement hors de Juba, sur les sites de récents événements, est également prévu si "les conditions de sécurité le permettent", selon l'ONU. Appels au respect du cessez-le-feu Au cours du premier cycle de discussions à Addis Abeba, les parties en conflit avaient conclu le 23 janvier, un accord de cessez-le-feu qui ne cesse d'être violé, les combats entre l'armée sud-soudanaise et les troupes loyales à Riek Machar se poursuivant à travers tout le jeune pays où ils ont déjà fait plusieurs milliers de morts et chassé près d'un millier de Sud-Soudanais de chez eux, selon des estimations. Préoccupée par l'insécurité qui règne au Soudan du Sud, l'Union africaine (UA) a rappelé récemment l'obligation qui incombe au gouvernement et l'opposition de respecter les ententes signées et d'assurer la sécurité des populations civiles. Elle a, en outre, dénoncé le massacre à la mi-avril de centaines de civils à Bentiu. La semaine dernière, une base de l'ONU abritant des milliers de civils a été attaquée à Bor et plus de 200 civils ont été tués à Bentiu, un massacre attribué par l'ONU aux rebelles sud-soudanais. Cet "acte ignoble" a été suivi par une autre attaque contre des civils, le 17 avril, dans l'Etat de Jonglei, faisant plus de 40 morts et de nombreux blessés, a dénoncé l'organisation panafricaine. Le Coordonnateur humanitaire de l'ONU au Soudan du Sud, Toby Lanzer, a, pour sa part, déclaré jeudi dernier que le cycle dévastateur de violence et de vengeance dans la plus jeune nation du monde "doit prendre fin". Toujours à l'ONU, le Conseil de sécurité avait appelé le président Salva Kiir, et son rival Riek Machar, ainsi que les autres dirigeants politiques du pays ''à faire preuve de leadership'' en mettant fin immédiatement aux violences qui ravagent leur pays. Un appel similaire a été lancé par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, au gouvernement sud-soudanais et aux rebelles. Lors d'un entretien téléphonique avec le président du Soudan du Sud, M. Kerry a exprimé sa "profonde préoccupation" suite à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire au Soudan du Sud, déplorant que les deux camps en conflit "visent les civils", selon un communiqué publié samedi par le Département d'Etat américain. Les événements de Bentiu ont également soulevé l'inquiétude de Médecins sans Frontières (MSF) qui a dénoncé la semaine passée des "actes de violence indicibles" et une "tendance inquiétante à l'escalade de la violence et de la brutalité dans le pays".