Le ministre des Ressources en eau Hocine Necib est depuis ce matin à Annaba dans le cadre d'une visite de travail et d'inspection de son secteur. Cette visite intervient quelques mois après la mise au jour d'un important détournement d'argent commis au niveau de deux caisses implantées dans la commune du chef-lieu de wilaya. Selon les premiers éléments de l'audit lancé par la direction générale qui a déposé plainte après confirmation des faits, le préjudice financier aurait atteint 230 millions de DA. Il s'agit, a-t-on précisé, d'une première estimation sachant que les auditeurs ont épluché la comptabilité de la période 2007 à 2014 sur des encaissements entamés à partir de 1997. Le ministre a également prévu de s'attarder sur la situation des projets de réhabilitation des conduites d'eau potable et du réseau d'assainissement pour lesquels l'Etat a engagé durant les précédentes années, une enveloppe financière de 36 milliards de dinars. Là aussi, il y a beaucoup de choses à dire. Et pour cause les nombreuses et quotidiennes fuites d'eau apparentes dans la majorité des quartiers et cités de la commune chef-lieu, les importantes stagnations d'eau usées et de pluie, le très mauvais entretien des stations de relevage à l'origine des odeurs suspectes de l'eau potable. Cependant, ce sont les risques de contamination de cette même eau par celles générées par l'assainissement qui devraient retenir le plus l'attention du représentant du gouvernement. Il faut en effet savoir qu'une totale anarchie sévit depuis des mois dans la distribution de l'eau. Particulièrement dans la commune d'El-Bouni où la majorité des 160 000 habitants usent et abusent des piquages illicites à l'aide de conduites posées à quelques centimètres de celles des eaux polluées. Si l'on a la certitude que le risque de contamination de l'eau potable est latent et qu'une épidémie de MTH peut se déclarer à tout instant, bon nombre de citoyens se pose des questions sur l'existence de plusieurs dizaines de sociétés privées qui utilisent le procédé du piquage illicite pour alimenter leur industrie ou leur unité de transformation agroalimentaire en eau potable. Cependant, il reste que le plus important point de l'ordre du jour de cette visite réside dans la séance de travail que le ministre est appelé à animer au siège de la wilaya. C'est à ce niveau que doit se jouer l'avenir des quelque 2 500 postes de travail à la Société de l'eau et assainissement Tarf Annaba (Seata). Des sources proches du dossier affirment que le ministre s'est préparé à annoncer la dissolution de cette entreprise avec le retour à l'ancien sigle commercial «Algérienne des eaux». Tout un programme s'il en est qui devrait mettre à plat l'ensemble des problèmes que cette structure décentralisée du ministre des ressources en eau à Annaba a vécus depuis 2011. Il y a eu d'abord l'échec du partenariat avec les Allemands de Gelsenwasser qui a abouti à un contentieux actuellement sous les projecteurs du tribunal commercial international. Il y a eu ensuite un second échec avec la mauvaise gestion dûment constatée de l'ancien DG limogé. Tous ces dossiers sont soumis à une enquête judiciaire. Plus d'une cinquantaine d'anciens cadres et agents ont été convaincus pour être entendus sur diverses anomalies de gestion administrative, commerciale et technique. Il y a également les affaires sociales qui posent problème. Beaucoup de travailleurs ont interpellé le ministre sur les 24 milliards de centimes annuellement prélevés sur la masse salariale. Censés servir à soulager certaines contraintes des salaires ou assurer une aide sociale, ces fonds n'apparaissent sur aucun document y compris celui du comité de participation des travailleurs. A l'exception de l'aide des 10 000 DA que perçoivent chaque année les salariés pour l'acquisition du mouton de l'Aïd, il n'y a rien d'autre. C'est dire que les uns et les autres participants à la réunion d'aujourd'hui sont impatients de savoir ce qu'a bien pu ramener le ministre dans ses bagages pour redresser la barre d'une entreprise Seata à vau-l'eau.