Le secrétaire d'Etat américain John Kerry poursuivait hier en Egypte son marathon diplomatique pour bâtir une coalition internationale contre l'Etat islamique (EI), un groupe extrémiste sunnite contre lequel Washington s'est déclaré «en guerre». Les efforts internationaux visant, selon la terminologie américaine, à «affaiblir» puis à «détruire» l'EI, se sont multipliés cette semaine : le président français François Hollande était en Irak vendredi et John Kerry a enchaîné depuis mercredi des visites à Bagdad, Amman, Jeddah, en Arabie saoudite, et à Ankara, avant d'arriver hier au Caire. Il y a rencontré le président Abdel Fattah Sissi et le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi. Washington voudrait qu'en Egypte «les institutions religieuses se prononcent contre l'EI et en parlent dans leurs sermons du vendredi», dans les mosquées, a expliqué un diplomate américain. Ce responsable du département d'Etat a aussi donné écho aux «inquiétudes (des Egyptiens) face aux jihadistes étrangers» combattant en Syrie en Irak, l'un des dossiers brûlants de l'Assemblée générale des Nations unies dans dix jours. M. Kerry doit en outre parler avec ses hôtes du cessez-le-feu entre Israël et les groupes armés palestiniens de Gaza, obtenu par Le Caire, de la Libye et de l'épineux dossier des droits de l'Homme en Egypte. Sur les droits de l'Homme, «il n'y a pas eu beaucoup de progrès récemment», a critiqué un diplomate américain, réclamant une nouvelle fois la libération de journalistes de la télévision du Qatar Al-Jazeera. Les Etats-Unis ont un dilemme avec l'Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak en 2011, suivie du renversement en 2013 de son successeur islamiste Mohamed Morsi : Washington exprime régulièrement son «effroi» sur le bilan des droits de l'Homme, mais défend aussi son alliance militaire avec cette pièce maîtresse de la diplomatie américaine dans le monde arabe depuis 35 ans.