Au-delà de l'émotion provoquée dans l'opinion publique en France par l'annonce de la décapitation de l'otage français Hervé Gourdel, émotion exprimée notamment dans le deuil de trois jours décrété jeudi par la présidence française, ce sont les mesures de prévention contre les risques terroristes déjà mises en œuvre et qui sont maintenant renforcées dans les lieux publics, et dans les transports dans ce pays, qui retiennent l'attention. On sait que le Parlement français va adopter la loi sur les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme pour faire face en particulier au phénomène nouveau en France des «combattants étrangers», c'est-à-dire les djihadistes qui combattent essentiellement en Syrie au sein des groupes armés. La décapitation du guide de montagne français qui avait été kidnappé en Algérie a produit des effets qui n'étaient pas forcément attendus. Ainsi, il est fort probable que la nouvelle loi antiterroriste qui sera votée par le Parlement français comportera une disposition pour interdire le retour en France aux binationaux qui sont allés combattre en Syrie, visant ainsi les Français originaires du Maghreb et du Moyen- Orient. D'après un député de l'Union pour le mouvement populaire (UMP), ils sont plusieurs centaines de combattants dont certains reviendront, ou sont déjà revenus, a-t-il dit, en France et qui ramènent avec eux un risque réel d'attentat sur le sol français. D'autant plus que l'action militaire se poursuivra en Irak, a indiqué un communiqué de l'Elysée à l'issue d'un conseil de défense présidé par François Hollande au lendemain de l'annonce de la décapitation d'Hervé Gourdel par le groupe Jund al-Khilafah. Mercredi déjà, le président français réaffirmait lors d'un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU, que la France lutterait sans répit pour réduire et affaiblir Daech. Cependant, le consensus national autour de l'éventuel engagement de la France aux côtés des Etats-Unis pour frapper Daech en Syrie n'est pas évident. «Jusqu'à présent, nous avons refusé d'intervenir en Syrie, et cela est tout à fait normal, on doit intervenir sur un Etat où les autorités légales ont donné leur accord», a fait remarquer un député UMP. Par ailleurs, dans ce contexte, les risques de dérapage vers l'islamophobie existent et ils sont dénoncés autant en France qu'à l'extérieur. Ainsi, le président iranien Hassan Rohani a déclaré jeudi dans son discours prononcé devant l'Assemblée générale des Nations Unies : «Je suis stupéfait que ces groupes meurtriers se définissent comme islamiques. Plus stupéfiant encore est le fait que les médias occidentaux, en écho, répètent cette fausse affirmation, ce qui provoque la haine contre tous les musulmans.» Il n'est certainement pas le seul à estimer que «les bévues stratégiques de l'Occident au Moyen-Orient, en Asie centrale et dans le Caucase ont transformé ces parties du monde en sanctuaires pour les terroristes». Pour le chef d'Etat iranien, il est clair que les extrémistes qui viennent d'horizons divers ont un objectif unique : «Détruire la civilisation, susciter l'islamophobie et créer un terrain fertile pour de nouvelles interventions de forces étrangères dans notre région.» Quant à l'Algérie, sa détermination à poursuivre le combat contre le terrorisme sous toutes ses formes et à œuvrer sans relâche pour l'éradication de ce fléau n'a en rien changé, encore moins diminué. Le ministre de l'Intérieur et des collectivités locale, Tayeb Belaïz, a indiqué, jeudi à Alger, que le gouvernement algérien était résolument déterminé à poursuivre le combat contre le terrorisme sous toutes ses formes. Il n'a pas manqué de souligner que «le peuple algérien connaît mieux que quiconque l'horreur et la barbarie du terrorisme qui a frappé notre pays dans sa chair à cette époque-là», tout en rappelant que «l'Algérie n'a eu de cesse de prévenir que le terrorisme, phénomène sans foi ni loi et ne connaissant pas de frontières allait toucher le monde entier». Les faits ont malheureusement donné raison à notre pays.