Un ressortissant français a été enlevé dans la nuit de dimanche à lundi aux alentours d'Ath Ouacif, dans le massif du Djurdjura (Kabylie), alors qu'il revenait d'une randonnée en compagnie d'amis originaires de la région. Il s'agit d'Hervé Gourdel, 55 ans, un touriste originaire de Nice, arrivé en Algérie 48 heures auparavant. Une vidéo a été diffusée sur internet, hier en début de soirée, montrant l'otage entre deux hommes armés de kalachnikovs, visages voilés, assis, se réclamant de l'organisation Jund Al Khilafah (les soldats du califat), un groupe qui signe ainsi son acte de naissance et fait allégeance à l'Etat islamique (EI) ou Daech. Dans la vidéo, un des ravisseurs, lisant un message en arabe, donne un ultimatum au président français, le mettant en demeure de «cesser son agression contre l'Etat islamique dans les 24 heures sinon l'otage Hervé Gourdel sera égorgé». Puis l'otage français s'adresse au président Hollande : «Monsieur le président Hollande, je suis Hervé Goudel, né à Nice, en France, le 12 septembre 1959, de nationalité française. Je suis guide de haute montagne. Je suis arrivé en Algérie le 20 septembre 2014 (samedi) et je suis depuis hier aux mains d'un groupe armé commandé par Jund Al Khilafah (…). Ce groupe armé me demande de vous faire la demande de ne pas intervenir en Irak. Il me retient en otage. Je vous conjure, Monsieur le Président, de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour me sortir de ce mauvais pas. Je vous en remercie.» Basculement Il s'agit du premier passage à l'acte de cette branche, qui se revendique de l'Etat islamique dirigé par Abou Bakr Al Baghdadi. L'enlèvement du touriste français intervient alors que, hier même, cette organisation a lancé, dans un enregistrement audio, un énième appel à ses partisans de «tuer» des citoyens des pays formant la coalition internationale mise en place pour intervenir en Irak contre l'EI. Jusqu'ici, la nouvelle nébuleuse terroriste s'était à peine signalée, en Algérie, par la diffusion de messages trop isolés pour être pris au sérieux. Avec l'enlèvement d'Hervé Gourdel, dans ce qui apparaît comme une opération savamment préparée, la donne change complètement dans la mesure où, l'on ne sait trop comment, la menace proférée à partir de quelque part en Irak a été mise à exécution quelques jours à peine après en Algérie. Cet enlèvement fait basculer brusquement l'Algérie dans le cercle des pays infestés par l'EI. Hier soir, les autorités algériennes ont réagi à travers un communiqué du ministère de l'Intérieur soulignant que les recherches étaient toujours en cours pour retrouver le ressortissant français. Le communiqué précise par ailleurs que le Français était à bord d'un véhicule avec des accompagnateurs algériens avant d'être intercepté par le groupe armé. Sur le terrain, c'est le branle-bas de combat. Le patron de la Gendarmerie nationale, Ahmed Boustila, est arrivé sur les lieux quelques heures après l'annonce du rapt, selon certaines sources. Les troupes de l'ANP positionnées dans la région sont sur le pied de guerre et une opération de ratissage est déjà lancée, assurent des témoignages.