Arrivé au pouvoir dans un contexte marqué par des troubles politiques, du fait de la compétition entre Rome et Carthage sur le contrôle de la Méditerranée, le roi numide Massinissa a réussi l'exploit d'unifier pour la première fois, la Numidie dont le territoire correspond actuellement à toute la partie nord de l'Algérie. Selon un texte biographique publié sur le portail électronique du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie «www.djazair50.dz» et écrit sur la base d'ouvrages d'historiens et chercheurs étrangers et algériens, Massinissa a patiemment exécuté son plan d'unification de la Numidie pour en faire un Etat indépendant de Rome et de Carthage, qui a survécu pendant un demi-siècle. Pour cela, il a conquis le pouvoir dans son royaume (celui des Massyles), s'est allié à Rome contre Carthage et conquis enfin le royaume des Massaesyles. Pour les historiens, la période numide de l'Afrique du nord commence vers 250 avant Jésus-Christ avec l'émergence de deux royaumes berbères au nord de l'actuelle Algérie et issus des Capsiens sédentarisés depuis le néolithique. Il s'agit du royaume des Massyles à l'Est avec Cirta (Constantine) comme capitale, et celui des Massaesyles à l'Ouest dont Siga (Oulhaça El Gheraba, Aïn Témouchent) était la capitale. A deux, ils contrôlaient les plaines entre la chaîne de l'Atlas et la côte méditerranéenne. Après une période de cohabitation, ils en viennent à la confrontation. La rivalité débute avec l'arrivée au pouvoir de Syphax en 215 av. J.-C., roi des Massaesyles, dont les ambitions territoriales l'ont amené à s'allier à Carthage pour tenter de s'emparer des territoires massyles du roi Zelalsen qui, après sa mort, fut remplacé par Gaïa, le père de Massinissa. Profitant de la mort du roi Gaïa (-206 av. J.-C.), Syphax annexa ses terres et occupa Cirta dont il a fait sa seconde capitale (-205). Mais le fils de Gaïa va bientôt récupérer son royaume à la faveur de la décisive et sanglante bataille de Zama (-202) qui a vu la victoire de Rome, aidée de Massinissa, contre les troupes carthaginoises du général Hannibal auxquelles s'étaient jointes celles de Syphax. Carthage étant affaiblie, Massinissa contrôle désormais tout l'est algérien. Il s'engage dans un ambitieux plan qui détermine les frontières du nord de l'Algérie moderne. Il fait creuser avec l'aide des légions romaines une fosse longue de plusieurs kilomètres avec l'actuelle Tabarka à l'Est et ses territoires annexés aux Carthaginois à l'Ouest. Il reprend le contrôle ainsi de Cirta et en fait sa capitale. Massinissa s'attelle ensuite à réformer son royaume, à amener les tribus à se sédentariser, à étendre l'agriculture céréalière, à reformer l'impôt fiscal, à consolider son alliance avec Rome et à nouer des relations suivies avec la Grèce. Il frappe la monnaie à son effigie avec des légendes en punique, la langue la plus utilisée dans le royaume numide naissant. Par la suite, il conquit les territoires de Syphax, unifiant la Numidie et établissant la frontière Ouest de son royaume au niveau de la rivière Moulouya, proche de l'actuelle frontière algéro-marocaine. Les villes furent multipliées et agrandies. Outre la capitale Cirta, le royaume était formé notamment de Madauros (M'daourouch), Thibilis (Announa) et Thubursicu (Khemissa). Sur le plan politique, le royaume avait la forme d'une confédération de communautés qui ont formées l'ossature de l'Etat. Les grandes communautés étaient divisées en clans et représentées auprès du roi par leurs chefs. Le pouvoir était maintenu par une large politique d'alliances matrimoniales avec les communautés. Pendant un demi-siècle de règne (de -202 à -148), Massinissa a dirigé un royaume unifié et puissant, militairement et économiquement qui s'étend sur tout le nord de l'Algérie, Rome s'étant opposée à son projet de s'emparer de la ville de Carthage qui a finalement été détruite par l'armée romaine en -146 av. J.-C. Le règne puis la disparition de Massinissa fut le prélude à l'occupation romaine de la Numidie. Elle a été divisée par les Romains en plusieurs royaumes avant d'être tout simplement annexée.