Après neuf journées, l'OM pointe en tête avec cinq points d'avance sur Bordeaux et sept sur le PSG. Ces vingt dernières années, cette position a souvent été synonyme de titre en fin de saison. Mais pas toujours. Oubliés les débuts poussifs (un nul et une défaite). LOM avance désormais à une cadence infernale. Les hommes de Marcelo Bielsa, en s'imposant samedi à Caen (1-2), ont signé leur septième victoire consécutive en Ligue 1. Du jamais vu pour le club depuis mars-avril 2010. Cette saison-là, les Phocéens, alors entraînés par Didier Deschamps, avaient été sacrés champions de France quelques semaines plus tard. Quatre ans après, Marseille peut-il rêver à un 10e titre national ? En tout cas, les chiffres lui permettent de l'espérer. L'OM réalise même le meilleur début de saison de son histoire récente. C'est la première fois qu'il possède 22 points après neuf journées depuis son retour dans l'élite en 1996-1997. C'est aussi la première fois qu'il occupe le fauteuil de leader à pareille époque sur la même période. Les voyants sont d'autant plus au vert que la concurrence ne parvient pas à suivre le rythme. Avec 17 unités au compteur, Bordeaux pointe à 5 longueurs. Et le PSG, grandissime favori, accuse déjà 7 points de retard. L'OM n'avait plus compté une avance pareille (ou supérieure) sur son rival parisien depuis la 38e journée de la saison 2010-2011 (8 points). Et pour retrouver trace d'un tel gouffre entre un leader et son dauphin, il faut remonter encore plus loin. En 2006-2007 exactement et l'époque du grand Lyon. Cette saison-là, Juninho et compagnie (25 points) faisaient la course en tête avec cinq points d'avance sur... les Marseillais. Ils finiront avec 17 unités de plus que les Phocéens. C'était la première fois que l'on voyait un tel écart depuis le retour de l'élite à 20 clubs en 2002-2003. Jusqu'à cette saison. Etre en tête après la 9e journée est souvent bon signe En 2007, l'OL avait terminé avec 17 unités de plus que les Phocéens. Cette fois, ces derniers ne termineront sans doute pas avec une avance aussi large. Mais c'est bien un rythme de champion que sont en train d'imprimer André-Pierre Gignac et ses coéquipiers. Depuis le retour de la victoire à trois points, en 1994-1995, la moitié des équipes ayant réussi à empocher 22 points en neuf journées ont terminé à la première place : Bordeaux en 1998-1999 et Lyon, donc, en 2006-2007. Les deux autres, Metz et Monaco, ont échoué respectivement à la deuxième (1997-1998) et troisième place (2003-2004). Une étude menée sur les dix dernières saisons a même montré que la 9e journée marque souvent un tournant décisif dans l'attribution du titre. «L'équipe qui est en tête à la 9e journée est championne à la 38e dans 5 cas sur 12, soit 41%», a démontré Pierre Rondeau, doctorant en économie. «Cet événement passe à 7 cas sur 12 à la 10e journée, puis 9 cas sur 12 à la 11e», poursuit-il. Statistiquement, l'OM aura donc l'occasion de faire un nouveau pas vers le titre lors de la réception de Toulouse (le 19 octobre) puis lors de son déplacement à Gerland pour y affronter l'OL (le 26 octobre). Mais, même en cas de carton plein, les Olympiens auraient tort de se voir déjà champions. D'abord, parce que le calendrier lui a pour le moment épargné des confrontations avec ses poursuivants et rivaux directs. Ensuite, parce que cet OM-là doit batailler cette saison avec un adversaire d'un calibre comme en a rarement connu la Ligue 1 et qui, une fois lancé, aura les armes pour refaire son retard. «Ça fait beaucoup de points, mais on reste tranquilles, assure Javier Pastore. Nous devons commencer à gagner 2-3 matchs pour arriver le plus près de l'OM avant de jouer et de gagner contre eux (le 9 novembre, ndlr).» Sept «come-back» en 20 ans Un tel retournement est assez rare mais les Parisiens ne seraient pas les premiers à le réussir. Depuis 1994, à sept reprises une équipe est parvenue à décrocher le titre alors qu'elle comptait 5 points de retard au plus à la veille de la 10e journée : Lille en 2010-2011 (-5), Nantes en 2000-2001 (-6), Monaco en 1997/1998 (-5) ainsi que Lyon et Lens qui partagent le plus gros come-back au cours de cette période avec huit points remontés en 2002-2003 pour l'OL et en 1997-1998 pour le RCL. Les Lyonnais sont d'ailleurs des habitués puisqu'ils avaient également repris cinq points à l'ASM en 2003-2004 sur la route de leur septuplé au début des années 2000. Cette fois, ce sont les Marseillais qui se sont fait la belle en tête du classement. Et il va falloir s'accrocher pour aller les y déloger.