Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a répliqué aux allégations des juges français à propos des éventuelles confiscations des preuves relatives à l'assassinat des sept moines de Tibhirine. «La justice algérienne accomplit son travail normalement conformément à la loi», a déclaré le ministre de la Justice. Dans une déclaration à la presse, en marge d'une séance plénière du Conseil de la nation, le ministre a fait savoir qu'un «magistrat algérien se trouve actuellement en France dans le cadre d'une commission rogatoire». «Des procédures judiciaires ont été prises, sont respectées et suivies conformément à la loi au niveau du juge d'instruction chargé de l'affaire», a souligné M. Louh. L'avocat des familles des moines de Tibhirine a dénoncé, jeudi à Paris, une «confiscation des preuves par l'Algérie qui a refusé que le juge d'instruction français rentre en France avec les prélèvements réalisés sur les dépouilles des religieux». Lors d'une conférence de presse à Paris, Patrick Baudouin a évoqué la «terrible déception des familles des moines de Tibhirine de voir les investigations bloquées par ce refus de transfert en France des prélèvements opérés» par l'équipe du juge Marc Trévidic. Le ministre de la Justice avait affirmé en juin dernier qu'«aucun différend n'opposait l'Algérie et la France concernant l'enquête sur l'assassinat des sept moines de Tibhirine», soulignant que «les juges algérien et français chargés du dossier travaillent en parfaite collaboration». Concernant le ressortissant français Hervé Gourdel, assassiné en septembre dernier, le ministre a indiqué que «l'enquête suit son cours et les procédures judiciaires sont menées normalement conformément à la loi». M. Louh avait récemment indiqué avoir demandé, en septembre dernier, au procureur général près la cour d'Alger de lui remettre le dossier, et confié l'enquête au juge d'instruction du pôle pénal d'Alger spécialisé dans les affaires de terrorisme et de crime organisé. Le ministre a souligné que le parquet avait demandé «au juge d'instruction d'émettre des mandats d'arrêt contre les individus identifiés faisant partie du groupe terroriste armé à l'origine de ces crimes». Certaines parties françaises et quelques membres des familles des victimes émettent des doutes sur les circonstances de l'assassinat des sept moines. Les sept moines ont été enlevés par un groupe armé islamiste lié au GIA. Cependant, certaines voix qui veulent salir l'image de l'Algérie et surtout des forces armées ont laissé entendre que les moines auraient été tués par erreur par les militaires. Ce sont les raisons qui ont poussé les enquêteurs français de vouloir vérifier si les victimes ont été égorgées où tués par balles. Pour les enquêteurs, l'éventuel décès par balles des victimes confirmerait la bévue des forces armées. Comme nous l'avons indiqué dans nos précédentes éditions, même si les moines ont été tués par balles, cela ne voulait pas dire forcément dire qu'il s'agit d'une bavure des militaires. La preuve : dans plusieurs de leurs attentats commis en Algérie, les groupes armés ont tout d'abord criblés de balles les éléments de forces de sécurité et les citoyens avant de les achever à l'arme blanche. Et puis, imaginons que les malheureux moines auraient trouvés la mort à la suite d'une bavure militaires, nous ne comprenons pas pourquoi, pour quelle raison et qu'est ce qui empêche les autorités algériennes de le faire savoir du moment qu'il s'agit d'une erreur ? En somme, pour l'instant, les juges français sont retournés en France mais sans les prélèvements d'ADN, chose qui a été dénoncée par les familles des victimes, évoquant une confiscation de preuves.