«Louh: l'enquête suit son cours» «(...) Il y a lieu de remercier les autorités de l'accueil qu'elles lui ont réservé et des moyens mis à sa disposition», indique un communiqué du porte-parole adjoint du ministère français des AE. Y a-t-il un lobby qui travaille en sourdine pour faire avorter toute démarche sereine entre la France et l'Algérie? Il y a lieu de le croire à en juger par l'affaire des moines de Tibhirine. Sur le déroulement de l'enquête que mènent les juges français et algériens depuis quelques jours, la satisfaction est totale entre les deux parties. Alger et Paris l'ont fait savoir officiellement et publiquement. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh a écarté toute volonté d'étouffer les efforts d'investigations. «La justice algérienne accomplit son travail normalement concernant l'affaire de Tibhirine», a déclaré, jeudi dernier, le ministre en marge d'une séance plénière du Conseil de la nation. Preuve en est, explique M.Louh, qu'un «magistrat algérien se trouve actuellement en France dans le cadre d'une commission rogatoire». Il n'y a donc aucun blocage et l'enquête sur l'affaire des moines de Tibhirine poursuit son cours le plus normalement du monde. En guise de réponse aux déclarations de certaines parties en France, M.Louh assure qu'il n'y a aucune volonté d'entraver l'enquête. «Des procédures judiciaires ont été prises, sont respectées et suivies conformément à la loi au niveau du juge d'instruction chargé de l'affaire», a-t-il certifié. La même satisfaction a été exprimée également par les autorités françaises qui n'ont pas omis de remercier l'Algérie par la qualité du travail et surtout les moyens mis à la disposition des juges. En effet, La France a réagi hier, par le biais du porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères et du Développement international pour lever toute équivoque sur une éventuelle polémique. «Le déplacement de la délégation judiciaire française en Algérie s'est passé dans des conditions satisfaisantes et il y a lieu de remercier les autorités de l'accueil qu'elles lui ont réservé et des moyens mis à sa disposition», indique un communiqué envoyé par l'ambassade de France à la rédaction du journal. «Je suis certain que nos autorités judiciaires respectives sauront maintenir ensemble les conditions d'une collaboration fructueuse», précise le porte-parole des AE français. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, avait affirmé en juin dernier qu' «aucun différend n'opposait l'Algérie et la France concernant l'enquête sur l'assassinat des sept moines de Tibhirine», soulignant que «les juges algérien et français chargés du dossier travaillent en parfaite collaboration». Interpellé par ailleurs sur le ressortissant français Hervé Gourdel, assassiné en septembre dernier, M.Louh a indiqué que «l'enquête suit son cours et les procédures judiciaires sont menées normalement conformément à la loi». A cette sérénité exprimée au plan officiel, s'effectue un travail de sape aux desseins inavoués. Une normalisation des relations algéro-françaises dérange-t-elle autant? Qui veut créer une crise à la veille de la célébration du 60éme anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale? L'avocat des familles des moines de Tibhirine a dénoncé jeudi dernier à Paris une «confiscation des preuves par l'Algérie qui a refusé que le juge d'instruction français rentre en France avec les prélèvements réalisés sur les dépouilles des religieux». Lors d'une conférence de presse à Paris, Patrick Baudouin a évoqué la «terrible déception des familles des moines de Tibhirine de voir les investigations bloquées par ce refus de transfert en France des prélèvements opérés par l'équipe du juge Marc Trévidic». Ce sujet a fait couler beaucoup d'encre au sein des médias français. «Ce blocage est d'autant plus dommageable que les juges français doutent de la capacité des Algériens à réaliser eux-mêmes les analyses nécessaires (ADN notamment), et même de leur capacité à conserver les prélèvements dans de bonnes conditions», rapporte France Inter. Selon des informations obtenues par France Inter, «les toutes premières conclusions des experts français mettraient en doute la date officielle de la mort, le 21 mai 1996, date de la publication d'un communiqué du GIA qui annonçait l'exécution des moines, un mois après leur enlèvement». «C'est faux. La police et la gendarmerie disposent de laboratoires bien équipés pour faire ce genre d'analyses», tranche une source judiciaire algérienne, proche de l'enquête, rapporté par TSA. La même source explique que c'est une question de souveraineté tout simplement. «On ne peut pas les laisser effectuer les analyses en France. Elles se feront en Algérie. C'est une question de souveraineté», affirme la même source. Afin de convaincre la partie française, Alger a proposé aux juges français d'assister à l'analyse des prélèvements, selon la même source. «Les juges français ont refusé, alors qu'au départ ils étaient d'accord pour que les analyses se fassent en Algérie», affirme cette source.