L'attentat contre une unité de l'armée égyptienne dans la péninsule du Sinaï, qui a fait vendredi des dizaines de morts, a suscité une vague d'indignation en Egypte et de la communauté internationale, qui exprime son soutien au Caire dans sa lutte contre le terrorisme. Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a aussitôt promulgué un état d'urgence de trois mois sur une partie du nord et du centre de la péninsule du Sinaï, dans un périmètre allant de la ville de Rafah, sur la frontière avec la bande de Ghaza, jusqu'à l'ouest d'Al-Arich, selon un communiqué de la présidence. Le chef de l'Etat égyptien a également assuré que «l'armée et la police prendront toutes les mesures nécessaires pour faire face aux dangers du terrorisme» et «préserver la sécurité dans la région», selon le décret présidentiel qui prévoit également un couvre-feu. L'attaque, la plus meurtrière visant les forces de l'ordre depuis la destitution en juillet 2013 du président Mohamed Morsi, a été condamnée «dans les termes les plus vigoureux» par l'Algérie, qui, par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Benali Cherif, a «assuré le gouvernement et le peuple égyptiens frères de son soutien dans cette nouvelle épreuve». L'attentat «terroriste» qui a ciblé des points de contrôle de l'armée dans le Sinaï égyptien, a également été condamné «dans les termes les plus forts» par le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et le Conseil de sécurité. Le secrétaire général «condamne fermement l'attentat terroriste», face à la poursuite des violences dans le pays, a indiqué le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, dans un communiqué. Pour sa part, le Conseil de sécurité a qualifié cet attentat d'«odieux», soulignant que tout acte terroriste constituait un «crime injustifiable quel que soit sa motivation». Les membres du Conseil ont rappelé, à cette occasion, leur détermination à «combattre le terrorisme sous toutes ses formes», et souligné l'impératif de «traduire en justice les auteurs, les organisateurs et les commanditaires de ces actes». Cette attaque sanglante a suscité également l'indignation des Etats-Unis qui «»soutiennent les efforts du gouvernement égyptien pour contrer la menace terroriste dans le pays», a déclaré Washington. La France a, elle aussi, dénoncé «avec la plus grande vigueur», l'attentat perpétré par un kamikaze qui a lancé sa voiture chargée d'explosifs sur le barrage militaire situé au nord-ouest d'Al-Arich, le chef-lieu de la province du Nord-Sinaï, tuant au moins 30 soldats et blessant 29 autres. Des responsables médicaux ont précisé que parmi les blessés se trouvaient un haut responsable de l'armée et cinq officiers. «La France est solidaire de l'Irak et reste plus que jamais engagée à ses côtés dans la lutte contre le terrorisme», a déclaré le ministère français des Affaires étrangères. Le gouvernement iranien, a, lui aussi, condamné «avec vigueur» l'attentat «terroriste» contre les soldats égyptiens dans le Sinaï, estimant que les attaques visant l'Egypte sont de l'«intérêt des sionistes qui cherchent à diviser le peuple égyptien». Fermeture du point de passage de Rafah Annonçant un deuil national de trois jours, le président égyptien a décidé, en outre, de tenir samedi une réunion avec le haut commandement de l'armée pour «prendre des mesures d'urgences sur le terrain». L'Egypte a décidé de fermer dès samedi et jusqu'à nouvel ordre le terminal frontalier de Rafah, l'unique point de passage vers Ghaza qui n'est pas contrôlé par Israël. En juillet, 22 soldats avaient été tués dans une attaque contre un poste de contrôle militaire dans l'ouest de l'Egypte, près de la frontière avec la Libye. En août 2013, peu après l'éviction de Mohamed Morsi, 25 policiers avaient péri dans le Sinaï lorsque des hommes armés avaient tiré à la roquette et à l'arme automatique sur deux minibus de la police se dirigeant vers la ville de Rafah. Depuis plus d'un an, le pays est le théâtre d'attentats visant policiers et soldats, revendiqués principalement par des groupes armés qui disent agir en représailles à la sanglante répression que le nouveau pouvoir mène contre les partisans de M. Morsi depuis sa destitution.