Des étudiants en architecture de l'université de Tizi Ouzou ont présenté, jeudi à Makouda (à une vingtaine de kilomètres au nord de Tizi Ouzou), un projet de restauration de la maison du chahid Louni Arezki, enfant de cette localité. Encadrés par Mohamed Medjber, enseignant en architecture, ces étudiants, au nombre de 25, ont présenté à la maison de jeunes de Makouda, devant des représentants de l'APC de cette localité et une forte délégation de l'association «La rampe Louni Arezki» de la Casbah d'Alger, trois variantes de restauration. Ces trois maquettes proposent des travaux de restauration qui respecteront la structure originelle de la maison du chahid, construite selon l'architecture traditionnelle kabyle, avec quelques aménagements, notamment par la réalisation d'une plateforme sur laquelle sera déposé un buste de Louni Arezki. Et pour concrétiser l'amitié entre Makouda et la Casbah, qui sont jumelées depuis 2011, les concepteurs de ces trois maquettes proposent d'apporter une touche de l'architecture de la Casbah au niveau du mur de clôture de la porte d'entrée. Un jury a été composé pour faire un choix parmi les trois maquettes. Après une longue délibération, il a opté pour un mariage entre les trois variantes en prenant des éléments de chacune d'entre elles, tout en respectant l'idée initiale, à savoir le respect de l'architecture type de la maison kabyle ancienne avec une touche subtile qui rappellera celle de la Casbah. Ait Aoudia Lounis, président de l'association «La rampe Louni Arezki», a salué la contribution des étudiants qui, a-t-il dit, au-delà du projet qui, une fois concrétisé va faire revivre un lieu d'histoire, ont contribué à la préservation de la mémoire de celui qui était l'ami de Ali La Pointe. «Un devoir de mémoire doit se faire en direction des jeunes qui doivent connaître l'histoire glorieuse de leur pays et les grands hommes qui l'ont écrite avec leur sang», a-t-il ajouté. M. Medjber a indiqué à l'APS que la réalisation des trois maquettes a été le fruit d'un travail sur le terrain qui a débuté en avril passé. S'agissant de la concrétisation des travaux de restauration, il a ajouté que des démarches seront entreprises par les différentes parties impliquées dans ce projet, pour trouver les financements nécessaires. Durant cette cérémonie Ahcène Blibek, enseignant à l'Ecole des beaux-arts d'Azazga a présenté une maquette en argile du buste d'Arezki Louni devant être réalisé au niveau de sa maison natale qui sera transformée en musée. Arezki Louni, de son vrai nom El-Hadi Louni, est né le 26 août 1924 à Makouda où il a vécu huit ans avant que sa famille ne se déplace à La Casbah (ex-rampe Valée), où il tenait une épicerie. Il avait rejoint les rangs de l'Armée de libération nationale (ALN) avec son ami Ali La Pointe et avait organisé plusieurs actions contre l'armée coloniale française. La dernière action menée par Louni Arzeki contre le colonisateur avait eu lieu le 24 décembre 1956, suite à laquelle il sera arrêté dans un immeuble où il s'était réfugié. Jugé et condamné à mort deux mois plus tard, il sera guillotiné le 8 avril 1957 à la prison de Serkadji (ex-Barberousse) où il était détenu. Selon certains témoignages, alors que ses geôliers le conduisaient à la guillotine, il avait chargé un Français avec un objet contondant en criant : «Je n'ai pas attaqué l'homme, j'ai attaqué la France. Je meurs en résistant», ultime geste de résistance et de courage d'un condamné à mort qui est resté digne et brave jusqu'à son dernier souffle.