Sans chef de daïra en charge de la commune du chef-lieu et de celle de Se-raïdi depuis bientôt deux années, la population de la wilaya de Annaba pourrait se retrouver sans wali. Le détenteur de ce poste, Mo-hamed Mounib Sandid, a, en effet, été victime d'un malaise cardiaque ces dernières quarante-huit heures. Il a été évacué de toute urgence vers Paris (France) jeudi à 13h00 pour bénéficier de soins appropriés à son état de santé. Selon des indiscrétions, ce malaise serait dû à une crise de nerfs provoquée par l'incompétence de certains de ses proches collaborateurs, véritablement dans l'incapacité de matérialiser les nombreux et différents dossiers en relation avec le développement économique local. Cet autre handicap intervient quelques jours à peine après la session plénière de l'Assemblée populaire de wilaya (APW). Le wali avait tapé très fort sur la table pour exprimer sa grande déception à l'écoute des données portant sur des projets à la traîne, gestion des communes à l'abandon, les affaires de corruption, le trafic d'influence et autres. Le wali n'a pratiquement rien laissé passer avec à la clé cette phrase qui est tombée comme un couperet : « ça ne peut pas durer comme ça ! ». Ce faisant, Mohamed Mounib Sandid a publiquement exprimé son ras-le-bol face à la mauvaise volonté manifeste de plusieurs des membres de son exécutif et des élus locaux. Des députés et sénateurs ne sont pas non plus indemnes de toute critique. Les premiers comme les seconds n'ont rien apporté à la wilaya. Pire, certains ont utilisé leur qualité pour influer sur le cours des projets au profit de leurs proches, copains et coquins. Obligation de réserve oblige, le wali n'a rien révélé du comportement préjudiciable tant au plan économique que sociologique à la wilaya des élus locaux et ceux de l'une ou de l'autre des deux chambres du Parlement. Il s'est suffi de cette tirade « ça ne peut pas durer comme ça ! » très lourde de sens. C'est dire s'il a marqué de son empreinte cette session ordinaire de l'Assemblée populaire de wilaya. Il est allé encore plus loin en dénonçant l'insuffisance professionnelle, voire l'incompétence de certains directeurs de wilaya. A la clôture de la session de cette APW, le premier magistrat de la wilaya n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour dénoncer les sourires de commande, les démarches traînantes et surtout les « oui monsieur le wali » de certains habitués de la courbette. Du haut du juchoir qu'il a occupé deux jours durant pour suivre les travaux de l'APW, le wali ne respirait pas vraiment la sérénité. Il y avait de quoi avec l'ensemble des secteurs à la traîne, loin, très loin des objectifs assignés. Condamné à un difficile numéro d'équilibriste, le wali paraissait bien indécis quant à passer du stade de la pédagogie à celui des mesures disciplinaires à prendre à l'encontre de ceux qui s'étaient succédé au micro pour répéter le refrain de la réussite que, tout au long de leur présence à la wilaya, ils ont appris à chanter à chaque occasion. Des sources crédibles indiquent que le coup de sang du wali est également lié aux retombées douloureuses de nombreuses affaires impliquant certains élus et des cadres de différentes administrations de l'Etat. Dans le milieu des services de sécurité, il est sérieusement question des prochains épisodes de l'affaire du député Bahaeddine Tliba. « Le wali a découvert récemment des pratiques qu'il ne peut tolérer », précise-t-on dans l'entourage de M. Sandid. Ce dernier aurait refusé de céder à l'improvisation dans la prise de décision à l'encontre des perturbateurs dans la gestion des affaires de la wilaya. Il a tout de même réussi à créer l'affolement dans le milieu des barons locaux de l'économie. C'est pourquoi, bon nombre sont à l'écoute de la moindre information sur l'état de santé du wali. D'une intégrité morale à toute épreuve, ce dernier s'est retrouvé pratiquement livré à lui-même face aux ogres que représentent ceux qui ont fait des abords de son cabinet un centre d'affaires. En démontrant une apparente rupture de tout contact direct avec les gens de la presse, le wali a fragilisé sa position face à ces pratiques qu'il a lui-même qualifiées d'intolérables lorsqu'il a affirmé « ça ne peut pas durer».