Sans Coupe du monde ni Euro, l'empire du football connaîtra pourtant en 2015 quelques dossiers épineux. De nombreux nuages se sont amoncelés au-dessus du ballon rond en 2014. L'orage approche. L'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 Pas besoin d'en rajouter, entre les affaires de corruption (et le méli-mélo autour du rapport de Michael J. Garcia : publiera, publiera pas), la tension internationale qui monte autour et avec la Russie (qui vient même de créer «sa légion étrangère»), une ambiance aux bons relents de guerre froide et de millénarisme moscovite, pendant que la situation ne s'améliore franchement pas au Qatar pour les travailleurs immigrés qui décèdent toujours par centaines, sans omettre les «soupçons» d'achats de voix, etc. Les prochaines Coupes du monde vont donc bien occuper l'agenda d'une FIFA en pleine phase d'élection. Sepp Blatter croyait avoir bouclé une suite de règne sans difficulté, flattant les nouvelles puissances impériales et les grands argentiers du nouveau capitalisme. Le voilà confronté aux doutes médiatiques et aux crises internes... Il devra zigzaguer entre les couteaux dans le dos et les orgues de Staline. Bonne chance Président, vous risquez d'envier François Hollande. L'arbitrage (carton blanc, goal line, etc.) Michel Platini voulait se rappeler au bon souvenir de l'institution, c'est plutôt réussi. Fervent opposant à l'usage de la vidéo, sa proposition d'introduire le carton blanc – c'est-à-dire l'exclusion temporaire (déjà opérationnelle en certains lieux, comme en Alsace, ou d'autre structures comme la FSGT) – a remis sur le tapis le grand drame du foot moderne : l'arbitrage. Mis sur la sellette, notamment à l'occasion de la Coupe du monde (fallait-il exclure Neuer en finale par exemple ?), sans parler d'un Juventus-Roma enfantant un quasi drame national, l'heure n'est plus au questionnement technique, il s'agit de résoudre un problème structurel, voire quasi philosophique. A quoi sert un arbitre dans un foot avec un tel niveau d'enjeu et, par conséquent, une telle mentalité chez les footballeurs ? L'application de la goal line technology n'a fait que souligner un peu plus ce dilemme : le foot doit-il devenir plus humain ou plus efficient ? Le fair-play financier Entré en vigueur en 2013-2014, le procédé peine à convaincre. Il est accusé de protéger les grosses machines déjà en place et de brider les outsiders – le cas du PSG et de Manchester City – tout en sortant quelques clubs secondaires d'Europe de l'Est ou de la périphérie – Bursaspor (Turquie), FK Ekranas (Lituanie), CFR 1907 Cluj (Roumanie) et FC Astra Giurgiu (Roumanie) – pour illustrer son pouvoir et son rôle. Malgré cela, il devra prouver en 2015 qu'il est capable de sortir l'artillerie lourde, alors que le Barça, lui, a été sanctionné (interdiction de recrutement), mais au final par la Cour d'arbitrage du sport (CAS), et pour avoir pris quelques libertés avec l'interdiction de transfert de mineurs. Bref, le fair-play financier peut-il devenir autre chose qu'un moyen de veiller aux apparences sans pour autant virer les meilleurs clients, eussent-ils une ardoise longue comme le bras. Pour info, l'avocat belge Jean-Louis Dupont, en parti à l'origine de l'arrêté Bosman, a déposé des plaintes séparées, contre le fair-play financier, auprès de la Commission européenne et du Tribunal de première instance de Bruxelles avec les jugements attendus en février et en avril... L'Euro-2016 L'Euro-2016 sera-t-il la dernière épine du gouvernement avant l'inventaire. Censé offrir un baume de popularité à notre Président, il se transforme de plus en plus en un poison au sein de la majorité, sans parler de la gueule de bois qui se fait sentir dans toutes les collectivités concernées. De l'exemption fiscale offerte à l'UEFA et votée en fin 2014, à la flambée des coûts dans la construction des enceintes (ou leur rénovation comme à Marseille), le rendu des stades risque de s'apparenter à un périlleux exercice d'auto-conviction (sans oublier les scandales potentiels qui traînent du côté de Lille et ailleurs)... De Gaudin à Juppé, la (petite) fronde des élus a déjà commencé pour essayer de gratter ce qui pouvait l'être. Aulas peut donc, non sans raison, se moquer que «culturellement, ce n'est pas l'usage en France de laisser les clubs devenir propriétaires de leur stade, alors que c'est la meilleure solution pour les clubs, mais aussi pour les finances publiques, les «PPP» coûtant in fine très cher aux contribuables».