Electron libre au volant de l'une des meilleures voitures du plateau, Nasser Al-Attiyah fait figure de grand favori du Dakar 2015. N'en déplaise au tenant du titre Nani Roma, si une Mini arrive en tête des suffrages au départ de Buenos Aires, ce n'est pas la sienne mais celle de Nasser Al-Attiyah. Le Qatari n'a même pas besoin de jouer de son large sourire et son phrasé typique pour mettre tout le monde dans sa poche. Son expérience, son talent et sa «liberté» d'action en font le candidat logique à la succession du Catalan. «On dit que je suis favori ? C'est une bonne chose. Mais je vais essayer de faire de mon mieux. J'espère gagner c'est tout». Al-Attiyah ne fanfaronne pas. Il préfère l'action. «Full attack», c'est prévu dès la première spéciale. Ce n'est pas une question de fierté mais de la stratégie pure pour partir devant lors de la 2e étape qu'on annonce très piégeuse. «La première partie de la spéciale entre Villa Carlos Paz et San Juan est très sinueuse. Si je pars devant, je pourrais déjà creuser un écart», avance-t-il. Evidemment il n'est pas le seul à y avoir pensé mais sa force de conviction en dit déjà long sur son appétit dans ce Dakar. L'an passé, une pénalité l'avait privé de la bataille finale avec Roma et Peterhansel. Cette fois, il compte bien jouer la gagne jusqu'au bout, au grand désespoir de ses rivaux. Franc-tireur Car le Qatari n'a pas que des amis dans le petit milieu du rallye-raid. Doté de moyens très élevés, il manie le chaud et le froid comme personne d'autre. Compétiteur né, le vainqueur du Dakar 2011 va là où ses intérêts le guident. Chez Volkswagen, chez Gache, chez Mini et pourquoi pas un jour chez Peugeot. Que ça plaise ou pas, il trace sa route avec ses sponsors comme bon lui semble. En contact très avancé avec le team SMG de Philippe Gache pour le Dakar 2015, Al-Attiyah a finalement fait volte-face pour s'offrir la même Mini que Roma et Terranova. S'offrir est quasiment le mot car s'il ne fait pas partie officiellement du team de Sven Quandt, il dispose malgré tout de la dernière évolution de la All 4 Racing avec les anciens ingénieurs et mécaniciens de Stéphane Peterhansel en prime. Nani Roma sait que s'il veut conserver son Dakar, il devra essayer de neutraliser son «coéquipier» de luxe. L'an dernier, les consignes du team manager étaient venues le secourir en fin de rallye. Si le scénario se reproduit avec Al-Attiyah, la donne sera différente. En franc-tireur, le médaillé olympique du Skeet à Londres ne lâchera pas le stylo pour écrire une autre histoire que la sienne. En duo avec Baumel Le scénario, il l'a déjà en tête. «J'attaque tous les jours !» Assez simpliste mais efficace à condition de ne pas commettre de faute. Pour canaliser un peu sa fougue et suivre le bon cap, Al-Attiyah s'est attaché les services d'un nouveau navigateur, le Français Mathieu Baumel. La tâche ne sera pas évidente mais c'est tout de même un choix de raison puisque ce dernier a aussi fait ses preuves en rallye «classique» et sera son copilote dans les manches de WRC 2 et du championnat du Moyen-Orient. Un duo qui devra également savoir se débrouiller en mécanique lors de l'étape marathon. Si beaucoup considèrent la montée à Uyuni comme une belle épine dans le pied, le Qatari se réjouit de ce retour au fondement du rallye. «Le marathon, c'est une très bonne idée, avance-t-il. Cela manquait depuis longtemps. C'est bien pour la course et il faudra avoir la bonne stratégie. Avec la Mini, on a la bonne voiture pour ce genre d'étape». Et le Dakar avec.