L'organisation hier et aujourd'hui de deux journées d'étude sur le plan de développement ArcelorMittal Annaba avec pour thème : «la dimension humaine facteur déterminant de la réussite» a suscité moult interrogations du côté de la société civile locale. Elles sont en relation avec la décision de la direction de la communication de la société ArcelorMittal de limiter la couverture de la manifestation aux seuls médias officiels. Ce qui a permis à certains de conclure que par cette nouvelle démarche, ArcelorMittal adopte une stratégie où la transparence dans la gestion du complexe sidérurgique El-Hadjar, à 51% propriété des Algériens, est bannie. Cela intervient à la veille de la mise en route du plan d'investissement d'un montant de 1 milliard de dollars censé être destiné à la réhabilitation des installations de production. De là à affirmer que les gestionnaires en charge du dossier préparent la curée, il n'y a qu'un pas que plusieurs économistes ont allègrement franchi. L'on prend pour argument, la passation des marchés déjà effectuée avec le choix portée sur une entreprise étrangère. Du côté des syndicalistes et associations civiles, il est question de mise en place de nébuleuses pour créer le flou autour des montants à engager pour la matérialisation des projets inscrits au programme du plan d'investissement. Ces nébuleuses semblent être matérialisées par le thème sur : «la dimension humaine facteur déterminant de la réussite» retenu pour les deux journées d'étude. Cinquante années après la mise en service des installations de production au Complexe sidérurgique El-Hadjar (Cseh) et alors que le recrutement de nouvelles compétences est aboli, on en est encore à chercher : «une ressource humaine professionnelle et efficace, adaptée aux exigences du plan d'investissement». Il est même précisé que : «le renforcement des capacités techniques du complexe d'El-Hadjar par des équipements ne remettra pas le complexe sur la voie de l'efficience économique». Où est donc le bénéfice que le gouvernement algérien devait enregistrer avec la signature du contrat de partenariat avec les Indiens de LNM, Mittal Steel et les Franco-Indiens d'ArcelorMittal qui ont pris en charge le Cseh en septembre 2001. Et dire que sur ce même contrat était mentionné noir sur blanc, le transfert du savoir-faire, de la technologie et l'amélioration de la production sidérurgique pour la hisser à un niveau appréciable. Plus de treize années après la signature de ce contrat, on en est à la mise au rebut de la cokerie, l'arrêt définitif du HF n°1, la détérioration chronique du HF n°2, l'importation des brames et autres produits sidérurgiques et, avec le plan d'investissement, à la remise en état des installations de production. Rien ne dit que le milliard que l'Etat algérien engage pour cette dernière opération n'ira pas grossir les comptes en banque domiciliés à l'étranger de certains. Quant à la production des 2,2 millions de tonnes d'acier liquide à atteindre dès 2017 grâce au plan d'Investissement, les décideurs ArcelorMittal la conditionne par «une ressource humaine professionnelle et efficace». Celle-ci existe pourtant. Sa compétence a été démontrée avec le dépannage en un temps record du H.F n°2 objet d'un incident lors de son démarrage.Totalement algérienne au niveau des installations de production, cette ressource a été plusieurs citée à l'honneur. Elle est à l'origine des différentes certifications «ISO». Le dernier en date porte sur le maintien du certificat qualité ISO 9001/2008 de la filière des produits plats (PPL). Même si le problème est soulevé en aparté entre les membres du Conseil syndical de la société ArcelorMittal Algérie, les travailleurs du complexe sidérurgique El-Hadjar ont pointé du doigt, la «gestion défaillante» du dossier ArcelorMittal par le gouvernement. Surtout à propos du plan de développement appelé à être matérialisé dans les prochains mois. Et lorsque les initiateurs des dernières journées d'étude retiennent pour thème : «la dimension humaine, facteur déterminant de la réussite» c'est que l'on prépare l'échec du plan de développement. C'est en tout cas l'interprétation accordée à l'interdiction faite aux représentants de la presse indépendante de participer à cette manifestation. Les organisateurs ont même fermé hermétiquement les portes de la petite salle de conférence devant quiconque ne montrait pas patte blanche. Et lorsque le chargé de la communication s'inscrit aux abonnés absents, on est en droit d'affirmer qu'à ArcelorMittal, le plan d'investissement totalement financé par l'Etat algérien fait déjà parler de lui en termes d'application. Ce qui n'est pas rassurant pour les 4 800 salariés et leurs représentants. Tous ont à l'esprit le scandale ayant éclaboussé les responsables ArcelorMittal au Sénégal courant la fin de l'année 2014. Ce scandale à fort relent de corruption et d'argent sale implique le ministre de l'Industrie et des Mines et celui de l'Economie et des Finances du Sénégal. D'où les appréhensions des salariés et syndicalistes du complexe sidérurgique El-Hadjar quant à une éventuelle ruée des «frelons» sur les marchés relatifs à la réhabilitation des installations de production du Cseh. Dans une de ses déclarations, le directeur général du groupe industriel Sider et président du Conseil d'administration (CA) d'ArcelorMittal Algérie (AMA), Benabbas Ahmed, a affirmé qu'il reste encore beaucoup à faire en 2015 pour prétendre améliorer le niveau de production des installations au complexe sidérurgique El-Hadjar. Ce qui veut dire que la sidérurgie algérienne n'est pas prête de sortir la tête de l'eau. Par ailleurs, enfonçant le clou sur la gestion «nébuleuse» du plan d'investissement, des membres de l'actuel conseil syndical ont estimé qu'il y a un flou total sur le coût réel que nécessiterait la réhabilitation des installations de production. Pour l'heure on s'en tiendra à cette nouvelle stratégie de la communication appliquée par ArcelorMittal. Elle consiste à ne pas communiquer du tout avec les représentants de la presse particulièrement ceux trop curieux quant à connaître où va l'argent du peuple à un moment où le prix du baril de pétrole continue sa chute vertigineuse. «Cela ne concerne par le plan de développement à ArcelorMittal. Nous disposons déjà de l'enveloppe financière accordée par l'Etat pour la réhabilitation des installations de production au complexe sidérurgique», a indiqué le président du Conseil d'administration (CA) d'ArcelorMittal Algérie (AMA). Faudrait-il que cette enveloppe financière ne soit pas engagée dans des opérations bidons et qu'à la fin la production sidérurgique à El-Hadjar restera à son plus bas niveau. Rappelons qu'en 2014 cette production a difficilement atteint les 250 000 tonnes d'acier liquide.