Alors que plus de 5 000 salariés d'ArcelorMittal Algérie percevaient leur salaire du mois d'octobre, mardi dernier, après un retard de 4 jours généré par des difficultés financières de l'entreprise, l'économie algérienne ressemble, avec la baisse du baril de pétrole, à un marché boursier où les tradeurs ne parieraient qu'à très court terme. Dans la crainte aussi d'un krach présidentiel anticipé, les grands acteurs spéculateurs de l'économie étrangers cherchent en effet à engranger à tout instant des dividendes. Ainsi, alors que le rideau est levé sur une rude conférence sur le développement économique et social (CDES) voilà que retentissent les échos d'une querelle ArcelorMittal-gouvernement algérien sur l'avenir de la sidérurgie algérienne. Et même si pour certains observateurs, le grand patron ArcelorMittal ne serait pas intéressé par l'acquisition de l'important gisement de minerai de fer de Gara Djebilet et pour d'autres, ce point serait la condition sine qua non avancée par le numéro un de la sidérurgie mondiale. Il est aussi constaté qu'un climat de précarité sociale s'est installé dans la durée dans notre pays. Celle-ci se nourrit de la vie quotidienne d'un gouvernement composé majoritairement de membres eux-mêmes nécessitant une mise à niveau bien avant celle des entreprises. Selon nos sources, cette situation aléatoire est clairement apparue avec le bras de fer engagé entre le Ministre de l'Industrie et des Mines et le patron du groupe ArcelorMittal du Luxembourg. Ce dernier avait été reçu mardi, jour de l'ouverture de la CDES, en audience par le premier ministre Abdelmalek Sellal. Pour la consommation courante, les services du Premier ministère ont affirmé que lors de la rencontre, il a été question d'examen des relations de partenariat qu'entretient l'Algérie avec ce groupe sidérurgique à la lumière de la signature, en 2013, d'un nouveau pacte d'actionnariat. Ce dernier est qualifié d'être plus à même de renforcer la production du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Les mêmes sources ont affirmé que la question de la concession du minerai de fer de Gara Djebilet n'a pas été abordée lors de la rencontre à laquelle a assisté le ministre de l'Industrie. Les deux responsables ont soulevé le problème de l'accélération du plan d'investissement pour la réhabilitation des installations du complexe sidérurgique d'El-Hadjar. Le fait que le patron d'ArcelorMittal ait écourté son séjour implique que les discussions n'ont pas été riches en prise de décision concernant ces deux dossiers. Et quand on sait que le haut fourneau n°2 du même complexe est à l'arrêt depuis plusieurs mois et que la direction générale d'ArcelorMittal Algérie fait dans la résistance pour ne pas avoir à éprouver d'autres difficultés financières, il y a de quoi être inquiet. Pour bon nombre de cadres d'ArcelorMittal Algérie, ce n'est pas en continuant à discuter sur le retard mis dans la mise en route du plan d'investissement tant celui lié à la réhabilitation des installations de production sidérurgique que sur les opportunités de développement des mines que les problèmes seront aplanis. Il est même dit que les hésitations et reculades du Premier ministre algérien auraient déçu le grand patron ArcelorMittal. D'où sa décision de quitter Alger par jet privé quelques heures après son arrivée. Lakshmi Mittal pourra toujours se consoler avec la décision prise en commun (gouvernement algérien-ArcelorMittal) quant à la mise en place de deux commissions Arcelor-Sider pour finaliser l'étude des propositions. Mais tout porte à croire que la présence des Turcs sur la ligne de départ de la course à la concession Gara Djebilet gêne le patron du groupe ArcelorMittal. Et ce, même si en partenariat les deux entreprises, le groupe Sider (51%) et ArcelorMittal Algérie (49%), comptent investir un milliard de dollars dans le cadre d'un plan de développement adopté récemment par le Conseil des participations de l'Etat pour porter la production du complexe à 2,2 millions de tonnes d'acier par an. Ce tableau peu reluisant de la situation d'ArcelorMittal Algérie s'est éclairci quelque peu avec le redémarrage du HF n° 2. «Dans une dizaine de jours, il sera totalement opérationnel pour produire les coulées de fer», a affirmé un des techniciens en poste au niveau de cette installation névralgique dans la production du fer et de l'acier. L'autre information porte sur les suites accordées à la plainte déposée contre X au tribunal d'El-Hadjar par la direction générale il y a une dizaine de mois. Portant au titre de motif de troubles prémédités dans les activités du complexe ArcelorMittal El-Hadjar, cette plainte a connu un premier aboutissement. Nos sources affirment qu'un ancien syndicaliste serait l'instigateur des troubles récurrents qui ont imposé à la DG de saisir la centrale syndicale UGTA. Formellement identifié, le syndicaliste en question a des soucis judiciaires à se faire avec la convocation à comparaître devant un juge d'instruction qui lui a été adressée dernièrement.