«Je vais le dire en arabe soutenu, pour que ce soit bien traduit en hébreu, sachez que nous ne craignons pas la guerre. Nous la mènerons si elle nous est imposée et nous l'emporterons aussi», a clamé le n°1 du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah dans un discours prononcé dans la banlieue-sud ce vendredi, lors de la célébration du martyre des 6 résistants du Hezbollah et du colonel iranien à Quneitra, le 18 janvier dernier. Dans son discours, Sayed Nasrallah a établi plusieurs équations dans la confrontation avec l'ennemi sioniste : il a tenu entre autre à assurer que la résistance islamique n'est tenue par aucune règle d'engagement, ni par aucune division territoriale en place, et qu'elle est dans son plein droit, moral, légitime, et voire basé sur le droit international de faire face à toute offensive, là où elle veut tout au long de la frontière avec «Israël». Son éminence a aussi élargi le champ de riposte du Hezbollah : plus jamais l'assassinat de nos résistants ne passera sans riposte, contre chaque liquidation, que ce soit dans un attentat à caractère sécuritaire ou dans une opération militaire, nous vengerons leur mort, a-t-il mis en garde. Cet avertissement intervient en réponse aux menaces du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, dans laquelle, il a affirmé que ceux qui ont contribué à l'opération de Chébaa seront punis. Face aux «arabes aveuglés par la haine» et qui ont mis la cause palestinienne de côté, parce qu'ils veulent combattre «le régime syrien» , il a répliqué : quant à nous, nous n'oublierons jamais ni la Palestine, ni le peuple palestinien, ni la cause palestinienne. Au début de son allocution, il a tenu entre autre à remercier la solidarité exprimée par les Palestiniens toutes tendances confondues avec la résistance au Liban depuis le raid israélien meurtrier. Le commandant de la résistance a, aussi, tourné en dérision l'état d'alerte maximale dans laquelle Israël s'est plongé entre le jour de son raid de Quneitra et la riposte du Hezbollah dans les fermes de Chébaa et qui finalement ne lui a servi à rien. «Ils n'ont récolté que la déception et les regrets et nous la dignité et la victoire», a-t-il exalté. Principaux passages du discours de Sayed Nasrallah Au nom de Dieu le Clément, le Tout Miséricordieux Salutations et prières pour notre prophète Mohammad et sa sainte famille.(...) Au début je tiens à vous remercier pour votre participation dans cette cérémonie d'hommage à ces chers martyrs. Dans un premier moment, je m'adresserai aux familles des martyrs du raid israélien de Quneitra Secundo je vais parler de ce qui s'est passé ces derniers jours. Troisièmement, il sera question de l'opération d'assassinat à Quneitra. En quatrième position, je parlerai de l'opération de résistance dans les hameaux de Chébaa occupés. Et en fin, je donnerai les conclusions et les positions qui s'en suivent. Les remerciements pour tous. Je m'adresse donc aux familles des martyrs pour leur présenter d'abord mes condoléances pour la perte de leurs chers proches et fils et pour leur formuler aussi mes félicitations pour les grands honneurs qui leur seront accordés dans l'Au-delà pour leurs sacrifices consentis sur cette voie... Je remercie aussi tous ceux qui ont fait part de leurs condoléances et félicitations partout dans le monde : du Liban, la Palestine, la Syrie, l'Irak, la Tunisie, la Mauritanie (...) Et je salue tous ceux qui ont fêté l'opération de résistance de Chébaa... Je remercie en particulier les moudjahidines et les combattants de la résistance islamique au Liban qui ont été à la hauteur de la responsabilité dès les premiers moments de l'assassinat de Quneitra... Je remercie notre cher peuple libanais aussi, surtout le public de la résistance et tous ceux qui la soutiennent, et tous ceux qui, dès les premiers moments de l'assassinat, ont participé aux obsèques malgré les défis sécuritaires et ont soutenu la résistance quelque soient les options qu'elle voulait prendre... Comme de coutume, à chaque grand danger traversé, ce peuple et ces gens ne nous déçoivent jamais et font preuve de sens de responsabilité et de courage à la hauteur des attentes. Ils méritent sans cesse que nous les clamions : vous êtes les gens les plus honorables, les plus fidèles... Il est aussi de notre devoir dans cette célébration de saluer les martyrs de l'armée libanaise héroïque qui sont tombés en martyre dernièrement à Ra's Baalbek, alors qu'ils défendaient les premières lignes de défense du Liban face aux groupuscules takfiristes, lesquels s'avèrent de jour en jour traduire la volonté des israéliens et continuer leur projet... Nos remerciements et salutations aux familles de ces martyrs aussi. Revenons aux martyrs de l'opération de Quneitra Au martyr commandant Mohammad-Ali Allahdadi, au martyr commandant Mohammad Issa, au martyr combattant Jihad Moughniyyé, au martyr combattant Ali Hijazi, au martyr combattant Mohammad abou al-Hassan, au combattant martyr... A ces martyrs, nous nous adressons pour leur exprimer nos meilleurs sentiments d'amour et de reconnaissance... En toute sincérité, nous leur disons soyez bénis, soyez bénis... Vous êtes choyés pour ce que vous avez atteint. Nous prions Dieu qu'il nous accorde à nous aussi, un jour qu'il aura choisi, ces honneurs qu'il vous a accordés (...) Au fil des générations : des martyrs, de père en fils Les martyrs dans l'opération de Quneitra illustrent très bien les générations que la Résistance islamique a connues. Nous en sommes peut-être à la 3e ou à la 4e génération. C'est la preuve de la continuité, de la présence des commandants de la première génération aux côtés des combattants de la dernière. Ceci illustre qu'il y a des familles en entier qui appartiennent à l'école du jihad et du martyre... Lorsque ce groupe comprend des fils de martyrs à l'instar de Jihad Moughniyé, fils du martyr le commandant Imad Moughniyyé, d'Ali Hassan Ibrahim, fils du martyr Hassan Ibrahim, d'Abbas Hijazi qui est le gendre du martyr commandant Abou Hassan Dib, et dont le père décédé le jour même de son martyre faisait partie de la première génération des résistants. Ce sont de familles en entier qui se sont présentées sur le devant de la scène et se sont données en martyrs... Les martyrs de Quneitra incarnent à travers le mélange entre le sang iranien avec le sang libanais sur le sol syrien l'unité de la cause, du destin et de la bataille, cette unité altérée par les gouvernements et les courants politiques ainsi que par les contradictions et les conflits, lesquels n'ont abouti qu'aux défaites dans les années 60. Or, le sang les a unifiés de nouveau, au Liban, en Palestine, en Syrie et depuis nous sommes entrés dans l'ère de la victoire. Contrairement à tout ce qui a été écrit et dit et diffusé comme rumeurs, ces martyrs sont la preuve que les combattants du Hezbollah resteront à jamais du côté de la résistance contre Israël, voire à l'avant-garde de ce combat, et rien ne les écartera de cette voie... La situation depuis 1948 : l'arrogance israélienne Hélas depuis des décennies, depuis 1948 au moins, notre région, ses gouvernements et peuples ensemble souffre d'une maladie cancérigène qui s'appelle Israël, c'est une tumeur de cancer, le virus de la déchéance, le prototype de l'arrogance. Oui Israël a été ainsi pendant des décennies... Israël se comporte avec davantage d'impertinence et de déchéance En Palestine, en plus de l'occupation des lieux saints de l'Islam, il se permet de saccager toute la Cisjordanie sous prétexte de chercher trois colons et détruit la Bande de Gaza, en plus il usurpe les lieux saints et menace la mosquée al-Aqsa, il séquestre des milliers de palestiniens, et violent les droits élémentaires de ce peuple. En Syrie, il occupe toujours le Golan et tire profit de la guerre là-bas en l'attisant sans cesse, en accordant son soutien aux milices armées dans le but de détruire la Syrie et l'armée syrienne. Il se permet de bombarder les positions syriennes sur le sol syrien, sanas être inquiété. Au Liban en plus de l'occupation des fermes de Chébaa, il ne reconnait même pas la résolution 1701, que certains sacralisent, il viole l'espace aérien libanais, pilonne quand bon lui semble sur le sol libanais, et se permet de commettre les liquidations dans les villes libanaises, comme cela s'est passé avec notre martyr commandant Hassan Lakkis... Aujourd'hui, l'Israélien se trouve dans une situation à travers laquelle il peut tout se permettre... Aucun obstacle ne l'entrave... Il profite de la conjoncture régionale : les guerres qui sévissent, la situation sécuritaire exécrable, les déchirures qui entament nos sociétés, les séditions qui se généralisent et surtout l'absence totale des pays arabes dans le sens d'une volonté arabe unie. Ce qu'on appelle la Ligue arabe n'illustre nullement cette volonté qui est totalement inexistante dès qu'il s'agit des causes arabes. Ce n'est pas nouveau d'ailleurs, et nous n'avons jamais misé sur cette situation qui ne cesse désormais de s'aggraver. Je le dis aux peuples arabes il n'y pas de Ligue arabe. Oui il y a des arabes : ceux qui affrontent les défis en Syrie, au Liban, en Palestine, sont bel et bien des Arabes. Mais pas des arabes dans le sens politique officiel ... Dans le sens de la politique officielle indépendante. Curieusement, sauf lorsque la bataille se situe au sein des pays arabes : au Yémen, en Libye, en Syrie, au Sinaï comme aujourd'hui, que l'argent arabe se pointe, que les Arabes se concertent et se mettent d'accord. Mais pas quand elle se situe contre Israël. L'expérience de la guerre Gaza l'an dernier est témoin de cette absence. C'est la situation actuelle dans laquelle se trouvent confrontés les mouvements de résistance, au Liban et Palestine et l'axe de la résistance. C'est dans ce climat de l'ennemi et de l'ami qu'est intervenue l'opération d'assassinat à Quneitra.