La réussite scolaire des enfants inscrits dans l'école publique algérienne ne vaut-elle pas un compromis entre la tutelle, comme on l'appelle, c'est-à-dire le ministère de l'Education nationale, et les syndicats qui appellent à la grève pour des revendications que tout le monde reconnaît comme légitimes ? Que la grève soit faiblement suivie comme le prétend le ministère ou qu'elle le soit massivement, comme le clament les syndicats, où est la différence, s'agissant des intérêts des enfants scolarisés ? Un responsable au sein du ministère a affirmé que le mot d'ordre de grève a été suivi par 15 000 enseignants, tous paliers confondus, sur plus de 201 000 enseignants, mais cela est suffisant pour que le mouvement produise un impact «négatif» sur les élèves et l'école algérienne «en général», comme le reconnaît ce même responsable. Car quel que soit le taux de suivi du mot d'ordre de grève, il n'en reste pas moins que les cours sont perturbés et cela suffit pour compromettre le bon déroulement de l'année et, pis encore, la bonne préparation des épreuves de fin d'année pour ceux qui ont des examens à passer. L'administration juge la grève illégale et les syndicats disent qu'elle est réussie. On voit que même l'appréciation de la grève en elle-même contribue à creuser le fossé au sein de la famille éducative alors qu'elle doit être unie et converger vers un même objectif qui est la formation des élèves. En réalité, il y a une escalade et le conflit au lieu de s'acheminer vers un dénouement conforme aux intérêts de toutes les parties concernées et en premier les élèves, va, au contraire, vers un durcissement. Les syndicats demandent juste la «correction des défaillances» contenues dans les statuts du secteur de l'éducation sans recourir à leur modification qui prendrait cinq ans selon la ministre, et celle-ci annonce que la loi sera appliquée avec vigueur contre les enseignants grévistes. Le pourrissement de la situation de l'école à ce moment précis de l'année scolaire ne va dans l'intérêt de personne. Mais le langage de la raison pourra-t-il être vite retrouvé par les deux parties ?