En effet, le gouvernement internationalement reconnu croit toujours en une solution militaire, comme le montrent les combats en cours à Tripoli depuis la fin de la semaine dernière. Pour la communauté internationale, la priorité est aujourdʼhui la consolidation des quelques avancées obtenues, afin de faire face à l'influence croissante de l'Etat islamique et dʼAnsar al-Charia. Dans un tel contexte, l'attaque de Tripoli par l'armée nationale, commandée par le général Khalifa Haftar, complique la situation. Ce dernier serait passé à lʼaction après avoir reçu le soutien du Premier ministre, Abdallah al-Thani, au terme dʼune réunion tenue le 20 mars au siège de lʼétat-major dans la localité dʼAl-Marj, à lʼest de Benghazi. Cette offensive militaire se déroule sur quatre axes : Al-Watiya, Al-Azizia, Zawiya et Kassarat, sous le commandement du général Massoud Rahouma. Selon des sources locales, l'armée libyenne a rapidement obtenu des résultats, atteignant la zone du pont de Zahra, à une vingtaine de kilomètres de la capitale, et infligeant aux milices de Misrata «Aube de la Libye» de lourdes pertes. Pour sa part, l'émissaire de l'ONU, Bernardino Leon, sʼest rendu à Tobrouk pour rencontrer le président du Parlement, Akila Saleh Issa, afin de tenter d'arrêter l'escalade militaire, qui menace le processus de dialogue national et pourrait faire le jeu des organisations djihadistes. Une mission effectuée avec le soutien des ambassadeurs des Etats-Unis et la Grande-Bretagne, hostiles à l'option militaire. Bernardino Leon aurait même menacé le chef du Parlement de sanctions diplomatiques de la communauté internationale, qui pourrait ne plus reconnaître sa légitimité, si lʼoffensive du général Khalifa Haftar ne sʼarrêtait pas. En réponse, les autorités libyennes ont organisé une grande réunion à Tobrouk, le 21 mars, avec la participation de près de 250 chefs de tribus de Cyrénaïque et du Fezzan, qui ont condamné les pressions exercées par l'émissaire de l'ONU. Les participants ont rejeté le dialogue de Skhirat et fait savoir quʼils ne reconnaîtraient aucun gouvernement dʼunion qui conduirait à l'éviction du général Khalifa Haftar. Selon une source diplomatique occidentale, Bernardino Leon a également abordé avec Akila Saleh Issa une proposition, formulée par le Congrès général national (Parlement concurrent reconnu par les milices islamistes), de fusion des deux assemblées, qui permettrait de former un nouveau gouvernement unique. Parmi les personnalités pressenties pour former un tel gouvernement, on cite les noms dʼAbdallah Salem al-Badri, secrétaire général de lʼOpep, Moustapha Abou Chaghour, personnalité proche des islamistes, Aref Nayed, ambassadeur de Libye aux Emirats arabes unis et collaborateur de l'ancien Premier ministre Mahmoud Jibril. Mais les deux parties seraient encore loin dʼun quelconque accord. (Suite et fin)