Une information inquiétante en date du 19 avril 2015 du FMI reprise par l'agence américaine Bloomberg. Les réserves de change de l'Algérie établies à 178 milliards de dollars fin 2014 auraient baissé de 11,6 milliards de dollars en janvier 2015, après avoir puisé 15,6 milliards de dollars entre juillet et décembre 2014, ne restant donc au 31/12/2015 que 156 milliards de dollars. A ce rythme, selon Bloomberg, les avoirs de l'Algérie en devises étrangères seront consommés en 15 mois. Par ailleurs, la Direction générale des Douanes (DGD) a annoncé le 20 avril dernier, qu'au premier trimestre 2015 une baisse de 9,06% des importations et de 30,1% des exportations avec un déficit de la balance commerciale de 1,73 milliard de dollars et donc un déficit de la balance des paiements en 2015 plus importants . Aussi, avec les scandales financiers de Sonatrach, l'autoroute Est- Ouest sans compter d'autres scandales souvent non médiatisés par la presse, montrent l'urgence du contrôle efficace qui doit avant tout se fonder sur un Etat de droit, avec l'implication des citoyens à travers la société civile, une véritable opposition sur le plan politique, une véritable indépendance de la justice, des organismes techniques indépendants, devront être accompagnés par une cohérence et une visibilité dans la démarche de la politique socio-économique et donc d' un renouveau de la gouvernance. 3.-Qu'en a-t-il été en réalité du contrôle et la lutte contre la corruption, devant s'attaquer à l'essentiel et non au secondaire, c'est-à-dire le fonctionnement réel de la société, l'Algérie ayant les meilleures lois du monde mais rarement appliquées, avec des institutions de contrôle qui se télescopent dont certaines dépendant de l'exécutif étant juge et partie alors que leur indépendance est primordiale. Ainsi a été adoptée entre 2010/2012 la Loi relative à la prévention et à la lutte contre la corruption prévoyant la création d'un Office central de répression de la corruption (OCRC), qui vise «la consolidation des règles de transparence, de probité et de concurrence loyale concernant les marchés publics. Comme il a été procédé durant cette période à l'adoption d'autres textes de loi traitant, également, de la lutte contre la corruption, ainsi qu'à la répression des infractions de change et des mouvements des capitaux vers l'étranger. Dans tous les pays du monde où existe un Etat de droit, la Cour des comptes est une institution hautement stratégique et est composé de 100 magistrats financiers ne pouvant pas contrôler environ 17 000 entités (administration et entreprises publiques), notant qu'uniquement le contrôle de Sonatrach nécessiterait 200 magistrats financiers. Ayant eu l'occasion de visiter ces structures au niveau international et de diriger en Algérie par le passé ( en 1982 pendant la présidence de feu docteur Amir, ex-secrétaire général de la présidence de la République ), trois importants audits sur l'efficacité des programmes de construction de logements et d'infrastructures de l'époque, sur les surestaries au niveau des ports et les programmes de développement des wilayas, en relation avec le ministère de l'Intérieur, et celui de l'Habitat assisté des 31 walis de l'époque, je ne saurais trop insister sur son importance en évitant, comme par le passé, qu'elle ne soit pas instrumentalisée à des fins politiques, expliquant d'ailleurs ma démission fin 2003. Comme je ne ne saurais trop insister que le contrôle efficace doit avant tout se fonder sur un Etat de droit, avec l'implication des citoyens à travers la société civile, une véritable opposition sur le plan politique, une véritable indépendance de la justice, tout cela accompagné par une cohérence et visibilité dans la démarche de la politique socioéconomique, un renouveau de la gouvernance au niveau global afin de délimiter clairement les responsabilités. Concernant les responsabilités, il y a lieu de tenir compte que l'Algérie est toujours en transition depuis 1986 ni économie de marché, ni économie planifiée, existant un lien dialectique entre la logique rentière bureaucratique et l'extension de la sphère informelle qui draine plus de 50% de la masse monétaire en circulation et accapare autant pour la superficie économique ( voir mon étude réalisée pour l'Institut Français des Relations Internationales IFRI décembre 2013 – « poids de la sphère informelle au Maghreb). C'est cette interminable transition qui explique les difficultés de régulation, avec une tendance nettement affirmée, depuis 2009, à un retour à la gestion administrée bureaucratique, posant d'ailleurs la problématique de la responsabilité du manager de l'entreprise publique en cas d'interférences ministérielles, donc du politique, où la loi sur l'autonomie des entreprises publiques de 1990 n'a jamais été appliquée, car la majorité des cadres algériens sont honnêtes. Dans ce cas, la responsabilité n'est-elle pas collective et renvoie au blocage systémique, les managers prenant de moins en moins d'initiatives ? Cela explique la bureaucratisation de la société et la déperdition des entreprises productives 3.-Quelle conclusion ? Sans vision stratégique en ce monde turbulent, instable, mondialisée, certains responsables habitués à dépenser sans compter, rêvent du retour d'un cours du pétrole à plus de 100 dollars alors que d'autres pensent que des lois ou nouvelles organisations, avec des changements de cadres juridiques qui ont un coût important en plus de la démobilisation, peuvent changer le fonctionnement de la société. L'histoire économique mondiale montre clairement que sans entreprises publiques, privées locales ou internationales créatrices de valeur ajoutée interne, compétitives en termes de coût et qualité, sans la valorisation de la connaissance, dans le cadre des filières internationales, un pays peut investir des dizaines de milliards de dollars dans les infrastructures qui ont constitué plus de 70% de la dépense publique entre 2000/2014 en Algérie, qui ne constitue qu'un moyen , sans connaître de développement, voire régresser. Ainsi, si l'Algérie échoue à diversifier leur économie en différant les réformes institutionnelles et microéconomiques, le cadre macroéconomique actuel étant artificiellement stabilisé par la rente des hydrocarbures, au rythme de la dépense publique, l'on irait vers l'épuisement du Fonds de régulation des recettes et des réserves de change. Nous aurons les séquences suivantes : épuisement successivement du fonds de régulation des recettes, des réserves de change, pénurie de recettes fiscales, des difficultés croissantes pour financer les importations, les investissements publics et la demande sociale en récession, le retour à l'inflation avec l'inévitable dévaluation officielle du dinar, la détérioration du pouvoir d'achat de la majorité et la progression du chômage. Comme conséquence finale une diplomatie en berne, l'Algérie ne pourra jouer le rôle de stabilisateur au niveau de la région, et des troubles sociaux avec des possibilités d'interférences étrangères. Espérons que la raison l'emportera pour nous éviter ce scénario. Quand nos responsables, loin de la culture rentière bureaucratique comprendront que la structure des sociétés modernes qui dominent le monde se bâtit d'abord sur une morale, le développement des libertés fondement de toute initiative créatrice, en fait les principes universels de bonne gouvernance