Le match ASO Chlef-MC Oran s'est achevé à l'avantage des locaux mais là n'est pas l'objet des propos qui suivent. Le sujet a plutôt trait à une fâcheuse habitude adoptée par certains correspondants de presse et animateurs de chaînes radios et télévisions des émissions sportives, qui usent trop souvent, à tort et à travers, du terme «derby». Et pour cause : ces journalistes sportifs n'hésitent pas à qualifier de derby une empoignade entre deux clubs de deux régions distantes de plus de 200 km ! Pourtant, comme l'a signalé récemment un fidèle auditeur d'une émission sportive de la Chaîne III, en l'occurrence Hadj Benbouali de Chlef, le mot derby très souvent employé à la légère, signifie dans la langue française «rencontre sportive entre deux équipes voisines» (Larousse). Et pour illustrer nos propos, sur cette confusion entretenue, prenons l'exemple du club de l'ASO. Benbouali se faisant fort de rappeller aux correspondants sportifs que la région de Chlef a été affiliée à la Ligue d'Alger de football, via son représentant sportif l'ASO, depuis la création du club en 1947, et géographiquement depuis le découpage des trois régions d'Algérie, à savoir Alger, Oran et Constantine fait par l'administration coloniale. Autrement dit, la région de Chlef et auparavant El Asnam, Orléansville, dépendait de la zone de l'Algérois et de la préfecture d'Alger (wilaya) jusqu'à la création du département d'Orléansville en janvier 1956. En outre, poursuit Benbouali, Chlef a été durant la guerre de libération nationale, le chef-lieu de la wilaya 4 historique avant qu'Alger ne devienne zone autonome par la suite. Et pour en revenir au terme derby qui désigne, donc, une empoignade sportive entre deux contrées avoisinantes, considérons la séparation kilométrique entre Chlef et les villes suivantes tel qu'en a fait part l'honorable auditeur chélifien : Chlef-Oran : 218 km Chlef-Tlemcen : 333 km Chlef-Bel-Abbès : 242 km Chlef-Saïda : 226 km Chlef-Blida : 159 km Chlef-Alger : 202 km Premier constat : «Selon vous, chers lecteurs, quelles sont les rencontres entre les clubs sportifs de ces régions avec l'ASO qui sont censées être qualifiées de matchs derbies ?». Aucune, vous en convenez aisément et pourtant les journalistes sportifs ne cessent de taxer de derby, les rencontres ASO-MCO, par exemple, deux régions distantes de plus de 200 km, c'est-à-dire de 218 km ! On néglige le fait qu'Alger est à 202 km de Chlef (et aujourd'hui beaucoup moins encore à la faveur de la nouvelle autoroute reliant les deux villes en deux heures de trajet). Comme il convient de rappeler encore que la wilaya actuelle de Chlef est intégrée à la région Nord-Centre, selon le schéma national d'aménagement du territoire qui regroupe : Chlef, Aïn Defla, Blida, Médéa, Tipasa, Alger, Boumerdès, Bouira, Tizi Ouzou... (voir le schéma d'aménagement du territoire national). Et pour ce qui a trait à la polémique que l'on voit souvent s'attiser à chaque rencontre ASO-MCO, et ce depuis 2008 suite à la relégation du MCO, Hadj Benbouali a fait part, qu'il aurait bien voulu entendre les commentaires des journalistes sportifs qui ne s'étaient pas interrogés à l'époque sur le fait que l'ASO n'ait pas combiné le résultat du match en faveur du club oranais vu qu'ils considéraient et considèrent toujours les deux teams comme étant «deux voisins» qui s'affrontent dans un «derby»... à 218 km ? Ce qui pouvait sous-entendre que ces «clubs voisins» pouvaient s'entendre sur l'issue du match afin d'éviter la relégation du MCO club-phare de la capitale de l'Oranie. Mais il n'en fut rien, et à l'époque on aurait bien voulu entendre, aussi, les réactions des clubs concernés par la relégation tels le NAHD et l'USMB qui avaient échappé belle, alors ?... En un mot, Chlef a toujours fait partie de l'Algérois et pour la petite anecdote, un passager dans la région durant le mois de Ramadhan peut déguster de la «chorba» mais au-delà de Chlef, c'est la «hrira» qui est caractérise de l'Oranie, et par ailleurs, sur le plan du langage, dans toute la wilaya du Chélif on ne prononce pas l'inflexion «Goulleh» (dis-lui) mais «Goullou». En outre sur le plan de l'Etat civil, la quasi majorité des Chélifiens entretiennent des liens avec les contrées de l'Algérois surtout jusqu'en Kabylie : un historique quartier du centre-ville de Chlef s'appelle «zenket Zouaoua», tandis que le littoral chélifien est berbérophone, entretenant des rapports avec diverses régions berbères de l'Algérois. Cela n'est point dit pour dissocier le Chéliff de l'Oranie mais seulement, il faut rendre à César ce qui appartient à César : Chlef n'a jamais fait partie de l'Oranie et c'est après l'avoir amputé de ses contrées de l'Algérois, à savoir Cherchell, Aïn Defla, Khemis-Miliana et autres que probablement des milieux apparatchiks animés de dessins obscurs ont cherché, par la suite, à classer ou repousser la région de Chlef dans l'Oranie... De grâce messieurs, ne leurrez pas nos enfants assoiffés de savoir et de culture de bonne facture non puisés dans les marges de l'incertitude et la duperie. Et que l'on ose plus parler de derby entre deux contrées distantes de plus de 150 km afin d'éviter le ridicule de la chose. Les journalistes sportifs, il est vrai qu'ils ne font que reprendre ce que des officiels cherchent à faire accréditer en voulant à tout prix «ranger» Chlef dans l'Oranie, et pour cela ils ne devront nullement ne pas se sentir concernés lorsqu'il s'agira de rendre compte à l'avenir de leurs frasques auprès de la population de toute une wilaya, qui refuse cette mystification.