Le principal accusé dans l'affaire Khalifa Bank, Abdelmoumène Khelifa a nié jeudi en bloc les charges retenues contre lui par le représentant du ministère public, près le tribunal criminel de Blida, notamment la gestion de Khalifa Bank. «Les différentes agences de Khalifa Bank étaient libres de fixer le taux d'intérêt», a répondu l'accusé en réponse aux charges retenues contre lui par le procureur général près du tribunal criminel de Blida, Mohamed Zergue Erras, au quatrième jour du procès. Relevant avoir été membre de l'Association des banques et des finances (Abef) dans le cadre de laquelle, il n'a jamais eu de «souci», l'accusé a été, par ailleurs, interrogé sur le «non paiement» des impôts par la Khalifa Bank. A ce propos, Abdelmoumène Khelifa a soutenu que le paiement s'effectuait au moyen de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), ajoutant avoir bénéficié des exonérations d'impôts dans le cadre des mesures incitatives accordées par l'Agence nationale de promotion des investissements. A la question de savoir les raisons des remplacements continus des cadres et gestionnaires des différentes sociétés du groupe ainsi que de leur transfert entre celles-ci, l'ex-milliardaire déchu a indiqué que cela faisait partie de «la politique» de gestion du groupe. «Est-ce l'argent des placements qui a servi à l'achat de l'immobilier, en un laps de temps quasiment identique, par les responsables et cadres de la Khalifa Bank», s'est interrogé le représentant du ministère public. «La banque avait pour habitude d'octroyer des crédits à ses employés à cet effet», a répondu en toute assurance Abdelmoumène Khelifa. Interpellé sur le transfert des fonds d'Alger vers Oran qui s'effectuait par Khalifa Bank sans autorisation du ministère de l'Intérieur et des Collectives locales, l'accusé a indiqué qu'«aucune loi n'interdisait ce type d'activités» et que la défunte banque «disposait, de toute façon, de sa propre société pour ce faire». «De plus, nous avions un contrat avec l'entreprise publique Amnal de transport de fonds, lesquels s'effectuait en fin de chaque journée depuis l'ensemble de nos agences bancaires vers la caisse principale de l'agence principale, avant d'être déposés le lendemain matin à la Banque d'Algérie», a-t-il ajouté. Affirmant que la majorité des entreprises publiques détenaient des comptes à Khalifa Bank, Abdelmoumène Khelifa a réitéré, plus d'une fois, n'avoir jamais enfreint la réglementation s'agissant du «contrôle de change». Le procureur de la République l'a interpellé sur d'autres innombrables détails non contenus dans l'arrêt de renvoi. Le juge Menouar a dû le rappeler à l'ordre plus d'une fois en vue de s'en tenir au contenu de ce document. Le procès après cassation de l'affaire Khalifa Bank s'est ouvert lundi au tribunal criminel de Blida, huit années après le premier procès en 2007 au niveau du même tribunal. Au total, 71 prévenus, dont 21 détenus en plus de l'accusé principal Abdelmoumène Khelifa, comparaîtront pour la deuxième fois lors de ce procès qui verra, par ailleurs, la présence de plus de 300 victimes et partie civile. Abdelmoumène Khelifa auditionné par la défense des accusés Le principal accusé dans l'affaire Khalifa Bank, Abdelmoumène Khelifa a été auditionné jeudi au tribunal criminel de Blida par la defense de nombreux accusés dans cette affaire. L'accusé a été interrogé sur des détails déjà évoqués par le président du tribunal, Antar Menouar tel le crédit dont il aurait bénéficié de la BDL (agence de Staouéli) et les billets d'avion qui auraient été remis gracieusement à des responsables d'institutions publiques pour voyager à bord des avions de Khalifa Airways contre le dépôt des fonds de leurs sociétés à Khalifa Bank. Des avocats lui ont posé des questions sur des aspects juridiques relatifs à la création et la gestion de la banque tel l'amendement de ses statuts, le changement du PDG, et la relation de l'accusé avec leurs clients insistant sur le fait qu'ils aient bénéficié d'avantages comme mentionné dans les accusations. L'accusé a reproduit les mêmes réponses données au président du tribunal depuis son interrogatoire mercredi et nié, à chaque fois, avoir accordé des avantages aux accusés. Abdelmoumène Khelifa a demandé au président du tribunal de lui accorder un peu de temps jusqu'à la fin du week-end pour tenter de se remémorer certains détails ajoutant que sa défense devait consulter les documents remis à la justice par le liquidateur de la banque. Les accusations retenues contre Khelifa étant graves, le juge a répondu que l'accusé était en droit de se défendre. Répondant à la défense de l'accusé mécontente du rejet par le juge de ses objections, le juge a dit que ce qui arrive lors de l'audience sont des «procédures et non des tirs croisés», comme perçu par la défense. Il y a eu du chahut dans la salle d'audience lorsque l'avocat, Khaled Bourayou qui défend l'accusé Idir Isser, ex-directeur de l'agence de Staouéli a interrogé Khelifa sur deux crédits d'une valeur de 71 millions et 2 millions DA qu'il aurait perçus selon les déclarations de son client devant la police judiciaire en 2004. Il a commencé par lire le rapport de la police judiciaire avant que la défense de Abdelmoumène Khelifa, Me Nacer Eddine Lezzar n'intervienne en lui demandant de «cesser de lire le rapport car il concerne l'affaire de 2007». Me Bourayou a riposté violemment, une réaction incomprise par la presse qui occupait des sièges au fond de la salle tandis que la défense du principal accusé a rétorqué sur le même ton qu'il n'«avait pas le droit de menacer son client». L'audience a été suspendue pendant 15 minutes par le président du tribunal. Khelifa a été interrogé par les avocats de plusieurs autres accusés notamment sur la relation de leurs clients avec l'accusé et les accusations retenues contre eux. Me Nacer Eddine Lezzar qui avait 66 questions à poser à son client a demandé au juge s'il pouvait reporter sa plaidoirie à dimanche prochain. Une requête acceptée par le président du tribunal. Avant la levée de la séance, le président du tribunal a annoncé que le procès devrait se poursuivre dimanche prochain et, probablement, sans interruption durant les week-end à venir.