Avant-hier, un jeune élève de 17 ans a été tué par son camarade devant la porte du lycée Benameur-Mohamed à Bousfer, dans la wilaya d'Oran. Les coups de couteau assénés par l'agresseur à la victime lui ont été fatals. Ce drame s'ajoute aux milliers de cas de violence enregistrés dans nos établissements scolaires. Alors que les bilans de la violence sont vraiment alarmants, le «garrot» posé semble insuffisant pour arrêter l'hémorragie. Selon les premières informations, une altercation a éclaté entre les deux élèves qui ont quitté le lycée à midi. Alors qu'ils attendaient le bus pour regagner leur village, l'agresseur a assaini trois coups de couteau à son camarade. Atteint à la jambe, au bras et au cœur, l'élève a succombé à ses blessures. Pour l'instant, le mobile de ce meurtre reste inconnu dans l'attente des suites de l'enquête. La violence dans le secteur de l'éducation a été soulevée par l'inspecteur général du ministère. Ce dernier, qui était l'invité de la rédaction de la Chaîne III, a donné un bilan alarmant, indiquant que quelque 40 000 cas de violence ont été recensés en 2014. Lors de l'émission, il est signalé environ 6 000 cas de violence d'élèves à l'encontre de professeurs et que 4 000 autres sont le fait d'étudiants à l'encontre des enseignants. «Il y a, aussi, les violences opposant les élèves eux-mêmes», observe l'inspecteur pour qui il y a «transgressions à l'ordre scolaire». Durant l'émission, il est, d'autre part, fait mention d'actes de vandalisme, de violences physiques, de rackets, mais également d'usage de stupéfiants et de consommation d'alcool (132 cas mis à jour). Estimant que la responsabilité de ces situations est partagée, M. Medjadi impute certaines parmi elles à l'environnement «difficile» de certaines écoles, au laisser-aller de parents et d'enseignants, à l'absence de contrôle des élèves au moment de leur accès dans les établissements d'enseignement, mais également, précise-t-il, au programme de l'éducation qui n'a pas fonctionné. Lors de l'émission sont citées des situations concrètes de cette violence ; par exemple, l'utilisation de fumigènes à l'intérieur d'une école à Baraki a engendré de sérieux dégâts à deux classes. Des incidents similaires ont, aussi, été observés dans deux autres établissements, à Blida et Hussein Dey, dont les parents ont dû payer les frais de dédommagement pour les dégâts occasionnés et leurs enfants traduits devant des conseils de discipline. Pour tenter de cerner et d'endiguer ces phénomènes, M. Medjadi signale qu'un vaste mouvement de réflexion a débouché sur la nécessité d'instituer un plan de prévention. «Il s'agit, précise-t-il, de former les enseignants à mieux gérer les classes et à prévenir et gérer les conflits pouvant y survenir. «Nous allons, dit-il, introduire des psychologues dans les lieux d'enseignement et mettre en place des conseils d'orientation.» D'un autre côté, il annonce la décision du ministère de l'Education d'établir une coopération de partenariat avec les ministères de la Jeunesse et de la Culture. Pour changer le «mode de gouvernance de l'école», M. Medjadi estime, par ailleurs, qu'il y a lieu de développer les activités culturelles, sportives et de loisir, «des aspects, regrette-t-il, sur lesquels nous avons jusqu'ici échoué». Ce drame n'est pas le premier du genre et ne sera pas certainement le dernier en raison de la situation désastreuse qui prévaut dans nos établissements scolaires. La ministre de l'Education dont les compétences ne sont pas à présenter se voit heurtée à des contraintes souvent idéologiques et peine à remettre de l'ordre dans son département. Malgré la confiance placée en sa personne par le chef de l'Etat et le Premier Ministre, Mme Benghebrit a besoin de temps et surtout de plus de soutien pour pouvoir sauver l'école algérienne.