La violence à l'école s'est banalisée, au point que dans certains cas, des établissements entiers ont été pris en otage par des élèves. Professeurs battus, agressés, élèves battus également et agressés autant par d'autres élèves que par leurs professeurs;c'est en fait le menu quotidien dans les écoles algériennes, reconnaît Medjadi Messeguem inspecteur général au ministère de l'Education nationale. La violence à l'école a été, largement, abordée, hier, dimanche, à la Radio nationale par M. Messeguem, pour qui la responsabilité de cette situation « incombe autant à l'école qu'aux parents d'élèves». Le chiffre de 40.000 cas de violence répertoriés, au sein des établissements scolaires, en 2010, en Algérie, serait «aujourd'hui largement dépassé, estime-t-il. Sans citer de chiffres, le même responsable au ministère de l'Education nationale, qui se réfère aux chiffres de 2010, estime que ceux-ci dépassent «largement la réalité, et sont en train de prendre de l'ampleur». Selon lui, la violence dans les établissements scolaires, en Algérie, concerne autant le binôme «enseignants-élèves» que celui «élèves-élèves». Parfois, «cette violence met en rapport l'enseignant avec l'élève, et parfois les élèves entre eux. Il admet, également, que les élèves en viennent parfois à «agresser leurs professeurs», estimant qu'à ce niveau, l'éducation parentale joue, beaucoup, dans la prévention de ce phénomène dans les écoles algériennes. Les chiffres actuels font état, selon M. Messeguem, de 6.000 cas de violences (ou d'agressions) d'élèves contre leurs enseignants. Mais, les cas les plus récurrents sont ceux opposant les élèves entre eux, dans l'environnement immédiat des écoles et lycées. D'autre part, M. Messeguem explique en partie cette violence par la prolifération de la consommation de stupéfiants, aux abords des écoles et lycées, par des élèves, la consommation d'alcool, alors que des phénomènes de déviance sociale apparaissent. Au moins 132 cas de consommation d'alcool et de stupéfiants ont été répertoriés dans des écoles. La responsabilité « est partagée » dans cette situation, estime M. Messeguem qui l'impute, autant aux parents, qu'aux enseignants et au système éducatif, en général. En outre, il y a le laisser-aller des parents et des directeurs d'école dans cette situation de violence, qui entoure les écoles algériennes, dont certains sont dans un «environnement difficile ». La semaine dernière, deux classes d'un lycée à Baraki ont été ravagées par les flammes, suite à des jets de fumigènes au sein de l'établissement par des élèves. Pourtant, il y a un peu plus d'une année, en janvier 2014, l'ex-ministre de l'Education nationale Abdellatif Baba Ahmed avait minimisé cette éruption de violence qui a, pratiquement, submergé toutes les écoles d'Algérie. Devant les parlementaires, il avait affirmé, avec assurance, que les cas de violence en milieu scolaire étaient «infimes», ajoutant que les services concernés «traitent ces cas, en temps réel, conformément aux mécanismes éducatifs et juridiques en vigueur». «Les rapports qui parviennent au secteur ne traduisent pas l'ampleur de la situation telle que décrite par certaines sources», a encore souligné l'ex ministre. En décembre 2014, un groupe de travail, au ministère, avait été installé et chargé de la mise en place de mécanismes et d'un plan d'action pour examiner cette problématique et proposer des solutions. En vain, apparemment, puisque une année après, la violence ne semble pas avoir été éradiquée du système éducatif national. L'Inspecteur général du ministère de l'Education national, réaliste, estime, par ailleurs, que le système éducatif national «n'a pas fonctionné» dans le sens d'une meilleure prise en charge de ce phénomène, dans les écoles algériennes. Face à cette situation critique, le ministère de l'Education nationale a mis en place une cellule chargée de réfléchir sur un programme de prévention. «Il s'agit de former les enseignants à mieux gérer les classes et à prévenir et gérer les conflits pouvant y survenir», indique-t-il, avant de balayer d'un revers de main une question relative au faible niveau scolaire des enseignants, ceux «recalés du système scolaire et qui se sont reconvertis dans l'enseignement.» Pour prévenir ce phénomène, il a annoncé que le ministère va recruter des psychologues et les installer dans les établissements scolaires. «Nous allons introduire des psychologues dans les lieux d'enseignement et mettre en place des conseils d'orientation», a-t-il affirmé, avant de rappeler que le ministère de l'Education nationale a multiplié les accords de coopération avec plusieurs autres ministères, dont ceux de la Culture et de la Jeunesse et des Sports. «Il n'y a plus de théâtres, de structures de loisirs», a -t-il expliqué pour justifier la décision du ministère d'aller vers les secteurs des loisirs, des sports et de la culture pour offrir un meilleur environnement socioculturel aux élèves, les familiariser aux sports et à la culture. «Il faut changer le mode de gouvernance de l'école», a-t-il plaidé, avant de reconnaître que «nous avons échoué» à développer les activités sportives et culturelles dans les écoles.