Les journées réservées aux auditions des témoins dans le cadre du procès de Khalifa Bank se succèdent à un rythme soutenu. Ainsi, après avoir entendu la veille à titre de témoin Mohamed Djellab, qui a été administrateur durant 45 jours de la banque, ce fut au tour de Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, d'être appelé hier à la barre. Le premier argentier algérien a tout, en répondant aux questions du magistrat, fait une présentation de la mission de son institution avant de répondre au président du tribunal sur les anomalies relevées dans le fonctionnement de la Banque Khalifa, entre autres, à propos des modifications des statuts et sur les actions à entreprendre. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a déclaré que ses services avaient relevé diverses infractions et ce, malgré des rapports d'inspection. Dans ce contexte, il indiquera que les inspecteurs chargés des transfert de fonds devait être des agents assermentés, ce qui n'était pas le cas, sans compter que la mission de contrôle de change n'était pas appliquée. A la question de savoir si ce n'était pas le manque d'expérience qui a provoqué cette situation, le témoin dira que les règles de fonctionnement du système bancaire sont toutes les mêmes à travers le monde. Au cours de l'audition, on a appris que Rafik Khalifa aurait sollicité une audience au Gouverneur pour lui demander des informations à propos de l'éventualité de l'achat d'une petite banque en Allemagne, mais ce fut M. Touati qui l'aurait reçu. Concernant la désignation de M. Djellab en tant qu'administrateur, le témoin dira qu'il s'agit d'un banquier expérimenté, d'ailleurs. A la question relative au taux des intérêts appliqué par les banques publiques et qui a chuté, et concernant celui appliqué par la banque Khalifa, le gouverneur de la Banque d'Algérie indiquera qu'à cette époque, les banques avaient un surplus de caisse qui les a obligées de stabiliser le taux, quant au taux décidé par la banque Khalifa, il ne répondait nullement à la réglementation. M. Laksaci donna globalement les mêmes réponses que celles de M. Djellab qui était passé la veille devant le tribunal. Concernant la mission du fonds de garantie, et répondant à l'absence de cette institution, le gouverneur de la Banque d'Algérie rappellera tout d'abord que cela s'inscrivait dans le cadre des réformes du système financier entreprises en 1990, mais qui ont nécessité des années pour leur application. Dans ce même contexte, certains aspects n'existaient pas à cette époque. A titre d'exemple, le fonds en lui-même devait être renfloué par les banques, or, cette solidarité ne semblait pas être présente. L'avocat de l'inculpé principal posa à M. Laksaci la question relative à une éventuelle recapitalisation par l'Etat (Banque d'Algérie), ce qui est apparu «impossible, car il faudrait qu'elle soit actionnaire pour qu'elle puisse y participer». En fait, à travers l'audition du gouverneur, il est apparu qu'un dysfonctionnement a été relevé dans le règlement du conflit ayant opposé la banque Khalifa et le reste. C'est le cas de la notification du retrait de l'agrément à la banque Khalifa qui a mis 5 mois pour être remis aux actionnaires.