La récente trêve de cinq jours et les efforts déployés par les Nations unies n'ont, pour l'heure, pas permis d'avancer sur une solution politique au Yémen. Emaillée d'accusations de violations réciproques des deux parties au conflit, la trêve humanitaire, qui a réduit les bombardements aériens de la coalition menée par Riyad, mais sans stopper les combats au sol, n'a du coup pas pu être reconduite. Le projet d'une conférence pour la paix, initié par le représentant spécial des Nations unies, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, prévue à Genève pour le 28 mai, est resté lettre morte. Alors que celui-ci appelait à l'ouverture d'un dialogue inter-yéménite «sans conditions préalables», chacun des deux camps a posé les siennes en préalable à toute participation : l'application de la résolution du Conseil de Sécurité du 15 avril, exigeant le retrait des Houthis des zones conquises, pour les pro-Hadi et leurs partisans ; un arrêt des opérations de la coalition, pour la milice chiite et ses alliés, et la tenue de pourparlers sous l'égide de l'ONU soit au Yémen, soit dans un pays neutre. Selon des sources diplomatiques à New York, la volonté des protagonistes de parvenir à une solution politique reste encore sujette à caution, «vu que chaque camp continue à penser qu'il peut faire basculer le rapport de force en sa faveur par les moyens militaires». La perspective d'une guerre longue au Yémen, enjeu de la lutte de pouvoir entre l'Arabie Saoudite et l'Iran, est désormais dans tous les esprits, et le choix de Genève pour abriter d'hypothétiques pourparlers – reportés sine die – a encore renforcé le parallèle avec la situation en Syrie : la ville suisse avait été choisie à deux reprises pour des conférences de paix inter-syriennes aboutissant à un échec. D'autres pistes sont néanmoins encore recherchées. Partisan depuis le début de la crise de la solution politique, et seul pays du CCG à ne pas faire partie de la coalition montée par l'Arabie, le sultanat d'Oman, qui a toujours préservé de bonnes relations avec l'Iran, au point d'abriter les négociations préparatoires sur le nucléaire entre Téhéran et Washington en 2013, apparaît comme une alternative opportune pour accompagner la médiation internationale. Un plan de paix aurait même été préparé par Mascate et soumis aux deux belligérants. Depuis le début du mois, les délégations se sont succédé dans la capitale omanaise, des représentants du gouvernement Hadi, puis des membres des comités populaires et du mouvement houthi. Dernier visiteur en date, le chef de la diplomatie iranienne, qui a évoqué le dossier yéménite avec son homologue omanais le 26 mai. (suite et fin)