La coalition arabe au Yémen menée par l'Arabie saoudite a repris ses frappes aériennes, peu après l'expiration de la trêve humanitaire malgré un appel de l'ONU à la prolonger de cinq jours et l'arrêt des bombardements afin d'acheminer l'aide dans les zones touchées par le conflit. Des avions de la coalition ont visé dans la nuit de dimanche à lundi des positions des rebelles chiites Houthis à Aden, dans le sud du Yémen, après l'expiration de la trêve humanitaire, selon des sources militaires et des témoins. Au moins deux véhicules des Houthis ont été détruits dans ces raids dans le quartier Tawahi de la grande ville du sud et trois autres dans celui de Khor Maksar, ont ajouté ces sources sans pouvoir avancer de bilan des pertes humaines des Houthis. Par ailleurs, un raid a pris pour cible l'enceinte du palais présidentiel et un autre une base des forces spéciales, deux sites contrôlés par les rebelles et leurs alliés, des militaires fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Il s'agissait des premiers raids aériens enregistrés au Yémen après l'expiration à 20H00 GMT de la trêve, en vigueur depuis mardi soir pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire au Yémen. Le cessez-le-feu avait été initié par l'Arabie saoudite, à la tête d'une coalition qui mène depuis le 26 mars une campagne aérienne contre les rebelles chiites, en soutien aux partisans du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi. Cette trêve a été entachée par des combats au sol, parfois meurtriers, entre rebelles et forces pro-Hadi ainsi que par des escarmouches à la frontière saoudienne où le royaume a déploré des attaques depuis le nord du Yémen, contrôlée par les Houthis. La coalition a prévenu qu'elle perdait patience face aux "violations" répétées de cette pause par les Houthis, qui se sont emparés, depuis le début de leur offensive en juillet, de vastes zones du centre et de l'ouest du Yémen. -- Situation humanitaire "catastrophique": appel à prolonger la trêve- Soulignant que le cessez-le-feu n'avait pas permis d'acheminer suffisamment d'aide humanitaire dans les zones touchées par le conflit, l'émissaire de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a exhorté dimanche "toutes les parties à respecter cette trêve pour au moins cinq jours supplémentaires". L'ONU juge la situation humanitaire "catastrophique" au Yémen où plus de 1.600 personnes, dont de nombreux civils, ont été tuées depuis mars. La trêve doit "se transformer en un cessez-le-feu permanent", a répété l'émissaire en s'adressant, au nom du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, aux participants à une conférence à Ryadh sur la crise yéménite, à laquelle assistaient le président yéménite Mansour Hadi et des représentants de factions yéménites. M. Ould Cheikh a indiqué lors de cette conférence qui se déroule en l'absence des rebelles chiites, que la crise au Yémen ne pourra être réglée que par l'implication de tous les protagonistes de la crise dans ce pays, soulignant qu'"i n'y aura pas de solution à cette crise sans un dialogue global qui n'exclut personne", en invitant toutes les parties à participer à une future conférence "sans aucune condition préalable". Des partis et des représentants de la société civile au Yémen ont notamment pris part à cette conférence sur une sortie de crise au Yémen dont les travaux ont débuté ce dimanche à Riyadh, convoquée à l'initiative des pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et le gouvernement yéménite en exil. Malgré leur absence dimanche à la conférence tenue à Ryadh, les Houthis pourraient prendre part à de futures négociations, a souligné le vice-président yéménite, Khaled Bahah, estimant que les Houthis "ont choisi de ne pas participer à cette conférence, mais, en fin de compte, ils vont venir" à de futures rencontres. "La victoire est proche", a martelé le président Hadi, en faisant la promesse de "retourner (au Yémen) pour bâtir un nouvel Etat fédéral". Par ailleurs, une autre conférence souhaitée par le Conseil de sécurité devrait se tenir à Genève, en Suisse, en fonction des résultats de la rencontre de Ryadh, ont affirmé des diplomates, cités par les médias.