Le sultanat d'Oman abrite des discussions entre des dirigeants du mouvement yéménite Ansarullah, communément appelé Houthi, et une délégation américaine sur les perspectives d'un règlement du conflit armé au Yémen, a déclaré, dimanche dernier à Riyadh (Arabie saoudite), Rajah Badi, porte-parole du gouvernement yéménite en exil. La médiation omanaise est favorisée par sa non-participation à la coalition arabe lançant, depuis le 26 mars, des raids aériens contre les Houtis. Ce qui lui confère une plus grande crédibilité et un rôle décisif dans la relance du dialogue dans l'impasse après l'échec des pourparlers de paix que l'ONU comptait organiser le 28 mai à Genève. « Les discussions entre les Houthis et la délégation américaine sont intervenues à la demande de la partie américaine », a précisé le porte-parole du gouvernement yéménite. Les négociateurs d'Ansarullah, conduits par Saleh al-Sammad, président du bureau politique du mouvement, étaient arrivés, il y a plusieurs jours, à Mascate, à bord d'« un avion affrété par les Américains », a-t-il ajouté. Badi a émis « l'espoir qu'elles s'inscrivent dans le cadre des efforts internationaux pour faire appliquer la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU » prévoyant, notamment, le retrait des rebelles de la capitale Sanaâ et des autres villes qu'ils ont conquises. « Toute rencontre à Genève ou ailleurs doit se consacrer à la mise en place d'un mécanisme d'application de la résolution 2216 », a-t-il réaffirmé. Il annoncé, également, que le président Abd Rabbo Mansour Hadi et son gouvernement devraient avoir de nouveaux entretiens avec l'émissaire de l'ONU pour le Yémen, le Mauritanien Ismaïl Ould Cheïkh Ahmed, qui s'est entretenu, samedi et dimanche derniers à Sanaâ, avec des responsables du parti du Congrès populaire général de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, un allié d'Ansarullah. « Le règlement de la crise yéménite passe par le retour de toutes les composantes et forces politiques à la table des négociations », a déclaré l'émissaire onusien à son départ de Sanaâ, selon l'agence Saba, contrôlée par les Houthis. Les rebelles chiites, qui ont légitimé, l'année passée, leur offensive au nom de la lutte anticorruption, sont soupçonnés de vouloir s'imposer par la force au détriment d'un pouvoir démocratiquement élu à la suite d'une révolte pacifique conduite contre l'ancien président, Ali Abdallah Saleh. Ils ont été accusés, dimanche dernier, d'avoir lancé des tirs en direction d'un navire humanitaire près du port d'Aden (sud), fief du président Hadi en exil. A son tour, l'Arabie saoudite, qui dirige la coalition arabe, est accusée d'utiliser des armes à sous-munitions et de causer des pertes civiles.