,La propagande islamiste véhiculée sur internet et sur les réseaux sociaux d'Asie du Sud s'exerce au bénéfice de l'Etat islamique et au détriment d'Al-Qaïda, illustrant sur ce terrain une rivalité déjà bien visible, estiment des analystes. Impressionnés par les succès de l'Etat islamique et sa rapide progression en Irak et Syrie, plusieurs groupes taliban semblent désormais regarder vers l'organisation d'Abou Bakr al Baghdadi plutôt que vers Al-Qaïda. Autrefois très populaire, Al-Qaïda avait en son temps su attirer de nombreux combattants étrangers en puisant dans un confortable trésor de guerre mais son influence s'est peu à peu effritée, à mesure que les frappes aériennes des drones américains décimaient ses rangs et neutralisaient ses chefs. «Les taliban et Al-Qaïda ont presque été effacés du paysage (internet)», dit Omar Hamid, chef de l'analyse Asie chez IHS Country Risk. «La plupart de ces sites se sont transformés en plateforme de l'Etat islamique». Pour l'heure, la campagne de propagande menée par l'EI sur les réseaux sociaux n'a pas encore été suivie d'effet sur le terrain, dit-il, mais elle a permis d'agglomérer des groupes dissidents autour de l'EI. Quelques commandants afghans ont déjà prêté allégeance à l'EI, exprimant leur opposition aux pourparlers de paix ouverts avec Kaboul. D'autres se demandent si le Mollah Omar, chef de file des taliban afghans, est encore en vie. Au Pakistan, où opère un autre groupe taliban, les dissensions entre pro-Al-Qaïda et pro-EI sont également très vives. Certaines factions se sont mises au service de l'EI, joignant le geste à la parole en décapitant un militaire et diffusant une vidéo de l'assassinat. Cette semaine, des taliban afghans ont adressé un courrier à Abou Bakr al Baghdadi, l'enjoignant de cesser de recruter des hommes en Afghanistan. Omar Hamid, ancien officier du contre-terrorisme pakistanais, a analysé des dizaines de profils Twitter et Facebook et de sites de propagande islamiste. «Il y a un an, sur la majorité des sites en ourdou ou en pachtoune, le contenu était lié à 70% aux groupes djihadistes du sud-asiatique», évoquant les langues les plus parlées au Pakistan et en Afghanistan. «Depuis septembre, ce contenu est à 95% consacré à l'EI.» Le gouvernement pakistanais a promis à plusieurs reprises de fermer les sites internet djihadistes mais, pour la plupart, ils sont toujours en ligne. Un porte-parole de l'autorité pakistanaise des télécommunications n'a pas été en mesure de dire combien de sites avaient effectivement été fermés.