La situation sécuritaire à Ghardaïa est devenue catastrophique nécessitant des solutions urgentes et efficaces à décider à plus haut niveau. Les morts se comptent désormais en dizaine puisque en l'espace de deux jours 22 personnes ont perdu la vie suite à la reprise des affrontements. Le bilan le plus lourd a été enregistré hier à l'aube, après la prière d'El-Fedjr dans la région de Guerrara et la Vallée du M'Zab où quinze personnes ont été agressées par des projectiles. Selon des sources locales, certaines blessures entraînant la mort ont été causées par des balles réelles d'armes à feu et d'autres par des armes blanches prohibées, des pierres et d'autres objets. Selon la source officielle, un total de 22 personnes décédées a été enregistré en 48 heures à Guerrara, Beriane et Ghardaïa. A l'heure où nous mettons sous presse le nombre de décès a atteint les 19 ainsi qu'une douzaine de blessés. «Ces affrontements ont été émaillés par des incendies et des actes de vandalisme contre des habitations, des locaux commerciaux, des véhicules de particuliers et des palmeraies, le mobilier urbain ainsi que des édifices publics», ont indiqué hier à la mi-journée, les canaux officiels. Les nouveaux affrontements causant le plus grave drame depuis le début des incidents à Ghardaïa, ont eu lieu dans les premières heures de la journée d'hier, soit au lendemain des incidents ayant causé la mort à quatre personnes dont un enfant. Les services de sécurité se sont, en effet, mobilisés pour freiner les agressions des personnes et les atteintes aux différents quartiers. Hier, les forces sécuritaires ont été encore une fois renforcées. Un imposant dispositif a été mobilisé dans les régions affectées par les actes de violence. Il a été appuyé par les éléments anti-émeutes de la Gendarmerie nationale pour mettre un terme aux affrontements qui se poursuivaient jusqu'à hier après-midi. En urgence, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Noureddine Bedoui, s'est rendu hier matin à Ghardaïa. Accompagné du général-major Nouba Menad, chef d'état-major de la Gendarmerie nationale et le directeur général de la Sûreté nationale, le général-major Abdelghani Hamel, le ministre de l'Intérieur est allé s'enquérir à nouveau de la situation et prendre les mesures nécessaires décidées par le gouvernement pour sauver la Vallée des M'Zab. Des centaines de mozabites manifestent à Alger Les derniers évènements, survenus à Ghardaïa, n'ont pas laissé la société civile indifférente et les notables locaux n'ont jamais cessé d'appeler à la sagesse depuis l'avènement du phénomène d'échauffourées depuis plusieurs mois dans cette ville paisible. Les appels à la vigilance et à la sagesse se multiplient ces dernières heures et ce, au niveau des quartiers concernés, des régions affectées et même dans d'autres wilayas du pays. Hier à Alger, plus de 500 mozabites se sont rassemblés devant le siège de la maison de la presse Tahar-Djaout au 1er Mai appelant des solutions rapides contre la violence à Ghardaïa. Ils ont manifesté contre «le terrorisme à Ghardaïa», «la division», «El-fitna» et les tentatives de détruire une société entière. A travers des cris et des banderoles, les manifestants, dont la plupart parmi la population juvénile, ont appelé les autorités du pays à leur tête le président Bouteflika, de prendre leur problème plus au sérieux et de prendre des mesures rapides et efficaces. Très affectés par les drames survenus dans leur région d'origine, les mozabites ont répété l'hymne national, porté l'emblème national et appelé solennellement à l'intervention renforcée des services de sécurité pour freiner la machine de la mort. «Nous demandons la protection de l'Armée, selon la Constitution algérienne», ont-ils arboré sur une grande pancarte rouge qui ne peut pas passer inaperçue malgré la foule et les nombreux autres slogans portés. D'autres actions du genre sont attendues aujourd'hui pour appeler à la sagesse, à la réconciliation et surtout à sauver Ghardaïa et éviter le dérapage.