Calme précaire à Ghardaïa Deux morts et plusieurs blessés Hamel s'est rendu sur les lieux La mèche a été allumée avant-hier, dimanche, lorsque des heurts entre les forces de l'ordre et des jeunes ont éclaté à Berriane. Grave escalade de la violence dans la vallée du M'zab. La situation devient de plus en plus inquiétante dans la wilaya de Ghardaïa où les affrontements entre les communautés mozabite et chaâmbie ont repris depuis avant-hier. La tension a monté de plusieurs crans, hier, à Berriane où selon des sources locales, deux personnes ont trouvé la mort. Les mêmes sources rapportent qu'un citoyen a été tué à l'arme blanche, alors qu'un autre a été tué par balles. La grève de la police, censée s'interposer entre les manifestants des deux camps, observée, hier, avec une marche et un grand rassemblement devant le siège de la sûreté de la wilaya, a aggravé la situation, livrant les populations qui s'affrontent, notamment à Berriane, à elles-mêmes. «La situation est grave. Alors que les affrontements se poursuivent à Berriane, la police s'est retirée pour entrer en grève et les renforts de la Gendarmerie nationale ne sont pas encore arrivés», a signalé, dans l'après-midi d'hier, Doudou Ahmed, coordinateur du Conseil, Babderrahmane El Korti, l'une des plus grandes instances du M'zab. Selon notre interlocuteur, joint au téléphone, la situation est aussi fragile dans la ville de Ghardaïa où «des agressions contre les membres de la communauté mozabite sont signalées un peu partout». «La situation risque de s'aggraver à tout moment», a-t-il alerté, faisant état de la séquestration de plusieurs élèves dans un lycée de la ville. Il souligne que des élèves mozabites scolarisés au lycée de Sidi Abaz, quartier à majorité arabe, sont encerclés à l'intérieur de l'établissement. «On fait l'impossible pour les faire sortir. La première tentative de la gendarmerie a réussi à sortir une partie et elle tente de sauver le reste des élèves», a-t-il expliqué, en déplorant la grève de la police. A 15h, une dépêche de l'APS annonce que plusieurs centaines d'élèves, collégiens et lycéens de la partie de la vallée du M'zab, qui regroupe deux communes (Ghardaïa et Bounoura), ont été libérés de leurs établissements scolaires qui ont décidé de fermer leurs portes dans l'après-midi. Toujours à Berriane, les affrontements d'hier ont occasionné des dégâts matériels, dont deux véhicules incendiés. Cette nouvelle dégradation subite de la situation pose de nouveau la question sur l'efficacité des mesures prises par le gouvernement pour ramener le calme, avec fait aggravant, le retrait de la police à Berriane. La mèche a été allumée avant-hier, dimanche, lorsque des heurts entre les forces de l'ordre et des jeunes ont éclaté dans cette localité distante de 45 km au nord de Ghardaïa. Selon un compte-rendu de l'APS, ces heurts entre jeunes de cette localité sont survenus suite à l'interpellation par les policiers de jeunes présumés «incendiaires», samedi et dimanche derniers. Des jeunes cagoulés ont lancé des pierres et des cocktails Molotov sur les forces de l'ordre, avant que la situation ne déborde, créant un climat d'insécurité dans la localité et ne finisse par interrompre le trafic routier sur la RN 1. Un important groupe de jeunes a attaqué des policiers en faction devant la résidence du chef de daïra avec des pierres et des cocktails Molotov, causant l'incendie du fourgon de police et deux autres véhicules, selon le même élu qui s'exprimait sur l'agence officielle. Ces heurts se sont soldés par une dizaine de blessés, en majorité des policiers, dont un grièvement, selon cet élu et une source médicale. Des traces d'actes de vandalisme et de destruction du mobilier urbain ainsi que des pneus brûlés, des pierres érigées en barricades et des douilles de bombes lacrymogènes sont encore visibles dans la localité de Berriane où un dispositif de sécurité a été déployé pour contenir la situation. Mais la grève de la police d'hier a freiné cet élan, selon des sources locales. «Les citoyens s'affrontent et les policiers sont en grève», souligne Doudou Ahmed, jugeant que ce n'est pas le moment pour les agents de l'ordre de faire une grève, dont la raison serait le décès d'un policier lors des affrontements de la veille. Le mouvement des policiers est une première en Algérie qui a fait réagir partis politiques et organisations de la société civile. Pour apaiser la situation, le Dgsn, Abdelghani Hamel s'est rendu en urgence, hier à bord d'un avion spécial, dans la wilaya de Ghardaïa.