Le dossier de la FIFA continue de dégager de la fumée. Ça tire de partout. Cette fois-ci, le vent tente de déstabiliser l'UEFA. La FIFA, quant à elle, elle poursuit sa campagne et voudrait affronter sur le terrain de la justice, le président de l'instance européenne de football. Pour sa part, Blatter voudrait partager avec lui, cette pression qui l'écrase depuis sa réélection à la présidence en mai 2015, et ce, suite aux forts soupçons de corruption qui l'accablent. Aujourd'hui, il montre du doigt, accuse et dénonce Michel Platini. Son objectif, l'entraîner avec lui, «on ne m'enlèvera pas de l'idée que (ce n'est pas) une simple coïncidence cette attaque des Américains et la réaction de l'UEFA et de Platini», tonne le président réélu de la Fifa. Il dénonçait en juin dernier une «haine, venue non pas seulement d'une personne à l'UEFA, mais d'une organisation, l'UEFA, qui n'a pas compris qu'en (1998), je suis devenu président». Un règlement de compte qui prend une forme de confrontation entre deux grands hommes qui s'affrontent depuis fort longtemps. Dans les gradins beaucoup de monde, des observateurs et des pros-Blatter qui montrent du doigt Platini. Chacun décharge ses dossiers et étale au grand jour ce qui pourrait contribuer à justifier son innocence. Les explications de Platini auront-ils écrasé ceux de Blatter ? La tribune du monde footballistique semble se retirer de ce conflit pour laisser ces deux présidents se défaire de leurs accusations. L'ex-n°1 de l'instance internationale du football avait prévu d'animer à Zurich une conférence de presse vendredi mais qui fut très vite annulée. Elle aurait dû être la première prise de parole de Blatter depuis l'éviction de son secrétaire général Jérôme Valcke la semaine dernière, lui qui était visé par une procédure pénale pour «gestion déloyale» et «abus de confiance». Blatter pousse la balle plus loin, il accuse le président de l'UEFA d'avoir effectué, selon le bureau du procureur suisse «un paiement déloyal» de 2 millions de francs (soit 1,83 million d'euros), paiement au bénéfice de Michel Platini effectué en février 2011, qui a été fait «au préjudice de la FIFA, prétendument pour des travaux effectués entre janvier 1999 et juin 2002». Faut-il rappeler que l'ex-n°10 des Bleus officiait comme «conseiller football» de Blatter avant de siéger, dès juin 2002, au comité exécutif de la FIFA et d'en devenir son vice-président. «En ce qui concerne le paiement qui a été effectué en ma faveur, je désire clarifier que ce montant m'a été versé pour le travail que j'ai accompli en qualité de contractuel pour l'instance internationale du football et je suis satisfait d'avoir pu éclaircir ce point envers les autorités», s'est justifié, dans la soirée, Michel Platini. Le Premier ministre, Manuel Valls, a de nouveau apporté son soutien vendredi soir sur France info, disant faire «entièrement confiance» au «grand sportif» français. Ce n'est pas fini, la justice soupçonne, aussi, Blatter d'avoir signé «un contrat défavorable à la FIFA» avec l'Union caribéenne de football, dont Jack Warner était le président. Selon le procureur suisse, il existe «un soupçon que dans l'exécution de ce contrat, Joseph Blatter ait également agi de manière contraire aux intérêts de la FIFA», en violation de ses devoirs de gestion. Le Journal électronique «lemonde» rapporte que la chaîne suisse alémanique SRF a dévoilée le 12 septembre que «ledit contrat octroyait les droits télévisés des Mondiaux-2010 et 2014 au CFU pour 600 000 dollars (536 000 euros). Il a été signé conjointement par Blatter et Warner, démissionnaire de son poste de vice-président de la FIFA en 2011.» Interrogé alors par la SRF, l'homme d'affaires australien Jaimie Fuller, fondateur en janvier du mouvement New FIFA Now, avait estimé que le montant de ces droits serait beaucoup trop bas, «à environ 5% de la valeur du marché». Dans cette affaire, Warner aurait réalisé un profit estimé à 17 millions de dollars (15 millions d'euros) avant que la FIFA ne résilie le contrat en 2011, la CFU n'ayant pas rempli ses obligations. Vendredi, des enquêteurs ont «auditionné Joseph Blatter en qualité de prévenu» et «en parallèle, Michel Platini a été entendu en qualité d'une personne appelée à donner des informations», a précisé le communiqué de la justice suisse. Dans ce cadre, le bureau de Sepp Blatter à la Fifa a été perquisitionné vendredi. «Relevé de ses fonctions le 17 septembre, le Français aurait, selon la presse britannique, reçu des commissions dans le cadre d'une opération de revente sur le marché noir de milliers de places lors de la dernière Coupe du monde au Brésil, en 2014.» La Fifa, qui souhaiterait redorer son image, manifeste des signes de disponibilité à collaborer avec les autorités. Jeudi soir, elle ouvre ses bureaux et fournit les courriers électroniques de Jerôme Valcke au bureau du procureur général suisse. La Fifa a indiqué qu'elle levait les scellés qu'elle avait placés sur ces courriers. Ce dossier qui prend du volume fait trembler d'autres cadres des Fédérations internationales et même des confédérations.