Hier, vers six heures du matin, des policiers suisses en civil se sont présentés au luxueux hôtel cinq étoiles, Baur Au Lac, du centre de Zurich, où sont logés les principaux dirigeants de la Fédération internationale de football (Fifa) présents dans la ville pour assister au congrès prévu aujourd'hui et l'élection du président de la Fifa demain où Joseph Blatter, le boss, briguera un cinquième mandat. Ils en sont repartis après avoir interpellé sept responsables de la Fédération soupçonnés de corruption, à la demande des autorités américaines. Le parquet suisse a ainsi ouvert une procédure pénale contre X pour soupçon « de blanchiment d'argent et gestion déloyale » entourant les attributions des Coupes du monde de football de 2018 et 2022 et a saisi hier des documents électroniques au siège de la Fifa à Zurich. Cette procédure, ouverte depuis le 10 mars, n'avait pas été rendue publique jusqu'à hier. Les suspects interpellés font l'objet d'une demande d'extradition américaine. « Des représentants des médias sportifs et de sociétés de marketing sportif seraient également impliqués dans des versements à de hauts fonctionnaires d'organisations footballistiques (des délégués de la Fifa et d'autres personnes appartenant à des organisations affiliées à la Fifa) en échange de droits médiatiques et des droits de marketing de compétitions organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud », a indiqué le ministère suisse de la Justice. Le New York Times, qui a révélé les arrestations, a indiqué que les accusations visent des faits de corruption au cours des vingt dernières années et portent, outre l'attribution de Coupes du monde, sur les droits de marketing et de télévision. Les accusations visent également des escroqueries par voie électronique, des faits de racket et de blanchiment d'argent. Le ministère américain de la Justice a annoncé, pour sa part, hier, que le Département de la Justice a inculpé, pour corruption, neuf élus de la Fifa et cinq partenaires de l'instance mondiale du football, pour des faits s'étalant sur les 24 dernières années. Par ailleurs, le siège de la Confédération de football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), situé à Miami, a été perquisitionné dans le cadre de cette procédure ouverte par l'actuelle ministre de la Justice d'Obama, Loretta Lynch, alors procureur du district Est de New York. Les personnalités inculpés par la justice américaine sont Jeffrey Webb, vice-président de la Fifa et président de la Concacaf, Eduardo Li, membre des comités exécutifs de la Fifa et de la Concacaf, Julio Rocha, chargé du développement à la Fifa, Costas Takkas, attaché au cabinet du président de la Concacaf, Eugenio Figueredo, actuel vice-président de la Fifa, Rafael Esquivel, membre du comité exécutif de la Conmebol, José Maria Marin, membre du comité d'organisation de la Fifa pour les jeux Olympiques, et Nicolas Leoz, ancien membre du comité exécutif de la Fifa, ainsi que Jack Warner, un ancien membre du comité exécutif de la Fifa, déjà impliqué dans de nombreuses affaires de corruption. Les réactions n'ont pas tardé et l'instance de Blatter qui a décidé de maintenir l'élection de vendredi, a été la première à réagir. Lors d'une conférence de presse organisée au pied levé, Walter De Gregorio, le directeur de la communication de la Fifa a tenu à préciser que Blatter et son secrétaire général, Jérôme Valcke « ne sont pas impliqués » dans cette affaire. A propos des Coupes du monde 2018 et 2022 en Russie et au Qatar, M. De Gregorio a assuré qu'elles se tiendraient comme prévu tout en affirmant que la Fifa coopérait « pleinement» avec les autorités judiciaires suisses et américaines ». Il a qualifié la Fifa de « victime » ajoutant que cette procédure fera du bien à la Fédération « pas en terme d'image, mais en ce qui concerne le ménage que nous avons entrepris ces dernières années ». Quant au président de l'UEFA, Michel Platini, il a annoncé une réunion du comité exécutif de l'UEFA pour hier après-midi se disant « surpris et attristé par les événements qui ont eu lieu ce matin à Zurich ».