Chaque jour qui passe voit les guildes terroristes renforcer leurs rangs avec le ralliement de nouveaux groupes. Juste après l'entame des frappes russes en Syrie, le 30 septembre dernier, le mouvement appelé «le groupe de Crimée» a prêté allégeance au Front al-Nosra (Jabhat al-Nosra), la branche officielle d'Al-Qaïda «canal historique» en Syrie. La déclaration faite est la suivante : «Les Tatars du groupe de Crimée sous la direction de l'émir Ramadan al Krim - le Criméen - ont prêté allégeance à Al-Qaïda au Levant et ont rejoint le Front al-Nosra». Cette formation, peu connue auparavant, regroupe des Tatars et des russophones parmi lesquels un certain nombre d'enfants soldats. Elle serait localisée dans la région de Hama où elle aurait la charge de deux camps d'entraînement. Elle serait désormais rattachée à la brigade Sayfullah Shishani formée essentiellement de Tchétchènes. Le 29 septembre précédent, c'est la katibat al-Tawhid wal Jihad d'Abou Salah, composée majoritairement d'activistes ouzbeks ou originaires d'Asie centrale, qui avait fait de même en reprochant aux Etats-Unis et à la Russie de mener une «bataille globale contre l'islam». Active dans la région d'Alep et la province d'Idlib, elle entretient d'étroites relations avec le Junud al-Sham emmené par Abou Walid Shishani et la branche syrienne du Parti islamique du Turkestan, notamment dans la région de Jisr al-Choughour (Province d'Idlib). Cette katibat a revendiqué un harcèlement à la roquette de la base aérienne de Lattaquié où sont installées la plupart des forces aériennes russes. Une semaine auparavant, c'était le Jaish al-Muhajireen wal Ansar, désigné comme organisation terroriste par les Américains en septembre 2014, qui avait rejoint Al-Nosra. A noter que cette unité a appartenu un temps à Daesh. Elle est surtout composée de combattants étrangers, alors que les autres formations citées plus haut comprennent aussi des Syriens et des Libanais dans leurs rangs. Son chef historique, Salahuddin Shishani, a rejoint au printemps l'émirat du Caucase pour y combattre directement les Russes. Jaish al-Muhajireen wal Ansar est aujourd'hui placé sous les ordres du Saoudien cheïkh Mu'atassin Billah. Ainsi, selon certaines sources, Al-Nosra qui compterait désormais plus de 10 000 combattants, participe au succès d'Al-Qaïda «canal historique» qui était donné moribond il y a encore à peine quelques mois. En effet, pour l'instant, deux branches de la nébuleuse sont très actives : le Front Al-Nosra et Al-Qaïda dans la péninsule arabique. Les autres composantes ne rencontrent pas actuellement le même succès sur leurs théâtres d'opérations respectifs (Afghanistan, Sahel, Somalie, Caucase, Extrême-Orient) mais rien ne dit que la situation n'évoluera pas dans les années à venir. L'objectif à très long terme d'Ayman al-Zawahiri reste d'établir le califat mondial. Pour cela, il fonde sa stratégie dans la durée tout en se gardant bien de mener une guerre de conquête trop ostensible comme le fait Daech. A l'image de son prédécesseur, Oussama Ben Laden, il estime qu'à être trop visible, on en devient plus vulnérable. (A suivre)