Parler l'arabe n'est pas uniquement produire des énoncés grammaticalement corrects, en maîtriser le système casuel, les champs lexicaux et les figures de style de ses divers registres de parole. Apprendre l'arabe, comme toute autre langue, signifie entrer en jeu, à chaque acte de parole, avec des interlocuteurs, socialement multiples. C'est aussi se rendre compte des traits culturels que véhiculent leurs emplois linguistiques (choix paradigmatiques, syntagmatiques et métaphoriques). C'est également pouvoir identifier les marqueurs sociaux ainsi que les codes et conventions de politesse que reflète la hiérarchisation sociétale et interculturelle. C'est enfin savoir utiliser, à bon escient, les expressions idiomatiques, les proverbes, la sagesse populaire, des dialectes et les accents des acteurs sociaux. En effet, l'enjeu de la didactique de la langue arabe dans les pays arabes ou aux allophones est donc de taille. L'amélioration de la didactique de l'arabe nécessite une profonde réflexion sur les moyens didactiques permettant de réaliser les objectifs que l'on veut atteindre, sur les contenus, les méthodes d'enseignement, la progression pédagogique et les obstacles didactiques qui entraveraient la reproduction de compétences linguistiques dans cette langue. C'est pourquoi cet enjeu de la didactique de l'arabe a fait l'objet du troisième Colloque international dont le thème est : «Les techniques de l'enseignement de la langue arabe : réalité et perspectives». Le colloque a eu lieu, le 28 et 29 octobre, au campus universitaire de Ouled Farès dépendant de l'université Hassiba-Ben Bouali de Chlef. C'est le laboratoire de la didactique de la langue et de l'analyse du discours qui a organisé cette manifestation scientifique. Tout le mérite revient au président du laboratoire, le Dr. Abdelkader Charef, Dr. Radhia Benariba du comité scientifique et Dr. Kamel Eddine Attallah du comité d'organisation dans la réussite du colloque. Les trois axes de ce colloque ont porté sur le concept de didactique de langue, l'évolution de cette discipline, l'intégration des technologies de l'information et de la communication dans l'enseignement Tice ainsi la didactique et la communication. Notons que la manifestation a été marquée par la présence des professeurs émérites venant des quatre coins du pays et des pays arabes à l'instar de l'Egypte, l'Arabie Saoudite et le Maroc. Au programme des ateliers, le Dr. Attallah en sa qualité de chercheur dans les sciences cognitives a clamé une communication sur les nouvelles découvertes dans les neurosciences et la relation avec l'enseignement de l'arabe. L'intervenant a également parlé de la didactique de la langue comme un art et non comme un métier. «Il ne faut pas confondre ce qui est artistique avec ce qui est professionnel, si on n'aime pas ce qu'on fait, on ne pourra jamais réussir notre mission d'enseignant qui est avant tout noble», précise-t-il devant l'assistance. Au programme de cet atelier notamment, une communication présentée par le maître assistant doctorant en didactique des langues, M. Zakarya Mahfoud, l'intervention avait pour thème «La contribution de Tice dans l'enseignement des langues et en particulier l'arabe». Cette communication a mis en avant la richesse du panorama du numérique et de la technologie éducatif et permis de réfléchir à la fois à la création mais également à la consommation des ressources pédagogiques. Le doctorant Abdelkkader Guellal a évoqué la problématique du statut de la langue arabe dans les pays arabes même et l'approche didactique qui convient le mieux pour enseigner l'arabe en Algérie. «Le rôle de la presse arabophone dans l'amélioration et le développement de la didactique de l'arabe» tel était le thème de le communication du Dr. Mohammed Adda, chercheur en sémiologie médiatique et cinématographique. L'intervenant a mis l'accent sur la didactisation des articles de la presse écrite et les séquences vidéos ou audio de la presse audiovisuel et leurs adaptations dans l'enseignement de la langue arabe. «L'enseignant de l'arabe peut s'inspirer des apports de l'approche communicative dans le domaine de la didactique des langues. L'éclectisme dans les méthodologie de l'enseignement s'impose d'autant plus que la didactique des disciplines se développe avec une vitesse de lumière», conclut-il. Deux autres ateliers ont été animés conjointement par des chercheurs, membres du comité scientifique du colloque. Il convient de signaler que le troisième colloque international offre un espace de contact entre scientifiques, chercheurs, didacticiens et linguistes, pour échanger des idées et des approches dans le domaine du traitement et de l'enseignement de la langue arabe. Ce colloque est une occasion pour rendre compte des nouveaux développements en matière des nouvelles approches et techniques de la didactique de la langue arabe. C'est aussi une tribune pour les jeunes chercheurs pour présenter et discuter l'avancement de leurs travaux de recherche ayant trait aux thèmes abordés devant les spécialistes. La cérémonie de clôture a eu lieu dans l'après-midi du jeudi dernier. Elle a été présidée par le Dr. Hocine Abdelkader, vice-recteur de la formation supérieure des premier et deuxième cycles, la formation continue et les diplômes, et la formation supérieure de graduation. Sept recommandations ont été lues par le Dr. Zerrouki, comme synthèse des travaux du colloque. «Nous sommes très heureux d'avoir réussi l'organisation de ce colloque dans sa troisième édition. Cela n'aurait pas été possible sans les efforts conjugués de tous les acteurs entre autres : enseignants, administrateurs et étudiants, à leur tête le professeur Berrabeh Bendoukha, recteur de l'université de Chlef. Je tiens à remercier tous les invités pour avoir accepté de venir et d'enrichir les débats sur la didactique de la langue arabe. Je ne m'attendais pas à une telle assistance notamment de la part des étudiants de tous les niveaux de graduation et de la post-graduation. Cela n'est qu'un témoignage objectif de la réussite du colloque sur tous les plans : organisationnel et scientifique. Je vous informe également que toutes les recommandations issues du colloque vont être transmises aux institutions compétentes veillant sur l'amélioration de l'enseignement de la langue du Coran», déclare le Dr. Charef en marge du colloque.