Cinq mois après son revers face aux pro-kurdes de l'HDP, le président Recep Tayyip Erdogan récolte une victoire aussi écrasante qu'inattendue aux élections législatives qu'il avait convoquées. Les Turcs étaient appelés aux urnes, dimanche, pour une deuxième législative en cinq mois afin d'attribuer 550 sièges de députés. Une élection qui se déroulait dans un pays divisé, confronté à la reprise du conflit kurde, la violence djihadiste venue de Syrie et une dérive autoritaire du gouvernement. Le Parti de la justice et du développement (AKP) du président islamo-conservateur turc, Recep Tayyip Erdogan, a finalement déjoué tous les pronostics en remportant la majorité absolue, perdue en juin. Dès l'ouverture des premiers bureaux de vote à 7h (heure locale) dimanche, les quelque 54 millions d'électeurs inscrits se sont déplacés en masse, avec l'espoir de mettre un terme à l'instabilité et aux violences qui règnent dans leur pays depuis l'été. Pour assurer la sécurité du scrutin, près de 400 000 policiers et gendarmes ont été mobilisés, comme ici à Diyarbakir. Il y a trois semaines à Ankara, un attentat-suicide de deux kamikazes proches du groupe Etat islamique avait tué 102 personnes. "Certains veulent rétablir le sultanat dans ce pays, ne les y autorisez pas!": c'était la voix du chef du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Kemal Kiliçdaroglu, votant ci-dessus dans un bureau d'Ankara. "Donnez-moi quatre ans de pouvoir, vous verrez comment un pays peut-être gouverné, sans corruption, sans gaspillages", avait-il assuré. Son parti est arrivé second dans ce scrutin.