Les élections législatives anticipées en Turquie auront lieu le 1er novembre. Moins de six mois après le scrutin du 7 juin qui n'a pas permis la formation d'un gouvernement de coalition, les Turcs devront revenir aux urnes pour tenter de démêler une crise qui commençait sérieusement à bloquer le pays. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, accusé de vouloir instaurer un pouvoir personnel, a officiellement convoqué de nouvelles élections législatives, prenant de ce fait un pari risqué en pleine résurgence des violences, avec le mouvement kurde du PKK et la complexe crise en Syrie. La Turquie doit d'ores et déjà s'atteler à la formation d'un gouvernement de transition qui devrait mener le pays à des législatives anticipées. Le pays se retrouve dans une impasse politique de plus en plus dure depuis les législatives du 7 juin qui ont vu le Parti de la justice et du développement (AKP) de Erdogan perdre la majorité absolue qu'il détenait depuis 2002. Les dernières législatives auront été un véritable revers pour l'AKP et Erdogan, qui espéraient continuer dans leur avancée positive. Mais le Président s'est retrouvé dans l'obligation de trouver un partenaire pour continuer à gouverner. La crise politique en Turquie ne fera que se durcir. Les tractations du Premier ministre, Ahmet Davutoglu, avec l'opposition n'ont rien donné, et l'impasse politique s'est doublée d'une crise sécuritaire avec la reprise des combats entre l'armée et la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan. Les clivages entre les différents partis se sont exacerbés. Alors que la date limite pour la formation d'un nouveau gouvernement a expiré, Erdogan a refusé de faire appel au chef de l'opposition social-démocrate (CHP, Parti républicain du peuple), Kemal Kiliçdaroglu. Le chef de l'Etat a une nouvelle fois rompu avec la tradition et la Constitution, justifiant son refus par le fait que ce leader refuse de reconnaître son autorité. Le recours à des législatives anticipées devenait la seule issue pour débloquer la situation. Mais pour certains analystes, la décision de Erdogan de provoquer ces législatives anticipées est risquée, vu le climat délétère et de confusion générale qui règnent depuis plusieurs semaines en Turquie. De plus, les retombées de la crise pourraient être sévères pour une économie en berne. L'on parle même d'un risque de déclin du parti au pouvoir. Erdogan, lui, voudrait obtenir davantage de voix, qui lui permettront de former seul un gouvernement. Il semble encouragé par les récents sondages prévoyant une progression de l'AKP à 43% d'intentions de vote (contre 41% aux législatives de juin), ce qui lui permettrait de retrouver sa majorité. Mais pour certains observateurs le Président n'aura pas assez pour réformer la Constitution et présidentialiser le système, comme il souhaite. D'après la Constitution, tous les partis représentés au Parlement devraient participer au futur gouvernement de transition, une première depuis 1971. Mais l'opposition a d'ores et déjà exclu une participation, à l'exception du parti pro-kurde de la démocratie des peuples (HDP). Celui là même qui avec ses 13% aux législatives de juin avait mis un terme à la prépondérance de l'AKP. M. B./Agences