Le commerce des produits pyrotechniques bat son plein notamment la dernière semaine avant la célébration de la fête du Mawlid ennabaoui ech-charif. Les marchés populaires des grands centres urbains sont inondés de pétards. Les marchands de pétards ont même squatté les trottoirs et les rues pour commercialiser leur marchandise. En effet, on constate qu'une grande partie des commerçants de fruits et légumes et même d'habillement se sont transformés du jour au lendemain en revendeurs de pétards. Le gain généré par cette activité «commerciale» est colossal. Contrairement aux années précédentes où les produits pyrotechniques étaient étalés au vu et au su de tout le monde au niveau de la quasi-totalité des villes et villages de la wilaya de Chlef, pour célébrer la fête religieuse en question. Cependant, ce type de commerce est strictement interdit par la loi ; les pétards sont considérés comme des produits prohibés. L'importation de tels produits n'étant pas autorisée, comment ont-ils donc atterri dans nos marchés et d'où proviennent-ils ? Qui sont les réseaux à l'origine de la commercialisation de ces produits ? Cette année, des quantités insignifiantes sont proposées à la vente par des jeunes qui sont constamment sur le qui-vive pour s'enfuir dès que la présence policière est signalée. Quelques fois, les vendeurs à la sauvette de ces pétards et les policiers jouent «au chat et à la souris». Le dispositif mis en place et les instructions très strictes émanant des instances de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) concernant la vente de produits pyrotechniques ont été scrupuleusement respectés, a-t-on constaté sur place. Les quelques personnes qui pensaient faire «une bonne affaire» en cette fin d'année l'ont appris à leurs dépens. Le nombre de pétards (43.464) de différents calibres et dimensions saisis au cours de cette semaine à travers plusieurs cités urbaines de la wilaya témoigne de l'engagement de la police à mettre le holà sur ce commerce juteux et en même temps dangereux pour la sécurité des biens et des personnes. Les personnes interpellées ont été toutes auditionnées par les enquêteurs de la police judiciaire et devront répondre de leurs actes devant les différents tribunaux compétents. Il convient de rappeler que de nouveaux «gamins» débarquent, chaque jour, et squattent tranquillement les trottoirs des quartiers et des villes sous le regard des passants qui sont partagés entre ceux qui approuvent et ceux qui insistent pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme étant une «clochardisation» des quartiers et des villes. Des produits qui deviennent malheureusement de plus en plus dangereux d'autant plus que cette année spécialement, nous enregistrons de nouveaux produits à l'image des «double-bombes» appelées ainsi pour leur grande détonation ou encore «chitana» ou en référence au grand joueur de football «Zidane». Des produits très puissants peuvent engendrer des dégâts très importants, allant jusqu'à des amputations et de graves brûlures. Différentes appellations propres aux Algériens ont été données à ces pétards. De la «mergaza» à la «zenda». Par ailleurs, ce type de commerce qui n'a fait que se généraliser depuis la semaine passée ne doit son salut qu'aux «parents irresponsables» qui ne cessent de remettre de l'argent à leurs enfants en sachant pertinemment où ils vont le dépenser. Pis encore, il est une catégorie de parents qui encouragent leurs enfants à s'amuser en explosant ces pétards. C'est pourquoi la faute n'est pas seulement à incomber à ces vendeurs mais également à ces parents qui achètent ces produits malgré leur danger et leur prix qui peuvent atteindre jusqu'à 3.000 DA. Enfin, la fête de cette année est particulière en raison de sa coïncidence avec les vacances hivernales où les enfants ne font qu'acheter, exploser les pétards et les feux d'artifices de jour comme de nuit. Toutefois, les enfants qui ne peuvent pas se permettent de se procurer ces produits recourent malheureusement à des techniques traditionnelles à l'instar des pétards de plombs, ou des bouteilles d'acides en négligeant les risques de ces actes. Signalons que lors du prêche tenu lors de la prière de vendredi, l'imam de la grande mosquée de la ville de Chlef a exhorté les fidèles à se conformer aux vraies valeurs de l'islam et de s'éloigner de tout qui pourrait porter atteinte à notre santé et notre bien-être (allusion faite à l'utilisation des pétards). Il faut rappeler que le Mawlid, connu aussi sous le nom d'El Mawlid Ennabawi, est une fête religieuse célébrant la naissance du Prophète Mohamed. Il s'agit d'une commémoration qui a connu bien des vicissitudes au cours de l'Histoire puisqu'elle fut de nombreuses fois autorisée, puis supprimée. Il semblerait qu'elle était célébrée pour la première fois en 972 en Egypte. Elle fut très tôt l'objet de préoccupations théologiques. Certains groupes religieux la considéraient en effet comme légitime, alors que d'autres voyaient en elle un apport externe à l'Islam fait à l'imitation de célébrations non musulmanes. Cependant, dans nos contrées, El-Mawlid Ennabawi demeure une fête qu'on célèbre avec ferveur et recueillement avec notamment des veillées religieuses dans les mosquées sans bien sur omettre le volet gastronomique. A ce sujet, les préparations des mets en cette occasion diffèrent d'une région à une autre et c'est alors l'occasion de partager un festin, d'allumer des bougies et d'offrir des cadeaux aux enfants.