L'Europe, contrainte de réduire sa dépendance énergétique à l'égard de la Russie, tente de diversifier ses sources d'approvisionnement en énergie, ciblant d'autres fournisseurs réputés fiables. L'Algérie demeure un partenaire incontournable pour l'Europe et est en mesure d'assurer la sécurité énergétique de l'Union. Le rapport établi par le Parlement européen relève qu'une large part des importations énergétiques de l'Union provient de «régions instables» sur le plan géopolitique. L'éclatement de la crise en Ukraine a rappelé à l'Union européenne (UE) l'importance de diversifier les sources et les voies d'approvisionnement énergétique et de renforcer la capacité de l'Union à réagir efficacement lors des éventuelles crises d'approvisionnement en gaz. L'UE continue d'importer 53% de l'énergie qu'elle consomme, à savoir 85% pour le pétrole, 67% pour le gaz, 41% pour les combustibles solides et environ 95% pour l'uranium. Plusieurs Etats membres, souligne le même rapport, restent tributaires d'une source d'approvisionnement extérieure unique, ce qui «entraîne des coûts élevés pour les citoyens, les entreprises et les budgets publics, entrave la croissance économique et la prospérité de l'Europe et met en péril la sécurité nationale et la sécurité de l'Union». En effet, l'Union est fortement dépendante d'un seul pays, la Fédération de Russie, qui est le principal exportateur de pétrole (35%), de gaz (26%), de charbon (30%) et d'uranium (25%) vers l'Union, selon la même source. La vulnérabilité du marché de l'énergie dans le contexte géopolitique fait que la politique énergétique est devenue une priorité stratégique pour l'UE qui a, il y a presque dix mois, adopté le cadre stratégique pour une union de l'énergie. Celui-ci a pour principal objectif de diversifier les sources afin que l'Europe puisse rapidement se tourner vers d'autres sources d'approvisionnement si le coût politique ou financier des importations en provenance de l'Est devient trop élevé, souligne-t-on. Dans une proposition de résolution, le Parlement européen appelle de ses vœux la mise en place d'un nœud gazier méditerranéen doté de capacités renforcées en GNL et exhorte l'Union à exploiter les possibilités offertes par les importantes réserves de gaz dans les pays d'Afrique du Nord pour renforcer sa sécurité énergétique. Il estime que ces importantes réserves de gaz dans les pays d'Afrique du Nord et les récentes découvertes dans l'est de la Méditerranée offrent à la région méditerranéenne l'occasion de se profiler comme «le centre dynamique d'un réseau de gazoducs assurant le transport du gaz naturel vers l'Europe». Pour les Européens, il est plus important que jamais de garantir un approvisionnement fiable en énergie, ainsi que la diversification des approvisionnements en énergie et de mettre fin à la dépendance excessive au gaz russe. Le premier rapport sur l'état de l'union de l'énergie, publié il y a un mois, indique que «d'importants progrès ont déjà été accomplis» depuis l'adoption du cadre stratégique pour une union de l'énergie, mais beaucoup reste à faire, et 2016 «sera une année importante» à cet égard. Pour 2016, la Commission européenne prépare un plan d'action diplomatique visant à diversifier les sources d'approvisionnement en gaz naturel de l'UE. Bernard Savage du service européen d'action extérieure avait annoncé lors d'une rencontre entre les Parlements algérien et européen, organisée au début du mois à Bruxelles, la tenue prochaine d'un nouveau round du dialogue algéro-européen de haut niveau sur l'énergie. Le commissaire européen à l'Energie, Miguel Arias Canete a confirmé, récemment, tout l'intérêt que porte l'Europe pour la Méditerranée, notamment pour l'Algérie qui dispose d'un potentiel énorme. La Commission organisera un forum commercial au début de l'année 2016 afin d'examiner les possibilités qui s'offrent pour les investissements européens dans le secteur des hydrocarbures en Algérie : «Nous, Européens, n'investissons pas beaucoup en Algérie qui pourrait être une source d'approvisionnement fiable pour l'UE. Nous devrions donc former une relation plus étroite avec ce pays», avait-t-il plaidé à Bruxelles. Le dialogue politique sur l'énergie entre l'Algérie et l'UE avait été lancé le 5 mai dernier à l'occasion de la visite en Algérie du Commissaire Canete. «L'Algérie est un partenaire de tout premier plan pour l'Union européenne et je me réjouis du renforcement et de l'approfondissement très positifs de nos relations. Le Partenariat stratégique entre l'UE et l'Algérie dans le domaine de l'énergie est un partenariat fort, fondé sur la confiance réciproque et l'intérêt mutuel, et nous souhaitons le développer encore davantage et l'inscrire dans le long terme», avait-il affirmé. Le lancement du dialogue politique sur l'énergie devrait contribuer au renforcement de la coopération bilatérale dans le nouveau contexte de sécurité énergétique, avait-il encore ajouté. Les rencontres algéro-européennes s'inscrivent dans le cadre du Partenariat stratégique entre l'Union européenne et l'Algérie dans le domaine de l'énergie, tel qu'établi par le Mémorandum d'entente signé à Alger le 7 Juillet 2013. Le Mémorandum établit un cadre de coopération qui couvre l'ensemble des sujets d'intérêt commun, à savoir les hydrocarbures, les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique, la réforme du cadre législatif et réglementaire, la progressive intégration des marchés de l'énergie, le développement des infrastructures d'intérêt commun, le transfert de technologie et le développement local. Après l'expérience de 2006 et 2009, lorsque la Russie a interrompu l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine, les perturbations vécues dans certains pays d'Europe centrale et orientale et la dépendance trop forte aux fournisseurs d'énergie externes ont contraint l'Europe à prendre de nouvelles dispositions pour la sécurité des approvisionnements européens. «L'Algérie est un fournisseur majeur et fiable de l'Europe, alors que l'Europe est le principal importateur de gaz algérien et le restera dans les prochaines années», avait encore soutenu le commissaire Canete.