Elections syndicales et réception des installations de production concernées par le programme de réhabilitation au complexe sidérurgique El-Hadjar, de la société ArcelorMittal Algérie (AMA) à 100% propriété algérienne, devraient intervenir à la mi-février 2016. Deux échéances initialement planifiées, l'une par la centrale UGTA en ce qui concerne le renouvellement du conseil syndical de l'entreprise, l'autre par le gouvernement via ses représentants du groupe d'entreprises industrielles «Imital» en ce qui concerne le programme de réhabilitation des installations de production pour lequel l'Etat a investi 700 millions de dollars. L'objectif affiché est de porter la production à un million de tonnes d'acier liquide/an. Si le rendez-vous syndical se prépare dans la stricte confidentialité malgré la multiplication des contacts des anciens syndicalistes avec le siège de la centrale, il n'en est pas de même pour ce qui est du programme de réhabilitation. Un retard de plus de 5 mois est actuellement enregistré dans son exécution. C'est en tout cas ce que révèlent plusieurs techniciens nationaux et étrangers en poste au H.F. «Il est pratiquement impossible d'achever la réhabilitation des installations comme prévue à la mi-février 2016. Cela pourrait se faire le mois de septembre prochain. Il faudrait cependant, prendre sérieusement les choses en main pour prétendre avancer. A ce jour, la démolition du H.F appelé à être remonté, est à peine de 10% du planning. Il y a lieu de se poser des questions sur l'achèvement de cette réhabilitation», a affirmé un cadre en poste au niveau du H.F. Cette situation serait à l'origine de l'opposition des syndicalistes quant à la désignation par le groupe Imital de nouveaux membres du conseil d'administration AMA. «Nous n'avons pas été consultés en ce sens» aurait été l'argument avancé par les représentants des travailleurs. D'où l'imbroglio enregistré dans la gestion financière et technique du programme de réhabilitation. Plusieurs syndicalistes ont exprimé des doutes quant à la légalité de la transaction portant sur la réhabilitation du Haut fourneau en charge de la société Seriti spécialiste de tout ce qui est équipement industriel. D'autant que cette société ne s'est pas tellement décarcassée pour entamer les travaux avec seulement 29 agents. Cette société s'est finalement désistée en cédant le reste à réaliser (90%) du marché à l'opérateur sud-africain «Jet-Démolition». Préalablement, Seriti avait perçu 50% sur le montant global de 200 millions de dollars destiné à des travaux sur le sous creuset précédant la démolition et le montage du H.F. Rappelons qu'une démarche similaire avait été réalisée courant 2007 par ArcelorMittal au Sénégal. Le gouvernement de ce pays ne s'était pas laissé impressionner par Lakshmi Mittal. Il avait saisi la Cour d'arbitrage internationale de Paris. Après évaluation du préjudice évalué à 450 millions de dollars par le cabinet américain Gustavson Colorado, le leader mondial de l'acier avait fait l'objet d'une condamnation. Dans ce scandale, le ministre sénégalais des Mines et de l'Industrie de l'époque avait fait l'objet de soupçons de corruption. De là à situer le dossier HF complexe sidérurgique El-Hadjar dans le même contexte, il n'y a qu'un pas. Estimant que le contrat de démolition et montage du HF avait été établi dans la précipitation, les syndicalistes ArcelorMittal Algérie comptent entreprendre des démarches pour alerter les pouvoirs publics avant la fin de leur mandat. Ils estiment être en droit d'avoir des explications claires sur les contours de la transaction entre l'Etat algérien et Arcelor Mittal via Seriti. «Le mutisme ne doit pas être érigé en règle. Il faut une vraie enquête pour déterminer les différentes responsabilités dans ce dossier portant réhabilitation des installations de production du complexe sidérurgique El-Hadjar. D'autres ont souligné la nécessité d'une opération mains propres à mener afin de bouter les délinquants au col blanc. Quinze années après, malgré le soutien financier accordé par l'Etat, ArcelorMittal Algérie poursuit sa descente aux enfers. L'entreprise peine énormément à faire face aux frais d'exploitation et de fonctionnement qu'imposent les installations de production. Avant la privatisation, le complexe sidérurgique El-Hadjar produisait moyennement 1 million de tonnes d'acier. Ce qui représentait une couverture de 20 à 30% du marché national des produits sidérurgiques. En 2016, après la récupération de tout le capital social, on en est toujours à parler ArcelorMittal Algérie mais pas de SNS ou Sider. Et pourtant, l'un et l'autre de ces deux sigles, avaient été synonymes de fierté pour les Algériens.