Tant au complexe sidérurgique El Hadjar qu'à la société ArcelorMittal Pipes et Tubes Algérie (AMPTA) anciennement Tuberie sans soudure (TSS), toutes deux filiales ArcelorMittal Algérie, la situation est véritablement plus que morose. Une autre grève s'annonce dans l'une comme dans l'autre de ces deux entités économiques regroupant plus de 5 000 salariés. La production du fer, de l'acier et des tubes y est pratiquement au point zéro. Dans l'enceinte de celui qui fut le symbole de l'industrialisation du pays, les grincements de dents se font mieux entendre du côté du Haut Fourneau. Le moral des effectifs y est en baisse. A ce niveau, un autre débrayage n'est pas à écarter. Les quelque 300 salariés qui y activent menacent de recourir à une grève générale illimitée dans les prochaines semaines. Ils avancent pour argument, le non-respect des engagements de révision à la hausse des salaires clairement exprimés par l'employeur. C'était, ont-ils précisé, au lendemain des trois opérations successives de réfection urgente de cette installation de production de l'acier liquide. «Par trois fois, les salariés ont été sollicités à l'effet de fournir des efforts supplémentaires pour la réparation du HF. C'est ce qu'ils avaient fait. Au titre de contrepartie, l'employeur s'était engagé à revoir leur situation salariale. Depuis, ils attendent toujours le respect de cet engagement. Les travailleurs savent être patients. Mais cela ne durera pas indéfiniment», a affirmé un des syndicalistes. Il faut savoir que l'arrêt pour une quelconque cause du HF, poumon de la production de l'acier, est synonyme d'arrêt de toutes les installations en amont et en aval de la production de l'acier. Le mois de mai écoulé, le Conseil de participation de l'Etat s'était exprimé sur l'opportunité du rachat en juin 2015 de la totalité des 70 actions du capital social de Ampta encore détenues par le partenaire étranger. Cette situation de marasme et de lendemains incertains échappe totalement aux membres du conseil syndical de l'entreprise muselés par le secrétaire général de l'Union de wilaya UGTA Annaba et serviteur zélé de Abdelmadjid Sidi Saïd, le patron de la centrale syndicale. Pour l'heure, c'est le pourrissement. La situation est d'autant plus explosive à l'écoute des informations ne prêtant pas à l'optimisme pour le géant mondial de l'acier. Il est utile de préciser que la chute du prix du minerai de fer, le renforcement du dollar et la concurrence des importations sur le marché américain ont fortement pénalisé les résultats d'ArcelorMittal au premier trimestre 2015. Il est même souligné que le groupe franco-indien du Luxembourg affronte, en ce début d'année, des «vents contraires». Ce qui aurait poussé ses dirigeants à réviser leurs objectifs annuels que, le mois de février écoulé, ils qualifiaient, pourtant de «prudents». Les mêmes informations révélées par différentes sources spécialisées avancent que le groupe a élargi la fourchette de son objectif d'excédent brut d'exploitation. Initialement situé de 6,5 et 7 milliards tel qu'annoncé en février 2015, cet excèdent est qualifié de négatif. Sur les trois premiers mois de l'année, le géant mondial de la sidérurgie a multiplié par 3,5 ses pertes, qu'il avait pourtant réduites il y a un an. Elles s'élèvent à 700 millions de dollars au terme du premier trimestre. Les ventes du groupe ont également connu une forte baisse de 13,5% à 17,1 milliards de dollars. Dans le lot des facteurs à l'origine de ce mauvais résultat, il y a celui que génère ArcelorMittal Algérie. Malgré les apports financiers consentis sans contrepartie par le gouvernement algérien, la machine de la production serait toujours à l'arrêt. Au complexe sidérurgique El Hadjar et à AMPTA qui dispose d'un plan de charge consistant avec la commande passée par un de ses plus importants clients. Rappelons que pour éviter la faillite du complexe sidérurgique d'El-Hadjar, le gouvernement avait décidé du rachat de 21% des parts d'action sur les 70% détenues par le groupe ArcelorMittal. L'objectif de la démarche est d'atteindre un niveau de production à même d'assurer une autosuffisance du marché national en matière de produits sidérurgiques. Le prêt de 140 millions d'euros accordé par la Banque extérieure d'Algérie pour augmenter les capacités de production n'aura, donc, servi à rien. Qu'en sera-t-il après le plan de redressement dont la 1re phase de lancement devrait coûter à l'Etat algérien 200 millions de dollars sur le milliard que compte investir l'Etat pour réhabiliter toutes les installations de production ?