Depuis plusieurs semaines et jusqu'à jeudi dernier, le complexe sidérurgique ArcelorMittal El-Hadjar ressemblait à une citadelle «assiégée» par les manœuvres de Aïssa Menadi, ex-syndicaliste, ex-salarié de la même société et ancien député. Il était aidé en cela par un groupe de personnes dont une trentaine de salariés que rien ne pouvait faire reculer. Bien que destinataires, chacun, d'une ordonnance judiciaire d'évacuation des lieux et d'interdiction d'y retourner, ils ont poussé à l'extrême leur mouvement. Mercredi dernier, ils ont occupé la salle d'appareillages du haut fourneau (HF) empêchant de fait sa préparation pour une remise en exploitation prévue le lendemain après 36 heures d'arrêt programmé. Jeudi dans la matinée, toutes les installations du complexe était à l'arrêt. Une situation synonyme de préjudice financier évalué à plusieurs centaines de milliers de dollars. Cette occupation aurait pu durer plus longtemps n'était l'arrivée vers 14h de Aïssa Menadi. Il était accompagné du député Tliba BahaEddine, celui-là même qui l'avait incité 48 heures aupravant à cesser sa grève de la faim. Selon des sources proches de la direction de l'HF et de représentants des travailleurs proches du conseil syndical, aussitôt mis en face de son groupe de partisans, Menadi les aurait invités à quitter les lieux. Pour les convaincre de le faire, il les aurait informés de l'abandon par l'employeur des poursuites judiciaires et la réintégration à leur poste de travail de ceux ayant été suspendus de leurs fonctions. Comme il leur a annoncé la dissolution de l'actuel conseil syndical et l'organisation dans les prochains jours d'élections syndicales anticipées. «Menadi achève son mouvement comme il l'a commencé depuis le 12 mai passé, c'est-à-dire avec la manipulation et le mensonge. Cette fois, il est allé trop fort, puisque tout va se vérifier dans les prochaines heures à savoir que les membres du conseil syndical ArcelorMittal légitimement élus sont toujours là. Que les poursuites judiciaires à l'encontre de 18 salariés et la mesure de licenciement prononcée à l'encontre de chacun d'eux sont maintenues et que 12 autres salariés seront traduits avec demande de licenciement devant le conseil de discipline pour fautes aggravées. Que Menadi n'aura plus aucune possibilité d'accéder à l'intérieur du complexe sans être aussitôt appréhendé comme un malfrat», a indiqué un des membres du bureau exécutif du conseil syndical. Sur le fond, ce syndicaliste rappelle ce qu'avaient confié Mourad Daïffalah et Abdelmadjid Bouraï, respectivement secrétaire général par intérim du syndicat et président du comité de participation à ArcelorMittal El Hadjar. «Il faut laisser la justice suivre son cours normalement en évitant de répondre à la provocation et en veillant à sauvegarder notre outil de travail. Menadi et ceux qui l'ont suivi dans la tentative de destabilisation auront à le regretter dans les prochains jours. Les arguments avancés par celui qui a été justement exclu des rangs de l'UGTA en 2009 et qui n'a plus rien à voir avec ArcelorMittal sont des couleuvres qu'il était impossible de faire avaler. L'on s'est même étonné de voir une toute petite minorité le suivre. Vérification faite, il s'est avéré qu'il s'agit d'agents perturbateurs qui continuent à croire au dicton populaire du temps de l'économie planifiée de regda oua tmengi», a estimé notre même interlocuteur. Il s'est exprimé dans la matinée d'hier, 24 heures après le départ des partisans de Ménadi, permettant de fait la reprise en mains de la salle d'appareillage du HF. Résultat : jeudi à 20h30, les premières coulées de fonte étaient réceptionnées par les aciéries. Elles se poursuivent toujours pour le bonheur des quelque 6 000 salariés et leur employeur. Dès lundi prochain, avec le retour des cadres dirigeants expatriés et des locaux, le niveau de production devrait dépasser toutes les prévisions pour «rattraper le retard perdu par le fait des perturbations causées par Menadi», ont affirmé plusieurs salariés et des syndicalistes. Alors que Menadi devrait s'assurer de la compétence des avocats qui auront à le défendre dans différentes affaires judiciaires, les syndicalistes fourbissent leurs armes à utiliser lors des prochaines négociations avec leur employeur. Il s'agira, entre autres, d'aborder des questions de mise en route du plan d'investissement portant réhabilitation des installations vétustes, organigramme et d'évolutions salariales, conditions de travail... En tout état de cause, dans le milieu des syndicalistes, il est aussi question de relever le défi de la hausse du niveau de production pour atteindre le 1,1 million de tonnes d'acier, objectif fixé pour 2012 par la direction générale.