Le 15 mars 2016, seront cités à la barre des accusés du tribunal correctionnel de Annaba 21 cadres et agents, dont deux femmes de la Société des eaux et assainissement de Annaba et Tarf (Seata). Ils sont accusés être les auteurs présumés ou complices du détournement de plus de 130 millions de dinars. Le préjudice financier a été commis au niveau de la recette de la Ménadia, une des structures les plus importantes de cette société en termes d'abonnés. Celle-ci a été dissoute deux années après la rupture du contrat de partenariat avec les Allemands de Gelsenwasser. De par l'implication de cadres dirigeants et des scandales qui caractérisaient la gestion de cette société, l'affaire avait fait grand bruit. Ce qui avait nécessité la réaction du ministère des Ressources en eau avec l'envoi de commissions interne et externe d'audit, mais pas que, au regard de l'intervention des éléments de la brigade économique et financière de la direction de la sûreté de wilaya. Au fil de leurs investigations sur le terrain, ces derniers allaient découvrir que le montant du détournement n'était rien comparativement à d'autres méfaits commis dans le cadre de la gestion de cette entreprise publique économique, à l'image de la dilapidation sous une forme ou une autre du patrimoine mobilier et immobilier de l'entreprise. L'on a cité pour la circonstance, le terrain situé dans l'enceinte du centre de distribution de Seraïdi, sur les hauteurs de Annaba qui a servi à un responsable de construire toute une bâtisse sans qu'il ne soit inquiété, et le paiement de salaires à des membres de la famille de l'un ou de l'autre des deux directeurs généraux qui s'étaient succédé dans la gestion de l'entreprise. Un des bénéficiaires de salaire mensuel mirobolant n'était autre que le rejeton du premier responsable de l'entreprise. Comme si cela ne suffisait pas à son rejeton qui ne fournissait pas une quelconque contrepartie, ce même responsable avait également réquisitionné à son intention une voiture de service avec carnets d'essence et entretien. Puis il y a eu cette découverte portant sur la disparition de 4 500 compteurs à eau importés (certains avaient été retrouvés chez des promoteurs immobiliers en Tunisie), l'affaire de la surfacturation de l'opération ravalement du centre de Mexa (Tarf) et l'octroi de diverses promotions à des postes de responsabilité pour des membres de la famille du DG par intérim sans niveau et sans une quelconque compétence. Des stocks vides de toute pièce de rechange, des voitures neuves finissant à la casse quelques mois seulement après leur mise en circulation, des milliards de DA en redevance pratiquement irrécupérables, des réseaux de distribution d'eau potable inefficients conséquences de travaux bâclés de sous-traitants surpayés et la liste est longue. Ces faits ont fait l'objet de procès-verbaux établis par trois experts. Ces derniers avaient investigué minutieusement la gestion des activités administratives, financières et techniques de l'entreprise de 2008 à 2012. Ces expertises avaient été ordonnées par le juge d'instruction chargé d'instruire le dossier de la Seata. C'était au lendemain de la découverte du détournement des 130 millions de DA. Selon nos sources, leurs conclusions confirment le bien-fondé des actes délictuels commis à la Ménadia, au siège de la direction générale et au niveau des unités de Annaba et Tarf. Cependant, l'enquête relative à la gestion des activités de la Seata semble avoir été suspendue. Et pourtant, auditeurs comme experts sont arrivés aux mêmes conclusions confirmant toute la mauvaise gestion de l'entreprise au lendemain du départ des Allemands. L'autre fait dont on ne parle plus porte sur la gestion du fonds des œuvres sociales. Des milliards y sont annuellement versés pour le compte des travailleurs dans le cadre de différentes activités socioprofessionnelles.