Le professeur et sociologue, Mohamed Taïbi, est intervenu, jeudi à Alger, lors d'une conférence-débat sous le thème : «Et si l'Emir Abdelkader revenait» organisée au lycée international Alexandre Dumas, devant un auditoire composé de lycéens. La conférence, organisée par les enseignants de langue arabe du LIAD en collaboration avec la Fondation Emir Abdelkader, n'a pas manqué de susciter l'intérêt des élèves qui, soucieux d'en apprendre davantage sur cette figure d'exception de l'histoire de l'Algérie, n'ont pas manqué de poser des questions pertinentes auxquelles le professeur Mohamed Taïbi s'est réjoui de répondre. L'intervenant a, à cet effet, mis en avant les différents aspects qui ont façonné cette personnalité exceptionnelle depuis son jeune âge, jusqu'à ses voyages et ses combats. Pour le conférencier, l'Emir Abdelkader était un homme de génie, certainement une des plus grandes figures de son époque : «il aimait la poésie, il vivait son temps avec bonheur», dira M. Taïbi. Il a, également, indiqué que l'Emir Abdelkader s'est engagé corps et âme dans la lutte contre le colonisateur français et il avait le pouvoir d'unir les Algériens : «Il était le leader de la résistance populaire, il s'est initié au sport et à l'art de la guerre, dès l'âge de 17 ans», a-t-il, souligné, précisant, aussi qu'il se battait pour la liberté de son pays : «il a défendu la dignité de son pays, il a imposé l'identité de son pays contre la France ...il restera vivant et son ombre ne quittera jamais la conscience des Algériens», a-t-il encore souligné. M. Taïbi a, en outre, fait savoir que l'Emir sacralisait la lecture, tout en se passionnant pour la poésie : «Il était un livre ouvert jusqu'à la fin de sa vie». «Il était un cas exceptionnel dans l'ijtihad et le jihad». Evoquant la vie spirituelle de l'Emir Abdelkader, le conférencier a estimé que ce personnage historique a consacré tout son temps à la méditation, à la prière et à l'enseignement d'autant qu'il était issu d'une famille soufie : «Il a voyagé avec son père Mahieddine jusqu'en Orient mais le voyage qui l'a le plus marqué, c'est celui qui l'a mené à Bagdad», a-t-il ajouté. Il a notamment souligné qu'en raison de son courage et de sa bravoure, il avait une vision qui n'excluait pas l'avenir de son pays : «Il était ouvert à tout le monde, il n'avait jamais l'esprit de refus envers les autres, d'ailleurs, il n'a jamais évité le débat avec ceux qui ne partagent pas sa foi même après la guerre», a tenu à préciser le conférencier. Parlant de ses positions, M. Taïbi a précisé, encore, que ce génie de l'histoire algérienne qu'était l'Emir Abdelkader, était un cas exceptionnel dans l'ijtihad et le jihad : «C'était un vrai combattant, il voulait à tout prix atténuer les souffrances des Algériens : «l'Emir était un messager et c'est lui qui a lancé l'idée du partage de civilisation humaine», a-t-il dit. En conclusion M.Taïbi a déploré l'absence de recherches scientifiques sur l'Emir Abdelkader, ainsi que dans les établissements scolaires. Pour sa part, Zouhour Boutaleb, secrétaire générale de la Fondation Emir Abdelkader a indiqué dans son intervention que ce personnage historique était le fondateur du dialogue inter-religieux et le précurseur des droits humanitaires, ajoutant que l'Emir a toujours combattu le colonisateur, les armes à la main et la générosité au cœur : «Il était un homme de parole. Son jihad asghar, c'était de combattre le colonisateur français et son jihad Akbar c'était, également son inspiration pour la science et la religion», a-t-elle précisé, encore. De son côté, l'archevêque d'Alger, Monseigneur Henri Teissier, a ajouté lors de cette rencontre que l'Emir Abdelkader était concerné par la recherche d'un dialogue islamo-chrétien, rappelant qu'il a rencontré les Chrétiens arabes en passant par le Caire, lors de son pèlerinage à la Mecque. Il évoquera aussi le contenu des lettres de l'Emir adressées aux Chrétiens (à Mgr. Dupuch 1841) et à Mgr Pavy (Evêque d'Alger, 1862).