Ils sont sept, garçons et filles, la maîtresse de cérémonie est Djahida Houadef, l'égérie, Fella Kheliff de l'association «Musaika» pour un deuxième évènement lié aux arts en général. Au programme, une belle exposition, un soutien des jeunes talents qui montent et au résultat une très belle exposition de peinture qui a débuté le 6 février dernier pour se poursuivre jusqu'au 6 mars 2016 « Art propos » organisé avec les énergies motrices de l'association « Musaika », les murs de l'Espace España et l'Ambassade d'Espagne reflète un besoin de monstration et une mise en place de nouvelles approches de l'Art contemporain, le tout est de dénicher des jeunes talents, et de les présenter au public dans un lieu adéquat, potable, accueillant où la mise en évidence de valeurs esthétiques, l'humanisme et l'engagement dans des expressions novatrices, qui sortent de l'ordinaire et portent dans les techniques artistiques, les images d'un monde contemporain avec tous ses particularismes. La commissaire, Djahida Houadef, plasticienne à la longue route entre céramique dans tous ses états et exploration diverses dans le monde de la peinture, a fait le vœu de choisir sept artistes connus pour leurs qualités artistiques, leurs engagements divers et l'originalité de leur travaux. C'est donc à une très belle exposition à laquelle nous avons assisté dans les notes contemporaines et écritures diverses de Athmane Allalou, enfant d'Alger, céramiste, calligraphe, diplômé de l'Esba et récipiendaire du prix du président de la République en jeune création, durant l'année 2008. Il participe à plusieurs workshops en Espagne et en Tchéquie pour les techniques d'estampes. Il nous propose au regard une œuvre ancrée sur les écritures méditerranéennes, des bleus subtils et des formes libres portées par une inspiration écrite, en compositions dynamiques qui ne laissent point indifférents sur des notes aux tonalités bien équilibrées, talentueux et fin, Athmane Allalou, l'humanisme en bandoulière laisse au public une délicate impression de sérénité. Tout le contraire de son pendant « obscur » Abdeljallil Maâchou qui revient sur la scène avec des scènes de guerre inscrites dans de grands formats laqués des noirs les plus étonnants pour ce personnage à la discrétion et à la timidité légendaire, né à Munich et diplômé de l'Esba en option peinture et stagiaire à l'école des Beaux-arts d'Aix en Provence qui fera au passage ses armes comme archiviste au musée national des Beaux-arts d'Alger, il réalise plusieurs expositions en hommage à feu Ahmed Asselah, l'exposition « l'Art et la révolution » au Mnba, en 2007 avec quelques présences collectives discrètes ici et là. Il nous revient pour cette fois avec ses « guerres intérieures » sublimées dans des scènes de requins voraces symboles sans doute de la prédation humaine avec des notes peintes qui « dénotent » et c'est la cas de le dire avec l'habituelle expression de ce charmant garçon plus porté sur les pastels colorés et les introspections entamées sur l'élément aquatique représenté par les dauphins, poisons et autres éléments marins qui constituent son inspiration du moment. Qu'à cela ne tienne, ses travaux ont attirés le public dans une fascination provoquée par ses travaux originaux à vrai-dire. Plus ésotérique, Selma Dahman est une plasticienne atypique dans cet aréopage de diplômés de l'école supérieure des Beaux-arts d'Alger en majorité, elle est biologiste et maîtrise son regard artistique en autonomie complète. Le dessin et la peinture sont ses viatiques pour l'imaginaire fécond, la rêverie et la contemplation dans des valeurs abstractives ou les formes pleines et déliées avec un choix de couleurs limitées laissent la porte ouverte à toutes les interactions avec le public, à suivre de près pour cette jeune artiste tonique. Dans un élan plus réflexif, Mohamed Boucetta, le diplômé de l'Enba d'Azazga en 2013, revient avec une série d'expositions collectives entamées à Boumerdes, Béjaïa, Djelfa, Alger ou Tlemcen. Il nous propose ici des œuvres composées dans un univers un peu sombre, aux mystères avérés mais jamais solutionnés, la clé est dans la lecture de certaines allures flamboyantes qui entre couleurs froides et couleurs chaudes laissent le champ ouvert à toutes les analyses. Des éléments graphiques qui dans ses compositions tortueuses et enchevêtrées partage quelque part avec lui le plasticien Djamel Talbi qui est de la ville des genêts, tout en ayant été diplômé de l'Enba de Mostaganem qui s'est enrichi dans plusieurs expositions individuelles et collectives entre Tizi-Ouzou et Mostaganem en passant par Sidi Bel-Abbès, Tipasa, Bordj Bou Arréridj...et le Festival Panafricain dans lequel il réalise des sculptures avec le chef décorateur J. Gassouma pour le spectacle de Kamel Ouali et par la suite, des décors pour le film « Zabana » avec feu Mustapha Tigroudja, « La caverne et l'œuf du monde » sera une œuvre installation qu'il réalisera en 2014 à l'Institut français d'Alger en 2014. Ce personnage aussi discret que talentueux possède une palette colorée qui ne laisse point indifférent par les différentes techniques qu'il maitrise, entre sculpture et compositions abstraites bien menées, il mérite les encouragements les plus chaleureux. Dans un style quelque peu différent, Ali Grid laisse un peu d'art moderne dans les regards, ce plasticien travaille comme conseiller culturel au Palais des Raïs, il est un habitué de la chose culturelle en pratiquant aussi la photographie et la sculpture, enfant de Tébessa, Ali Grid à l'affabilité notoire est diplômé de l'Ecole régionale de Constantine et de l'Esba avec un parcours étoffé par des présences collectives entre 1990 et 2013 réalisées entre Alger, Tamanrasset ou Biskra, il est en individuel à Blida en 2011 mais bouge un peu partout pour montrer son art construit dans des épais empattements aux traits virevoltant qui laissent place à des compositions ouatées, dessinées dans la douceur et le recueillement, ses œuvres aux couleurs acidulées laissent une sensation de chaleur dans les formes dessinées et enchaînées naturellement dans le talent le plus absolu, Ali Grid fidèle à lui-même laisse une sensation de fraicheur à ceux qui le regardent de près...Mejda Ben, est une plasticienne issue du milieu de la psychologie, les enfants amoureux de couleurs la connaissent par l'entremise de nombreux ateliers qu'elle met en place entre Fibda ou autres manifestations mise au service de enfants. Elle expose avec les femmes artistes en Méditerranée, et en Espagne pour la Fiarte, et en Belgique. Elle manie un art inspiré du « Pattern Painting », Mejda Ben au sourire permanent est diplômée de psychologie clinique, et de l'Esba d'Alger en option « Art et science de l'art ». Elle nous propose, pour cette fois, une œuvre qui entre les allures un peu Manga et Pop Art quelques travaux originaux qui s'inscrivent dans des postures artistiques contemporaines inédites, un regard subtil, intéressant à découvrir, Mejda Benchabane trace tranquillement sa route esthétique dans de nombreuses expérimentations captivantes, colorées, bien réalisées, une exposition individuelle finira sans nul doute de nous donner le ton d'une imagination féconde dont elle se fait la garante, à voir donc à tout prix. Voilà donc une palette d'artistes complets, engagés, expérimentés encore en vue et à apprécier jusqu'au 6 mars prochain à l'espace España, Institut Cervantès. «Art propos», avec Athmane Allalou, Abdejalil Maachou, Selma Dahman, Mejda Ben, Djamel Talbi, Mohamed Boucetta, Ali Grid. Exposition visible du 6 février au 6 mars 2016, à l'Espace Espana de l'Instituto Cervantes, 9 rue Khelifa Boukhalfa, Alger.