Sept artistes algériens de divers profils et sensibilités exposent aujourd'hui, à partir de 16h, dans l'exposition «Art propos» à l'espace España de l'Institut Cervantès d'Alger. Organisée avec l'ambassade d'Espagne et l'Institut Cervantès, l'expo est dirigée par l'artiste plasticienne Djahida Houadef (qui en est le commissaire) avec la collaboration active de l'association Musaika. A travers les trois espaces mis à la disposition des artistes, le regard est attiré par la diversité des expressions. Athman Allalou propose des compositions colorées où la calligraphie arabe se plie aux fantaisies de l'artiste. Formé aux métiers d'art (gravure et mosaïque), dans la suite d'une formation à l'Ecole des beaux-arts d'Alger, son travail dénote un souci du détail et de l'harmonie des proportions et couleurs. Dans un tout autre genre, Abdeldjalil Machou dévoile une peinture audacieuse qui explore le côté sombre, au propre comme au figuré, de l'inspiration. Dans ses grands tableaux semi-figuratifs, des formes incertaines et terribles (avions de chasse, requins…) se détachent d'un obscur magma et déboulent vers vous sans crier gare, comme sortant d'un cauchemar. Et si la véritable audace consistait à explorer les tréfonds de ses rêves sans se soucier des modes artistiques et des lectures «sociétales» de l'œuvre ? C'est ce que semble affirmer calmement l'artiste qui construit patiemment son œuvre très personnelle sans jouir de la visibilité qu'elle mérite. «Le manque de visibilité est précisément ce qui nous a décidé à organiser cette exposition, assure Djahida Houadef. Beaucoup d'artistes ont un énorme potentiel, mais sont marginalisés au profit de quelques noms qu'on voit systématiquement». «Art propos» se propose donc d'apporter de nouvelles couleurs à la palette de ce qu'il est convenu d'appeler la scène picturale algérienne. En matière de couleurs, Medjda Benchaâbane apporte une touche chamarrée avec ses compositions de joyeux personnages et de motifs tirés du patrimoine algérien. Inspirée de la technique du «zentangle», en vogue internationale via internet, elle introduit les motifs puisés des cultures méditerranéenne, berbère et arabo-musulmane. Par ailleurs, psychologue de formation, elle n'a pas fini d'explorer les possibilités de l'expression. Djamel Talbi, dont l'œuvre est déjà largement exposée à travers le pays, propose pour sa part une peinture instinctive foncièrement abstraite. Sa palette gravitant autour du gris fait l'originalité d'une œuvre ouverte à toutes les interprétations. Du côté du plasticien Ali Grid, également responsable de la programmation au palais des Raïs, la palette est plutôt ensoleillée, méditerranéenne, tandis que ses formes stylisées nous plongent dans une ambiance marine. Fraîchement diplômé de l'Ecole des beaux-arts d'Alger (2013), Mohamed Boucetta affiche pour sa part une certaine maîtrise technique avec des œuvres allant des paysages typiques, réalisés par petites touches de couleurs, aux portraits oniriques de visages sublimés. Enfin, pour boucler le septuor d'Art propos, la jeune Selma Dahman fait office de «petite nouvelle». Djahida Houadef, qui fut son enseignante au lycée, lui offre ainsi l'occasion de faire son baptême d'exposition. A découvrir sept artistes qui ne manquent pas d'à-propos… Institut Cervantès d'Alger, Espace España. 10, rue Ali Azil. Jusqu'à fin février.