La Libye devenue l'eldorado de Daech. Cette organisation terroriste s'est installée dans un pays où la situation politique, sécuritaire, et économique ne cesse de se dégrader depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi. Cette implantation inquiète les Occidentaux, qui, selon la Cour internationale, s'apprêtent à une éventuelle intervention militaire. Cela fait des mois que les discours aux pays occidentaux évoquent cette intervention et dernièrement le sujet persiste, ce qui inquiète les deux pays voisins, l'Algérie et la Tunisie, qui contestent totalement la possibilité de cette opération militaire, favorisant le dialogue politique. La question a été soulevée, hier à Alger, en marge de la visite du ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, qui s'est entretenu avec le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, Abdelkader Messahel. «Les deux parties sont d'accord sur la nécessité de privilégier la solution politique tout en amenant les frères libyens à trouver une solution», a précisé le chef de la diplomatie tunisienne. Khemaies Jhinaoui a mis en exergue la convergence des positions et analyses tunisiennes et algériennes. «L'Algérie, la Tunisie et tous les pays voisins convergent vers ce même objectif», a-t-il approuvé, en parlant de l'opposition des parties à une éventuelle intervention militaire en Libye. «Nous voulons que les frères libyens optent au plus vite pour cette solution (politique)», a précisé le ministre tunisien, selon qui, une fois cette solution adoptée par le Parlement de Tobrouk, les institutions devront siéger à Tripoli. «Nous insistons sur l'unité et l'intégrité territoriale de ce pays», a insisté le même responsable. Réunion prochaine à Tunis Pour sa part, Abdelkader Messahel, lors de son entretien avec le chef de diplomatie tunisienne, a annoncé que les pays voisins de la Libye devraient se réunir pour examiner les moyens d'un règlement politique dans ce pays. «Les pays voisins de la Libye devraient se réunir prochainement à Tunis pour coordonner leurs efforts sur le dossier libyen», a précisé Messahel. «Les pays voisins de la Libye restent attachés à l'unité et la stabilité de ce pays frère et un consensus international sur les solutions politiques proposé», a ajouté le même ministre, notant qu'il a abordé avec le responsable tunisien la problématique sur la situation sécuritaire dans la région notamment en Libye, notant une convergence de vues sur la nécessité d'un règlement de la crise dans ce pays à travers l'«installation au plus vite d'un gouvernement d'union nationale qui siègera à Tripoli et aura de larges prérogatives pour remettre de l'ordre dans ce pays». Cependant le refus catégorique de toute sorte d'intervention militaire en Libye a été exprimé par la Tunisie, récemment, par son président de la République Bédji Caïd Essebsi qui s'est adressé aux délégations diplomatiques lors d'une cérémonie au Palais de Carthage, en leur demandant de ne pas penser uniquement à leurs propres intérêts et mettre ceux de la Tunisie en considération. L'Algérie l'avait fait bien avant, en février de l'année dernière, lors d'une conférence de presse conjointe avec le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères et du Commonwealth, Philip Hammond, le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra avait déclaré «nous ne croyons pas à la solution militaire». Le chef de diplomatie algérienne avait précisé que le gouvernement ne croit pas «que le fait de nourrir l'escalade par la fourniture d'armement ou par des mesures de ce genre serait de nature à favoriser le nécessaire apaisement des cœurs et des esprits afin d'aller vers la solution consensuelle que nous appelons de tout le temps», avait-il précisé. Par ailleurs, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, a affirmé, samedi, que sa visite en Algérie s'inscrivait dans le cadre de la coordination et de la concertation entre les deux pays autour des questions bilatérales. Il a, notamment, annoncé qu'il portait un message au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, de la part de son homologue tunisien.